L’histoire de la Cité des Ducs est aussi liée à celle de grandes familles. Dans l’hôtellerie-restauration, tout un chacun connaît le nom de la famille Frachot. Dominik Frachot (la quatrième génération depuis l’arrière-grand-père François) n’est ainsi plus à présenter tellement il a su poursuivre et développer le rayonnement de l’Hôtel du Nord. Gros plan sur un établissement pas comme les autres puisqu’il n’est autre que le plus ancien de Dijon à n’avoir jamais changé d’emplacement… à quelques pas de la Porte Guillaume et de la place Darcy.
Tout comme la Porte Guillaume, l’Hôtel du Nord représente un monument dijonnais… par excellence. Nous devons la première à l’architecte Jean-Philippe Maret qui l’érigea en 1788 en hommage au Prince de Condé, gouverneur de la Bourgogne. Le second a, quant à lui, inscrit son nom en capitales dans l’Histoire dijonnaise grâce à la famille Frachot. Douze ans après son avènement, à quelques pas de la Porte Guillaume, François Frachot, alors maître d’hôtel au Buffet de la Gare, acquiert le fonds de commerce de ce qui était autrefois une petite auberge implantée devant un terrain vague. Mais un lieu idoine au carrefour des routes de Paris, de Langres et de Chalon-sur-Saône. François Frachot (premier du nom donc) se concentre sur l’hôtellerie et crée son propre restaurant. Le savoir-faire du patriarche s’apparente à une excellente entrée… en matière pour le destin de l’hôtel du Nord mais aussi des générations suivantes qui occupent toutes une belle place sur l’album aux souvenirs.
Le 2e du nom, Alfred, qui avait réalisé son apprentissage en cuisine chez le grand traiteur de l’époque Potel et Chabot avant 1900, fait passer le nombre de chambres à 41 et décroche un macaron au célèbre Guide Michelin. C’est en 1939 que le « papou » transmet à son fils Henri qui, durant pratiquement quatre décennies, fait de cet endroit un haut lieu de la Dolce Vita dijonnaise. Ce n’est pas Federico Fellini, Marcello Mastroianni ou encore Anouk Aimée qui fréquentent les lieux mais on y déroule le tapis rouge aux amis. Et ils (et elles) sont nombreux à y refaire le monde. En 1967, un bar voit même le jour au rez-de-chaussée.
Dix ans plus tard, c’est au tour de Dominik d’entrer en scène. A l’instar de son père, il a fait ses premières armes à l’école hôtelière de Thonon-lès-bains (64/67) mais il a navigué, par la suite, vers d’autres horizons prestigieux : l’Hôtel La Verniaz à Evian, l’Hôtel Meurice à Paris (où il excella au service), l’Hermitage à La Baule (là ce fut en cuisine) ou encore le Ritz (où il s’imposa dans le domaine de la gestion et contrôle).
Nombre de métamorphoses
Ses différentes casquettes lui ouvrent grand les portes du célèbre groupe de Jacques Borel à qui l’on doit la première enseigne de fastfood mais aussi les premiers restoroutes dans l’Hexagone. La voie (nationale) était toute tracée pour Dominik mais, dans la famille Frachot, toutes les routes mènent à… l’Hôtel du Nord. Ainsi, il effectue son retour à Dijon alors que son père est malade. Et reprend en main l’affaire familiale qui, à l’époque, nécessitait un renouveau.
Avec son épouse Catherine et en véritable capitaine de l’hôtellerie-restauration, il multiplie les rénovations et les innovations. 1980 : création d’un salon de 50 places au 1er étage. 1981 : ouverture d’un bar-caveau. 1985 : l’informatique fait son apparition. 1987 : réfection intégrale des trois quarts de l’hôtel. 1995 : climatisation de l’établissement. 2000 : changement de parure et de mobilier pour le restaurant. 2006 : nouvel hall d’accueil. 2007 : le bar à vins prend un style contemporain… Et, plus près de nous, nous pourrions également citer l’année 2020 où fut entièrement métamorphosé l’entrée de l’hôtel et le restaurant de la Porte Guillaume afin d’incarner le meilleur de la Bourgogne. Un restaurant où trône désormais une superbe peinture de l’artiste local Ramya Chuon qui a revisité (comme il se doit, proximité oblige du square Darcy) l’ours de François Pompon.
Il nous est impossible de ne pas évoquer l’acquisition en 1994 par Dominik Frachot de L’Escargotière à Chenôve (revendue en septembre 2021) et, en 1999, l’arrivée de son fils à l’hostellerie du Chapeau Rouge, lequel, William, s’est fait plus qu’un prénom puisqu’il est le seul 2 étoiles de la Cité des Ducs.
L’Hôtel du Nord, c’est une véritable épopée… qui n’est pas prête de s’arrêter (voir page ci-contre). Et c’est ce qui fait de cet hôtel le plus vieil établissement dijonnais n’ayant jamais changé d’emplacement. Et dont les propriétaires sont de la même famille depuis 1907… Le changement, dans la continuité !
Camille Gablo
Les grandes dates
1855 : création de l’entreprise
1887 : le chauffage central est installé
1900 : l’eau courante arrive dans les chambres
1907 : la Famille Frachot reprend la direction de l’établissement
1920 : la deuxième génération de Frachot arrive
1925 : 10 nouvelles chambres sont créées
1939 : la troisième génération s’installe
1967 : le Bar est créé au rez-de-chaussée
1968 : la salle de restaurant change de style
1977 : la quatrième génération prend la succession
1980 : le salon de 50 places voit le jour au premier étage
1981 : Le bar-caveau ouvre ses portes
1985 : l’informatique fait son entrée
1987 : réfection intégrale des 3/4 de l’hôtel
1990 : transformation intégrale de la cuisine
1991 : le salon du premier est agrandi et climatisé
1992 : la façade est refaite
1993 : les couloirs sont embellis
1994 : la réception est modernisée
1995 : climatisation de l’hôtel
1996 : les chambres sont refaites à neuf
1997 : le restaurant est climatisé
1998 : le système pay-tv est installé dans toutes les chambres
1999 : l’entreprise rentre sur le web
2000 : le restaurant change de parure et de mobilier
2002 : les chambres sont refaites et équipées de couettes
2004 : le wifi rentre dans la maison
2005 : l’établissement fête ses 150 ans
2006 : le Hall de l’accueil de l’hôtel change son décor
2007 : le bar à vins prend un style contemporain
2008 : la vaisselle du restaurant est changée
2009 : les moquettes des chambres sont remplacées par du parquet
2010 : les 36 fenêtres de l’établissement sont entièrement changées en triple vitrage
2011 : la rénovation des 20 salles de bains est entreprise
2012 : les chambres sont équipées de télévision murale grande écran
2013 : le restaurant change de décors
2016 : rénovation de la façade du restaurant en couleur vive
2017 : réouverture de l’entrée du restaurant à l’angle de l’établissement
2018 : mise aux normes pour l’accueil des personnes à mobilité réduite
2019 : réfection et modernisation des salles de séminaires & banquets
2020 : transformation intégrale de l’accueil de l’hôtel et du restaurant