1204, c’est l’année où tout a commencé mais c’est aussi l’appellation retenue pour le Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine qui accueillera, gratuitement, les visiteurs de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin. Voici ce que vous découvrirez, à partir du 6 mai prochain, dans ce lieu chargé d’histoire mais aussi novateur à plus d’un titre…
Puisque nous allons remonter le temps afin de nous projeter vers l’avenir, en évoquant le passé hospitalier de Dijon ressuscité avec la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin, débutons par Hippocrate. Rassurez-vous, nous vous épargnerons son serment mais nous vous ferons déguster sa formule adaptée, vous en conviendrez, à ce projet : « Que ton alimentation soit ta première médecine ! »
1204… c’est cette année-là que le Duc Eudes III de Bourgogne (paradoxalement le 7e Duc de Bourgogne dans la lignée capétienne) décida de fonder les Hospices de Dijon. Celui-ci choisit de l’implanter sur une île de l’Ouche afin d’éviter la propagation des maladies. Les malades mais aussi les indigents, les pèlerins, les orphelins bénéficièrent ainsi d’un site confié aux Hospitaliers du Saint-Esprit. Les connaisseurs de l’histoire locale ne manqueront pas de souligner que, dans le domaine, Dijon précéda Beaune de plus deux siècles, la charité chère à Nicolas Rolin et Guigone de Salins ne prenant ses racines, dans la capitale des vins de Bourgogne, qu’en 1443…
Mais laissons de côté cette parenthèse (légèrement chauviniste) et revenons à nos moutons… qui, à l’époque, devaient paître à proximité.
Qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, les futurs visiteurs de la Cité pourront se souvenir, comme une véritable madeleine de Proust, de cette genèse en pénétrant dans le Centre d’interprétation de l’Architecture et du Patrimoine (CIAP). Celui-ci perdra son acronyme (légèrement indigeste reconnaissons-le) pour la nouvelle appellation : Le 1204.
Un label de prestige
Rappelons, aussi, que le CIAP a pour objectif d’œuvrer à la sensibilisation de l’ensemble des patrimoines, des vestiges antiques à l’époque contemporaine, dans les villes bénéficiant du label de prestige, Ville d’Art et d’Histoire, accordé par le ministère de la Culture. Et la capitale régionale fait partie de celles-ci depuis 2009. Si bien que la CIGV s’appuie, en réalité, sur un triptyque : les deux classements au Patrimoine mondial de l’Unesco – le Repas gastronomique des Français et les Climats de Bourgogne – auquel nous pouvons donc ajouter ce label destiné à partager les connaissances du territoire. C’est ainsi qu’au sein même de la Cité ce sera tout Dijon – avec la plupart de ses réalisations patrimoniales emblématiques – qui sera dévoilé aux visiteurs. Une manière aussi – et là cela s’adresse aux touristes – de les inciter à poursuivre leurs pérégrinations dans d’autres lieux, à rejoindre le cœur de ville et son secteur sauvegardé de pratiquement 100 ha… Ainsi le 1204, qui s’étendra sur 550 m² et 2 niveaux, s’apparentera-t-il à une véritable passerelle avec le passé tout en l’étant avec l’ensemble de la ville actuelle.
Et pour être encore plus efficient en la matière, synonyme de retombées économiques élargies, l’espace d’accueil de cette structure sera confié à l’Office de Tourisme de Dijon métropole.
Différents espaces proposeront ensuite une exposition permanente (sur 350 m²), une exposition temporaire (80 m²) ainsi qu’un atelier pédagogique (80 m²).
Au fil du parcours, les visiteurs seront, notamment, invités à pénétrer dans un décor immersif de la ville. Et ce, avec tout de même une projection sur 3 pans de mur faisant au total 8 m où leur seront présentées des images du survol de Dijon réalisées grâce à un drone, du plateau de la Cras jusqu’à la tour Philippe le Bon. L’innovation étant omniprésente dans cette structure, il suffira qu’ils s’approchent d’un point d’intérêt pour bénéficier d’informations supplémentaires, ce dispositif étant déclenché par un détecteur au laser.
La pierre, la terre et le bois…
Dans une deuxième salle, place sera faite à l’histoire de la ville, par le bais d’une maquette topographique, d’un film de 9 mn et de 4 focus sur des réalisations patrimoniales. Ainsi les projecteurs seront-ils braqués sur une maison à colombage (digne représentante du Moyen-Âge), l’Hôtel Bouchu d’Esterno (XVIIe siècle), qui, au demeurant, accueillera le siège de l’Organisme international de la Vigne et du Vin, un immeuble haussmannien de la place Darcy (XIXe siècle) et un bâtiment de la Fontaine d’Ouche (XXe siècle).
Tout en faisant le lien avec le Dijon d’aujourd’hui et les derniers grands projets sortis de terre ou rénovés, à l’instar de la piscine du Carrousel, le parking Monge à proximité ou encore le Valmy (le futur siège de bois et de verre de la Caisse d’Épargne), un 3e espace présentera, de façon visuel et tactile, les matériaux principaux (la pierre, la terre et le bois) et secondaires (le béton, le métal) sans lesquels Dijon ne serait pas Dijon. Une dispositif numérique d’envergure, nourri avec toutes les bases de données de la ville (notamment celles des musées) et fonctionnant avec des mots clés, offrira aux visiteurs des approches architecturale, artistique, littéraire… entre autres.
La chapelle Sainte-Croix de Jérusalem
A l’étage, pleins feux sur l’histoire hospitalière des lieux (sinon le 1204 ne serait pas tout à fait le 1204 !), avec notamment le remontage de l’ancienne apothicairerie en bois. Une seconde vie pour celle-ci qui fut abattue, rappelons-le, lors de l’hiver 1689-1690.
Une exposition temporaire reviendra, quant à elle, sur toutes les étapes menant à la CIGV, avec, notamment, les photographies d’Alexis Doré sur le temps 0 du chantier. Mais des interviews des différents acteurs seront aussi disponibles… Un atelier pédagogique, où seront organisés des jeux mais aussi différentes pratiques artistiques, viendra parfaire le tout.
Tel sera le (riche) menu du 1204 que l’on doit à la Direction du Patrimoine de Dijon qui se sera, elle aussi, démultipliée pour la CIGV. Nous lui devons également (entre autres) la restauration de la Grande Chapelle, où sera présentée la grande exposition sur les Climats de Bourgogne, et de la chapelle Sainte-Croix de Jérusalem. Un autre joyau historique du site qui fut, quant à lui, bâti entre 1459 et 1508. Un travail de titan (là ce n’est pas la même période, mythologie grecque oblige !) qui mérite bien à la directrice Zoé Zblumenfeld-Chiodo et à ses collaborateurs Anne Lammlé et Laurent Cessin d’être cités en guise de dessert à cet article. C’est grâce à eux que la richesse patrimoniale exceptionnelle de Dijon fera partie de la carte de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin !
Camille Gablo