Les notaires sont les mieux placés pour qualifier et estimer le marché immobilier. En cette période particulière, Covid-19 oblige, le président de la Chambre de Côte-d’Or, Denys Chevillon, qui s’apprête à organiser son assemblée générale programmée le 29 septembre prochain – elle devait à l’origine se tenir au mois de mai –, nous détaille l’activité notariale actuelle, qui, elle aussi, n’échappe pas à l’épée de Damoclès de la « deuxième vague ».
Dijon l’Hebdo : Dijon métropole vient de mettre en ligne un site internet cartographique dévoilant toutes les informations d’urbanisme pour chaque parcelle ou chaque bien. Quel est votre sentiment sur cet outil révolutionnaire ?
Denys Chevillon : « Toute information qui concourt à la connaissance de la situation d’urbanisme sur un bien ne peut être que saluée. C’est là quelque chose de positif mais tout dépend ce que l’on fait de cet outil, de la façon dont l’on s’en sert, des renseignements que l’on prend. Parfois lorsqu’il y a trop d’informations, cela peut tuer l’information et cela demande, de la part du professionnel, une vigilance accrue. Il y a dorénavant ce site mais il existe également les bases foncières, les banques de données de l’administration fiscale. Lorsque vous vendez une maison aujourd’hui, vous pouvez savoir le prix pratiqué par votre voisin pour vendre la sienne. Tout cela contribue au marché. Cela peut permettre de saisir à un moment donné la juste valeur des biens, ce qui est toujours une approche délicate ».
DLH : L’assemblée générale de la Chambre générale des notaires de Côte-d’Or doit se tenir le 29 septembre prochain. J’imagine que vous observez avec attention l’évolution des conditions sanitaires et des nouvelles mesures arrêtées par la préfecture…
D. C : « Que sera demain dans le contexte sanitaire qui, lui aussi, se tend, puisque la Côte-d’Or et la métropole sont en zones rouges ? Le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait déclaré regarder de près la situation dans les métropoles, et notamment dans la Cité des Ducs. La préfecture a été amenée à prendre, le 21 septembre, de nouvelles mesures qui ont concernés également Beaune, avec, là aussi, le port du masque rendu obligatoire. Le président de Chambre que je suis est, de facto, inquiet parce que j’ai une assemblée générale à tenir statutairement et celle-ci a été fixée au 29 septembre prochain. Avec environ 130 notaires et les invités, cette réunion comptera environ 140 personnes. Celle du mois de mai n’a pas pu se tenir. Un décret nous a autorisés à avoir une seule assemblée générale pour 2020. J’espère, pour ma part, véritablement pouvoir tenir cette assemblée parce que nous devons voter le budget. Des élections de chambre doivent également se dérouler. J’espère, en tout cas, que nous aurons les quorums nécessaires. C’est un exemple mais la situation sanitaire actuelle préoccupe évidemment tout le monde ! ».
DLH : L’épée de Damoclès de la deuxième vague qui plane au-dessus de la Côte-d’Or aura-t-elle des répercussions sur l’activité notariale et sur le marché immobilier ?
D. C : « Je ne dispose pas d’une boule de cristal. Il est nécessaire de rassurer nos concitoyens mais avec des données et des connaissances aussi qui nous échappent. Et lorsque l’on voit les contradictions que peuvent déployer des grands professionnels de santé, les avis sont plus que partagés, je pourrais même dire quelquefois divergents… Depuis le déconfinement, le retard a été comblé même si nous avons subi une période que je pourrais qualifier de « molle » fin août-début septembre. Peut-être que les gens ont mis des choses entre parenthèses, ils avaient besoin de vacances, de détente… Il ne faudrait pas qu’ils les oublient au retour ! Il faut rester prudent et vigilant. Le marché se tient plutôt pour l’instant, mais nous ne sommes pas dans une région très spéculative non plus ! Nous ne sommes pas à Paris ou dans les grandes métropoles de l’Hexagone… ».
DLH : Comment jugez-vous, en quelques mots, le marché immobilier actuellement ?
D. C : « Dans les grandes agglomérations et les villes d’importance, sur Dijon, sur Beaune, le marché est tout de même tendu eu égard à la carence de biens à vendre. C’est d’autant plus vrai en ce qui concerne les maisons. Sur Dijon, les prix sont assez significatifs pour les maisons, les appartements avec terrasses, jardins, etc. C’est ce que nous confirment les agents immobiliers. Ce marché est lié à l’offre bancaire et, aujourd’hui, les banques sont vigilantes. Le marché s’est ainsi durci dans l’octroi des prêts mais les taux restent attractifs et porteurs… ».
Propos recueillis par Camille Gablo