Candide ou l’optimisme

La Bible, cher lecteur, nous enseigne qu’Adam et Ève, nos parents primitifs, ont d’une certaine manière essuyé les plâtres du paradis. Je me demande – mais là n’est pas la question aujourd’hui – si les saintes Écritures étaient inclusives et dans le doute, tu voudras bien lire Ève et Adam. Ce que chacun sait, c’est qu’un reptile pervers serait venu troubler le bonheur innocent des amants originels.

D’après une source proche de l’enquête, – c’est ainsi que la presse désigne les balances – ce reptile serait un saurien et plus précisément un caïman. Il était donc tout naturel de le voir devenir l’animal emblématique du paradis terrestre. Ce que l’on sait moins – et toujours d’une source proche …- c’est que le Déluge a non seulement épargné le mont Ararat, mais aussi le paradis qui devint du fait de la montée des eaux, un archipel plus connu aujourd’hui sous le nom d’Îles Caïmans. Il n’est donc pas étonnant que divers reptiles plus ou moins cousins du serpent monétaire européen aient élu villégiature dans ces îlots paradisiaques, modeste terre de leur ancêtre. Au premier rang d’entre eux figurent les crocodiles de la finance particulièrement friands d’eaux troubles et de marécages tropicaux : d’ailleurs, leur résidence principale n’est-elle pas dans le quartier du Marais ?

Tu vois, cher lecteur, rien de plus normal, foin de l’éthique ou de la loi : il s’agit d’un héritage, d’un atavisme, c’est une affaire de sang froid. Ainsi, en supposant que tu vives dans quelque enfer fiscal ou dans quelque purgatoire pour contribuables, c’est parce que tu ne descends pas d’un saurien. Et pour te consoler, le jour de ton anniversaire, fais-toi offrir un pull Lacoste et des chaussures en croco, ce serait un début d’optimisation…

Alceste