Jamel Blissat : 3, 2, 1… Action !

Le 13 mai prochain, Dijon accueillera son premier grand gala de KCC (combats en cage). Les combattants, quils soient professionnels ou amateurs, ne seront pas les seules vedettes de cette soirée unique à plus dun titre. Le cascadeur chenevelier, Jamel Blissat, désormais appelé sur les tournages les plus prestigieux dans le monde entier, sera aussi de la fête. Gros plan sur ce danseur de Figure 2 Style qui, désormais, illumine tous les écrans. 

Freud, Pavlov ou encore Edith Piaf. Si vous passez un moment (délicieux) avec Jamel Blissat et Fabrice Hamza Verove, les références, qu’elles soient psychologiques, lettrées ou culturelles, pleuvent… comme les coups au demeurant qu’ils portent ou qu’ils évitent de recevoir comme personne. Le premier n’est autre que l’organisateur du premier grand gala KCC (pour Kingdom Challenge Championship) qui se déroulera au palais des Sports de Dijon le 13 mai et le second, fera un véritable show à cette occasion. Il faut dire qu’il n’autre que l’un des cascadeurs les plus en vue du cinéma actuellement. Et c’est un euphémisme puisqu’en septembre dernier celui-ci fut nominé pour ses exploits aux Emmy Awards,

Une consécration – à Los Angeles s’il vous plaît ! – pour le cascadeur né il y a 36 ans à Chenôve qu’il n’aurait jamais pu imaginer : « C’est incroyable. Je n’aurais même pas pu en rêver parce que je suis devenu un peu cascadeur par hasard. Jamais je n’aurais pu dire que j’irais travailler aux États-Unis pour des productions aussi prestigieuses ». C’est en effet pour ses multiples cascades dans la série Moon Knight, produite par les studios Marvel et diffusée sur Disney +, qu’il est entré par la grande porte dans la terre promise du 7e Art.

Durant pas moins de 9 mois de tournage, de la Hongrie à l’Angleterre, en passant par la Cisjordanie, Jamel Blissat a pris les traits de l’acteur principal, Oscar Isaac, pour les scènes les plus dangereuses. Et elles sont légion puisque Moon Knight narre les aventures d’un mercenaire…

Taxi 5

C’est une belle histoire de rencontres qui l’a conduit à devenir un expert désormais reconnu des scènes les plus complexes. Jamel danse dorénavant sur les écrans après avoir été danseur professionnel pour Figure 2 Style, la compagnie chenevelière qu’il n’est pas besoin de présenter tellement elle rayonne dans l’univers du hip-hop : « Une agence événementielle avec qui l’on travaillait pour des spectacles me propose de faire une tournée de basket acrobatique. Comme j’étais le plus léger de la compagnie, j’étais un peu devenu acrobate. Et j’avais fait du basket au BCC à Chenôve. Je me retrouve ainsi à faire des shows en France et à l’étranger. Et, un jour à Dubaï, on me propose un spectacle de plongeon en Chine. Je n’en avais jamais fait de ma vie et j’ai dû apprendre le plongeon de haut vol, enfin à 10 m. Et l’on me confie là-bas le bouquet final où je devais sauter en feu ! Là je suis rentré dans le vif du sujet… ». Et il ne s’est pas brûlé les ailes dans l’Empire du Milieu, loin de là, puisque, depuis, sa coordination exceptionnelle et la maîtrise de son corps dans l’air lui ont permis de parapher nombre de contrats.

Après des apparitions dans des séries TV pour TF1, M6 ou Canal +, il prend part au tournage du film Break avec l’actrice Sabrina Ouazani qui glisse son nom à l’équipe de Taxi 5. Et, dans ce dernier opus signé du réalisateur Franck Gastambide – 20 ans après le premier – Jamel double l’acteur principal Malik Bentalha. Une scène culte fera beaucoup pour la suite de sa carrière. Et, paradoxalement, celle-ci n’aurait pas dû être tournée.

« Je devais chuter d’un balcon en arrière et je devais tomber, un étage plus bas, dans une poubelle. Le régleur, très attentionné, me dit que c’est dangereux et qu’il ne faut pas prendre de risque. Il décide de ne pas la faire. Ayant des repères dans les airs, je lui dis que je suis en capacité de la réaliser. Cela se passe très bien et cette cascade a été un élément déclencheur… Si bien qu’après les projets se sont enchaînés en France et à l’étranger ». Après Moon Knigth, il fut convié au tournage d’Indiana Jones et tourne actuellement une série d’époque pour Canal + et la Paramount sur la 1re Guerre mondiale (Sentinelle).

« Le cerveau se déconnecte »

Aucune blessure importante n’est encore venu ralentir son ascension. Ses 5 heures de sport quotidiennes – cardio, sac, pied-poing, natation, acrobatie, techniques scéniques, art martial, escalade… – y sont pour beaucoup mais pas seulement. Son compère Fabrice Hamza Verove, avec qui il s’entraîne pour toutes les techniques de combat, notamment dans le maniement des armes, explique : « Jamel possède des capacités hors normes. Il s’entraîne certes comme un athlète mais il dispose d’une morphologie que les autres n’ont pas, notamment des attaches musculaires au niveau des épaules particulièrement développées. Il est soudé, compact. Si bien qu’il a une capacité morphologique à pouvoir prendre des coups et à se remettre rapidement ».

Quant à la peur, elle fait partie intégrante de son métier et il ne s’en cache pas : « Un cascadeur qui n’a pas peur, c’est un cascadeur qui va mourir ! J’ai toujours de l’appréhension, je suis aux aguets en permanence, je suis focus… » Non sans glisser : « La veille d’une cascade délicate, je dors mal. Souvent je me dis avant de me lancer : mais qu’est-ce que je fais là ! Je pense que le 3, 2, 1 action… n’est pas là pour rien. Comme si c’était de l’hypnose. Tout s’éteint, ton cerveau se déconnecte, et mon corps est prêt à réaliser le mouvement demandé ».

A ses côtés, Fabrice Hamza Verove rappelle qu’Edith Piaf, interrogée sur son tract avant de monter sur scène par une débutante, lui rétorqua : « Vous verrez, quand vous aurez du talent… ».

Maîtrisant sa peur, ce cascadeur n’est en aucun cas tête brûlée : « A force de travailler, je connais pleinement mes capacités ». Et le monde du cinéma aussi, qui a clairement identifié ses nombreux « mouvements signatures ». Et ce n’est pas rare qu’à côté de ses activités de cascadeur, eu égard maintenant à son savoir-faire dans le domaine, il intervienne sur les tournages dans l’assistance chorégraphie ou le réglage.

Car ce Chenevelier, qui vit maintenant à Quetigny et qui est prêt, chaque jour, à s’envoler pour les destinations les plus lointaines, n’a de cesse de monter en compétences. Des compétences qu’il entend transmettre par la suite aux jeunes de la métropole. Peut-être en créant une école qui sait, tout comme Fabrice Hamza Verove ? En tout cas, ces deux athlètes de haut vol étaient fait pour travailler de concert. Vous accorderez, c’est certain, un Oscar à leur show (musclé comme il se doit) le 13 mai prochain à Dijon…

Camille Gablo