La crise sanitaire a illustré tout l’intérêt de l’association des maires de la Côte-d’Or (AMCO), puisque ce fut, avec la métropole, le Département, la Région, l’un des interlocuteurs privilégiés de l’État. Alors que des enjeux majeurs sont d’actualité – citons entre autres la crise économique et la transition écologique –, l’AMCO continue d’être sur tous les fronts. Son président, Ludovic Rochette, répond à nos questions…
Dijon l’Hebdo : Comme le président de l’AMF, David Lisnard, n’a de cesse de le répéter, les collectivités sont au cœur de la relance. Et avec la crise économique, l’État devrait les solliciter encore plus…
Ludovic Rochette : « Lorsqu’il a fallu redresser les comptes publics, on a demandé aux collectivités des efforts qui, d’ailleurs, étaient proportionnellement supérieurs à la part qu’elles représentaient dans l’endettement national. Nous voyons aujourd’hui le rôle fondamental des collectivités dans la relance. Le plan de relance de l’État s’est appuyé sur les entreprises mais aussi sur les collectivités locales. La question essentielle est de savoir comment les collectivités vont maintenir leurs hauts niveaux d’investissement. Cela nécessite des négociations avec l’État pour qu’elles conservent leurs moyens. Autrement dit l’enjeu du mandat réside dans les relations avec l’État. Je vois un point positif actuellement : la nomination du maire d’Angers, Christophe Béchu, ministre délégué aux collectivités territoriales. Celui-ci a connu toutes les collectivités. C’est sûrement la bonne personne pour entamer ces nouvelles relations car nous sommes à un moment charnière ».
DLH : Alors que les maires et les communes sont revenus en odeur de sainteté (républicaine s’entend) avec le Covid, rien ne semble arrêter l’abstention. Comment redonner du sens à la démocratie ?
L. R : « Les hautes instances ont redécouvert les maires pendant la période des gilets jaunes et les communes durant la Covid. Autrement dit, elles ont redécouvert la proximité. Si on veut retrouver une confiance entre ce que l’on appelle le politique et les citoyens, cela passe par la proximité. Le fait de consulter la population, la commune fait cela en permanence. D’ailleurs, la démocratie participative est par essence un pléonasme. La démocratie doit permettre à chacun de participer. Beaucoup de choses sont à prendre en exemple dans les communes : ce lien avec la population, cette part incroyable de dévouement et de bénévolat, cette capacité à trouver des solutions innovantes, à s’adapter à des difficultés. L’épisode des masques a montré qu’heureusement nous avions 35 000 leviers et des capacités d’imagination. Mais je répète qu’il faut qu’il y ait des relations renouvelées avec l’État. Je suis assez optimiste pour que cela se fasse, parce que la France de 2022 est complètement différente de celle d’avant 2020. La proximité représente l’une des solutions à la crise démocratique ! »
DLH : Si bien que l’AMCO n’a de cesse de peser davantage ?
L. R : « L’AMCO représente une structure de dialogue. Où peut-on discuter entre les territoires ? Dans notre association, on est maire de la métropole, du Châtillonnais… Chacun a sa place et nous travaillons avec cette volonté de continuer ce dialogue. Il serait tout de même très inquiétant que chacun considère son territoire comme un bocal avec son poisson rouge. Ce qui se passe sur un territoire a une influence sur les autres. L’association des maires est aujourd’hui reconnue et a toute sa place dans le dialogue avec l’État au niveau national. Le président David Lisnard m’a confié une mission sur le devenir des ZRR (Zones de revitalisation rurales). D’ailleurs, les représentants ne s’y sont pas trompés : durant la crise sanitaire, nous avons été l’un des interlocuteurs privilégiés… Avec la crise ukrainienne pour l’accueil des réfugiés, le préfet s’est aussi tourné vers l’AMCO ».
Propos recueillis par Camille Gablo