Pierre Pribetich : « Aucun quartier n’est délaissé ! »

En matière d’urbanisme et, de facto, d’immobilier, le document référence n’est autre que le PLUI-HD qui dessine le visage de la métropole jusqu’à l’horizon 2030. Pierre Pribetich, Monsieur Urbanisme de Dijon Métropole, revient sur les idées force qui ont conduit à l’avènement de ce Plan local de l’urbanisme intercommunal-habitat déplacement. Détaillant les projets majeurs à la fois en matière de construction mais aussi de réhabilitation, le 1er vice-président de Dijon métropole insiste sur le fait « qu’aucun quartier n’est délaissé que ce soit à Dijon ou dans la métropole ».

Dijon l’Hebdo : Pourquoi avoir développé un site internet cartographique où figurent toutes les informations relatives au PLUi-HD ?

Pierre Pribetich : « Cette nouvelle application facilite la perception de la constructibilité d’une parcelle mais permet aussi à tout un chacun de se renseigner sur la véritable destination des terrains qui sont l’objet soit d’une transaction soit d’une recherche pour un projet d’accession à une propriété. Nous souhaitons rendre visibles et compréhensibles les règles du PLUI-HD qui sont tout de même très complexes à appréhender pour un particulier. Ensuite nous souhaitons donner une vision à moyen terme d’un secteur, d’un quartier. Cette application permet également de réduire d’éventuelles interprétations ou rumeurs sur de supposées constructibilités. Elle permet ainsi une totale transparence. C’est une volonté forte du président François Rebsamen et de moi-même d’avoir cet outil qui puisse, en 2020, être appréhendé par tout un chacun. Les gens peuvent l’utiliser en toute facilité même sur Smartphone et accéder ainsi aux informations utiles pour un projet de construction ou bien d’agrandissement ».

DLH : Pensez-vous que ce site permettra réellement de désamorcer, en amont, des pétitions ou des mouvements de protestation liés à des projets immobiliers ?

P. P : « Beaucoup de pétitions sont dans un flou approximatif ou bien dans une exagération, une sorte de fantasme inhérent à ceux qui souhaitent en faire un objet politique de contestation. Nous sommes en démocratie, chacun fait ce qu’il veut mais, là, il sera beaucoup plus difficile d’affabuler sur des règles clairement identifiées, clairement connues pour chaque quartier, chaque rue. Cette application donne aussi toutes les contraintes des terrains, les potentialités comme les limitations, ce qui n’est pas toujours aisé à comprendre. Elle améliorera la connaissance de tous sur l’urbanisme et sur l’évolution d’une parcelle ou d’un quartier ».

DLH : Le fait qu’il permette aussi de constater, visuellement, les espaces réservés à la biodiversité s’inscrit-il dans la candidature de Dijon au titre de la capitale verte européenne ?

P. P : « Oui. Cela montre en effet qu’il existe de très nombreuses protections ou valorisations pour la biodiversité, pour la ressource en eau… Mais aussi pour la sauvegarde des monuments historiques, de notre patrimoine. C’est un véritable plus pour la transparence et la pédagogie. C’est une nouvelle démarche et nous en sommes fiers car elle permettra à chacun de lever tous les fantasmes et de voir réellement l’évolution des quartiers ».

DLH : La commission européenne a déjà retenu le projet RESPONSE de réhabilitation de 377 logements dans le quartier de la Fontaine d’Ouche. En quoi ce projet est-il novateur ?

P. P : « L’idée est de faire feu de tout bois pour permettre l’évolution de notre parc et de notre patrimoine. Ce projet H2020 a pour objectif de transformer un quartier, à l’inscrire dans le développement durable avec des bâtiments à la fois intelligents et qui consomment le moins possible tout en permettant éventuellement de produire de l’électricité, et donc de l’énergie. C’est un bel exemple de la ville qui se renouvelle sur elle-même, qui évite l’étalement urbain et qui nous inscrit dans les canons souhaités du développement durable de la commission européenne et, par là même, dans la course au titre de la capitale verte européenne ».

DLH : Ce projet intervient dans un quartier Politique de la Ville. Cela vous tenait réellement à cœur ?

