Patrick Jacquier : Chapeau l’artiste !

Après trois décennies à œuvrer pour sa profession, Patrick Jacquier vient d’annoncer qu’il ne se représentera pas à un nouveau mandat de président de l’UMIH Côte-d’Or. Une (belle) page se tourne…

Du grand art… Telle est la formule qui pourrait résumer le parcours de Patrick Jacquier à la tête de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie de Côte-d’Or. Même si celle-ci peut apparaître bien lapidaire tant sa mobilisation pour ses collègues restaurateurs, hôteliers, propriétaires de bars et de discothèques fut son quotidien durant ses 16 dernières années. Nous pourrions même remonter plus avant l’échelle du temps puisque, avant de succéder à Jean-Paul Durand en 2008 à la tête de l’UMIH Côte-d’Or, il présidait déjà depuis 1994 les hôteliers de chaîne.

À la dernière assemblée générale de son organisation professionnelle le 10 avril au sein de l’École des métiers Dijon Métropole, afin de montrer à quel point les apprentis d’aujourd’hui peuvent devenir les grands professionnels de demain, dans un secteur où, comme il l’a précisé, « l’escalier social existe », Patrick Jacquier a annoncé qu’il ne se représentait pas.

Avant de quitter la scène, le patron du Grand Hôtel La Cloche, l’établissement emblématique de Dijon – le seul 5 étoiles au demeurant de la cité des Ducs –, qu’il a su métamorphoser (selon le terme local par excellence depuis la transformation du musée des Beaux-Arts) n’a pas manqué de remercier toutes celles et tous ceux qui l’ont accompagné dans cette belle aventure : le bureau de l’UMIH et notamment son vice-président général Lionnel Petitcolas (à la tribune à ses côtés, augurant, qui sait, d’un passage de flambeau ?), sa secrétaire générale, Isabelle Grandin « fidèle à mes côtés depuis 28 ans », l’ensemble des membres du conseil d’administration…

Tout en regrettant que « le gouvernement n’ait toujours pas reconnu ce secteur comme étant en tension, alors que les chiffres démontrent bien que pratiquement tous les professionnels recherchent de la main d’œuvre », Patrick Jacquier a expliqué « quel était le combat actuel » : « La revalorisation de nos filières est indispensable car beaucoup de nos salariés sont partis vers d’autres horizons. Nos métiers sont variés, passionnants, porteurs d’avenir, sans délocalisation d’entreprise, sans chômage mais il nous faut aller de l’avant, nous réinventer… »

« L’union fait la force »

Et de formuler des pistes : « Le salaire n’est plus l’unique question, le travail en coupure s’avère une réelle contrainte et nous devons tenter de la résoudre. Le logement est aussi un frein à l’embauche, il nous faut pouvoir désormais loger notre personnel, et la multiplication des logements Airbnb représente un frein au logement de nos salariés… »

Patrick Jacquier a également abordé la conjoncture : « En Côte-d’Or, le nombre de nuitées dans les hôtels en 2023 est de 2 551 825 nuitées, soit +1% par rapport à l’année 2022. me si l’on peut déplorer beaucoup de redressements et de liquidations judiciaires, notre secteur d’activité semble bénéficier d’une reprise économique, après avoir vécu les années Covid ». Une crise sanitaire, qui s’est apparentée, avec les fermetures des établissements (une première durant toute sa carrière), à un tsunami…

Durant cette période, cette véritable plongée dans un nouveau monde, le président s’est démultiplié pour que tous ses adhérents puissent sortir la tête de l’eau. Et, ce grâce au pilier de l’UMIH, comme il l’a rappelé lors de cette assemblée générale : « L’union fait la force et c’est ce que défend l’UMIH. Tout seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin ! ».

Le 29 avril prochain, la nouvelle équipe dirigeante de l’UMIH sera installée : « Je ne doute pas que ceux qui me succéderont continueront de diriger avec bienveillance notre organisation professionnelle et ses 600 adhérents. Quant à moi, je vais enfin avoir du temps à consacrer à ma vie… » Sa vie « professionnelle », comme l’a glissé le patron du groupe Hôtel Bourgogne Qualité qui ne compte pas moins de 16 établissements dont Le Central – là où tout a commencé pour la famille Jacquier dans les années 20 –, La Cloche mais également le Mama Shelter qui a ouvert l’été dernier.

Des lieux pas comme les autres où ce grand admirateur de Ming a pu conjuguer ses deux passions : l’hôtellerie et l’art. Ainsi les œuvres de Richard Orlinski dont son ours marchant qui n’est pas sans rappeler celui de François Pompon érigé au parc Darcy voisin, magnifient-elles son Hôtel La Cloche… Pour ne citer qu’elles ! Vous comprenez mieux pourquoi maintenant la première touche (artistique) à cet article…

Xavier Grizot