Premier vice-président de Dijon Métropole et à la tête de la SPLAAD (Société Publique Locale « Aménagement de l’Agglomération Dijonnaise »), Pierre Pribetich détaille les grandes lignes de la politique d’aménagement urbain. Et ce, afin de faire de la Métropole un territoire durable exemplaire. Entre autres…
En matière d’habitat durable, la métropole dijonnaise multiplie les actions pour avoir un véritable temps d’avance…
« La Métropole souhaite, en effet, prendre plus qu’un temps d’avance, notamment par rapport au changement climatique. Nous voulons à la fois préparer la ville de demain et anticiper les variations et l’amplitude des températures avec une volonté de réguler l’air ambiant avec une qualité d’usage des bâtiments. Cela entraîne une stratégie basée sur plusieurs points. Pour ce qui concerne le neuf, notre idée est d’accompagner la construction de demain avec des éco-matériaux, en utilisant du bois ou d’autres matériaux relevant de l’éco-construction pour nous permettre d’avoir des bâtiments passifs, voire actifs, c’est à dire produisant de l’énergie.
Les opérations sur la ZAC de Sennecey-lès-Dijon ou encore « Belles Houses » sur Arsenal, qui correspondent aux souhaits de nos concitoyens d’avoir une typologie de maison individuelle avec une structure bois ou des matériaux recyclés comme des containers maritimes, l’illustrent parfaitement. Au-delà, pour le neuf, c’est aussi la volonté de construire en hauteur. La tour Elithis relève de ce champ de stratégie, avec une déclinaison concernant la qualité de l’air et d’usage du bâtiment mais aussi la régulation thermique ».
La question de la rénovation thermique de l’ancien est également primordiale ?
« L’ancien est concerné avec un triple programme. Dans les cadres des aides de réhabilitation, la Métropole accompagne la rénovation des maisons individuelles et des appartements afin de les emmener vers de plus hauts labels. Il en va de même pour les copropriétés : que ce soit sur la Fontaine d’Ouche, sur Chenôve ou bien d’autres quartiers de la ville de Dijon ou de Talant, nous avons déjà mis en place un process permettant de transformer les copropriétés et les amener vers le développement durable. Troisième élément, la stratégie européenne avec le programme RESPONSE qui vise à conférer à des bâtiments existants une qualité énergétique et climatique excellente pour qu’ils produisent de l’énergie. En la stockant sur des batteries, associées à des capteurs solaires, cela permettra à la fois d’apporter de l’énergie pour la consommation des bâtiments mais aussi de recharger une flotte de véhicules électriques ».
Quid de la végétalisation dans cette stratégie ?
« La stratégie d’aménagement des bâtiments qui respecte les principes de durabilité et d’éco-construction mais aussi des quartiers a pour objectif de faire évoluer notre ville, au sens large du terme, c’est à dire les 23 communes de la Métropole, vers la ville de demain. Dans cette stratégie est incluse la lutte contre les îlots de chaleur avec la volonté de densifier de façon heureuse la ville pour permettre la végétalisation – je rappelle que nous avons mis en place un permis de végétaliser. C’est une stratégie pensée, coordonnée qui a un seul objectif : permettre l’installation et la promotion de la ville de demain, avec la volonté de compenser les dérives climatiques que nous avons connues par exemple cet été ».
La reconstruction de la ville sur elle-même a, comme corollaire, de protéger les terres agricoles…
« Après 22 ans d’action de l’équipe municipale de François Rebsamen, un chiffre est on ne peut plus illustrant : nous avons construit 18 000 logements sur uniquement la ville de Dijon alors que nous n’avons consommé en extension que la surface de 4 terrains de football ! Je mets cette consommation au regard de ce qui avait été fait par les équipes précédentes. Juste pour la partie Toison d’Or, la consommation de terrains s’élevait à 243 hectares. Les équipes autour du maire François Rebsamen apportent du logement, apportent la ville de demain mais permettent aussi à des quartiers qui devaient être urbanisés comme le plateau de la Cras de bénéficier d’une valorisation agricole.
Cela ne nous empêche pas d’avoir une stratégie tournée vers l’offre de logements pour garantir la première dignité humaine – se loger – en fonction à la fois de la typologie de la structure familiale mais aussi des personnes qui, bien souvent, travaillent dans la métropole. Cette stratégie doit nous permettre à terme de diminuer les flux intérieurs et extérieurs qui apparaissent de plus en plus. Plus de 37 000 personnes sont des pendulaires avec la métropole, ce qui est très conséquent dans la population active. Nous devons aussi apporter des solutions pour diminuer ces flux et enclencher la coordination avec les mobilités actives qui représentent un autre élément d’aménagement ».
Comment faites-vous pour garantir les parcours résidentiels ?
« Dans le PLUI-HD – et c’est une de ses forces –, nous avons acté la clef de répartition suivante : 50% dédié à l’accompagnement pour permettre, à la fois, du locatif à loyer modéré (25%) et de l’accession abordable à la propriété (25%) et 50% de privé. Cela correspond aux attentes et cela permettra à la métropole capitale régionale de pouvoir assumer son rôle dans une accélération de la centralité régionale, au moment où de plus en plus d’entreprises souhaitent s’installer dans cette capitale de la grande région Bourgogne Franche-Comté »
Propos recueillis par Camille Gablo