P. P : « Aucun quartier n’est délaissé à Dijon ! Aucun quartier n’est délaissé dans la métropole ! Tous les quartiers font l’objet d’une attention de manière à les hisser vers les plus hauts standards du développement durable afin de permettre un univers agréable à vivre. Là où nous pouvons mettre en place de grandes politiques publiques, nous le faisons. Nous le faisons avec les outils d’aménagement, de réhabilitation mais aussi avec l’évolution de la ville sur elle-même, en valorisant des secteurs qui historiquement étaient voués à la construction et qui dorénavant sont destinés à des jardins partagés. La politique de la ville représente un élément fort pour retrouver des équilibres nécessaires pour des quartiers apaisés et c’est ce que nous faisons à travers plusieurs opérations : on l’a vu avec H2020 mais je pense aussi à un programme fort sur la co-propriété Chateaubriand qui bénéficie de lourdes réhabilitations. Tous les outils sont là pour favoriser la qualité de vie, qui est déjà très forte ! »

DLH : Quel est l’objectif majeur de ce PLUI-HD ? Gagner des habitants mais de façon raisonnée ?

P. P : « L’idée du PLUI-HD a été de faire en sorte de faciliter la constructibilité autour de la mobilité, autrement dit des axes forts de déplacement, notamment le tramway, d’avoir, dans le même temps, une construction raisonnée et raisonnable sur un certain nombre de secteurs mais aussi d’éviter d’avoir une densification dans les quartiers d’habitat pavillonnaire. L’ambition est connue pour Dijon : faire en sorte de gagner des habitants. Ce n’est pas la seule commune qui est sur cette ligne : Chenôve, Longvic, plusieurs villes de la métropole s’inscrivent dans cette démarche. Il faut notamment permettre l’accession abordable, c’est ce que nous avons fait dans le cadre du PLUI-HD. Nous avons élargi les outils pour accueillir de mieux en mieux toutes les sociologies, des plus modestes jusqu’aux cadres supérieurs. Une idée est aussi sous-jacente : compte tenu des évolutions et de la montée en puissance du télétravail, nous pouvons accueillir des habitants qui travaillent, par exemple, sur Paris. L’immobilier est ainsi l’un des éléments de l’attractivité parce qu’une entreprise viendra s’installer si elle peut loger l’ensemble de ses employés jusqu’à ses dirigeants. Il nous faut des produits variés. Il nous faut à la fois du quantitatif et du qualitatif. C’est la raison pour laquelle nous facilitons l’émergence de projets novateurs d’un point de vue technologique mais aussi dans la manière d’habiter et de vivre la ville. Notre volonté est de proposer des produits que l’on ne trouve nulle part ailleurs hormis à Dijon dans notre belle région de Bourgogne Franche-Comté ».

DLH : Parmi ces produits, nous pouvons citer les 40 logements bois de la résidence Saint-John Perse dans le quartier de la Toison d’Or, conclusion de la réflexion intitulée « la maison de ville dans tous ses états »…

P. P : « C’est l’un des rares projets de ce type en France sur ce modèle. L’idée était de réaliser, sur 8000 m2, 40 logements à accès individualisé avec l’utilisation du matériau bois, avec un équilibre aussi de la typologie avec 16 logements en accession abordable et les autres à loyer modéré. Chacun aura son jardin, une capacité à garer son véhicule. La qualité de réalisation est à la hauteur des espérances. C’est une première et nous allons développer d’autres projets de ce type parce que nous avons besoin de maisons individuelles sur la ville. Un très grand projet qui est en cours d’élaboration permettra d’apporter aussi des maisons individuelles mais avec une autre approche ».

DLH : Comment les promoteurs ont-ils accueilli le PLUI-HD ?

P. P : « Il passe bien parce qu’il a préservé la capacité à construire sur plusieurs communes de la métropole : Dijon, Chenôve, Longvic. Des communes ont fait ce choix avec des maires bâtisseurs. D’autres, pour des raisons qui les regardent, ne souhaitent pas aller plus que de raison. Nous avons respecté dans le cadre de la métropole les desiderata des différents maires et nous arrivons à un équilibre qui permettra, avec 7000 logements à réaliser sur 10 ans, d’alimenter ce secteur important du développement économique. Tous ces programmes sont réalisés grâce aux entreprises locales. 2,5 M€ d’investissements génèrent quasiment le double, soit 5 M€ de travaux. Tout est cela destiné aux entreprises locales car ce ne sont pas des majors qui viendront réaliser des travaux de réhabilitation ! »

DLH : Quel est votre sentiment sur le marché actuel de l’immobilier dans la métropole ?

P. P : « Nous avons encore une tension très forte notamment sur le locatif à loyer modéré puisque nous avons encore 10 000 demandes et que nous ne pouvons en satisfaire que 3000. Les choses ont l’air de tenir mais j’espère que les banques suivront. Visiblement, depuis le déconfinement, les commandes se poursuivent mais nous n’avons pas plus de visibilité… »

Propos recueillis par Camille Gablo