Économies d’énergie : La bonne RESPONSE

A Turku en Finlande, autre « ville phare » choisie par la Commission européenne, le projet RESPONSE révolutionnera un quartier universitaire. Dijon métropole a, quant à elle, choisi la Fontaine d’Ouche, un quartier Politique de la Ville… Un état des lieux de la plus importante opération d’autoconsommation énergétique collective vient d’être effectué à l’école Buffon. Pleins feux sur cette première à l’échelle nationale… et européenne !

Severodonetks (Ukraine – nous débutons par cette ville afin de rendre un hommage appuyé à la population ukrainienne qui subit actuellement l’assaut des troupes russes !), Bruxelles (Belgique), Saragosse (Espagne), Botosani (Roumanie), Eordaia (Grèce), Gabrovo (Bulgarie)… telle est la liste des villes dites « suiveuses » du projet RESPONSE piloté à la fois par Dijon et Turku (Finlande), qualifiées de « villes phares », le projet exemplaire en matière de transition énergétique soutenu par l’Union européenne. C’est dire si à l’échelle du Vieux Continent la capitale de la Bourgogne Franche-Comté éclaire, dans le domaine de la transition écologique, le Vieux Continent. L’objectif étant, en s’inspirant de l’exemple dijonnais et finlandais, de faire émerger, à l’horizon 2040, des villes à énergie positive un peu partout en Europe.
Entamé en 2020 et devant aboutir en 2025 sur le quartier Politique de la Ville de la Fontaine d’Ouche, RESPONSE (un acronyme signifiant, rappelons-le, integRatEd Solutions for POsitive eNergy and reSilient citiEs) représente « la plus importante opération d’autoconsommation collective énergétique de France ». Une dimension de taille qui fut répétée lors du point sur l’état d’avancement du projet – notamment auprès de la presse nationale – réalisé par le président de Dijon Métropole, François Rebsamen, le 20 octobre dernier au sein de l’école Buffon. Avec à ses côtés la coordinatrice du projet à Turku Sini Lamoureux, le délégué régional d’EDF Yves Chevignon ainsi que le directeur régional d’Enedis Robert Poggi, mais aussi en présence de nombre de représentants des villes suiveuses, si bien que l’école Buffon avait, ce jour-là, une véritable stature européenne !

Le symbole était ainsi fort à plusieurs titres : faire du quartier Politique de la Ville de la Fontaine d’Ouche un exemple à l’échelle européenne n’est pas pour déplaire au maire de Dijon, qui, rappelons-le, y a débuté sa carrière politique (il fut en effet élu conseiller général face à l’un des fidèles adjoints de Robert Poujade sur ce quartier trois ans avant sa première victoire aux municipales à Dijon en 2001).

« Pour et avec les habitants »

Un quartier qui, comme il l’a souligné, « a tout de même déjà eu l’honneur d’accueillir deux présidents de la République : François Hollande et Emmanuel Macron ». Ensuite, ce groupe scolaire fait partie des bâtiments publics (avec les groupes scolaires Colette et Anjou…) qui ont bénéficié d’une rénovation énergétique de taille dans ce cadre afin de réduire de 40% sa consommation.

Avec une canopée – le bois provient du Jura – constituant une protection contre les fortes chaleurs mais surtout permettant de doubler la surface des panneaux solaires installés, cette école est devenue une véritable centrale solaire depuis le 28 septembre. Et ce, produisant à terme un huitième de la production photovoltaïque de tout le projet… Evoquant les travaux dans cet établissement, le maire n’a pas manqué là aussi de faire un saut dans le passé : « Ce quartier a vu le jour dans les années 70 et jusqu’aux années 2000 aucun euro de subvention n’avait été accordé aux écoles de ce quartier. Nous avons rattrapé le retard ! » Enfin, cette école profitant pleinement aux familles du quartier, c’était aussi un message adressé aux habitants qui seront les premiers bénéficiaires de cette opération d’autoconsommation énergétique : « C’est un projet pour et avec les habitants. Je rappelle que la sobriété énergétique touche 12 millions de Français et qu’elle est souvent ici subie et non choisie. Avec RESPONSE, nous voulons que ce soit un acte volontaire. Cela s’inscrit pleinement dans la Métropole solidaire, durable et connectée que nous sommes en train de bâtir », a insisté le premier magistrat, qui a également expliqué sa philosophie en la matière : «  Si nous voulons que les habitants participent, il faut une économie productrice de pouvoir d’achat et non punitive. Si avec ce projet, cela représente 350 € de moins à l’année sur les factures énergétiques, ce n’est pas rien surtout en ce moment ! »

« Cerise sur le gâteau… » bio !

Pas moins de 1 100 habitants, dans près de 500 logements, seront concernés par RESPONSE et pourront être acteurs de leur consommation, grâce à de multiples innovations technologiques. Comme l’a mis en exergue Yves Chevillon, pour EDF, partenaire du Consortium, « pas moins de 100 solutions innovantes seront testées dans ce quartier qui s’apparente à un véritable laboratoire unique à ciel ouvert ». Citons, entre autres, les panneaux solaires bifaciaux dont les gains de productivité par rapport aux modèles classiques peuvent atteindre 12%, les batteries Lithium Ion ou Zinc Air afin de stocker au mieux l’énergie solaire, les nouveaux thermostats et capteurs intelligents mesurant la qualité de l’air dans chaque foyer… Et la liste est loin d’être exhaustive !

Toutes ces innovations permettront de réaliser 38% de réduction de la consommation énergétique (-15% pour le chauffage, – 65% pour l’éclairage public, – 75% pour les émissions de CO2…)

Quant au budget total de RESPONSE, il s’élève à 23,5 M€, dont 18,5 M€ financés par la Commission européenne. Sur Dijon, le budget global est de 9,1 M€ (7,4 M€ provenant de la Commission). Sans omettre les 95 M€ (dont 54,8 M€ pour l’éco-réhabilitation des logements) du budget de renouvellement urbain du quartier Politique de la Ville…

Tels ont été les grands chiffres dévoilés ce 20 octobre où il fut question d’avenir (durable) mais aussi de passé (non durable) : « En 2001, il faut savoir que Dijon n’était même pas dotée de bacs de ramassage des ordures ménagères mais aussi que les rejets des eaux usées polluaient sur 30 km la Saône qui n’est pourtant pas très proche », a glissé François Rebsamen, avant de poursuivre : « Nous aurons bientôt l’un des centres de tri les plus importants de France et une unité révolutionnaire de captage des micro-plastiques ».

Précédemment il n’avait pas non plus manqué de lister « le 3e réseau de chaleur de l’Hexagone, l’une des fermes photovoltaïques les plus importantes de France et la production locale d’hydrogène vert qui fera de Dijon la première métropole à disposer de bennes à ordures et d’une flotte de bus roulant à cette énergie ». Tout en qualifiant le projet RESPONSE de belle « cerise sur le gâteau ». Un gâteau bio, nous permettrons-nous d’ajouter !

Camille Gablo