Le mal blanc

Autant en emporte le vent ! Autant en emporte les cons ! Les âmes mortes se ramassent à la pelle. Qu’une partie de l’humanité soit gangrénée par la bêtise, l’angélisme de salon, c’est une évidence. Au point que l’on en arrive à se demander si être blanc, si se réclamer de ses racines judéo-chrétiennes ce sont là des privilèges à abolir, à la manière des Sans-culottes le 4 août 1789… Un diagnostic s’impose : la France souffre d’un panaris social. D’un mal blanc qui nous vient des USA, où les circonstances inadmissibles et scandaleuses de la mort de George Floyd ont eu un impact rétroactif sur l’affaire Adama Traoré, ce jeune noir français décédé à la suite d’une interpellation par des gendarmes. Des gendarmes dont la responsabilité n’est à ce jour pas probante.

La France n’est pas le 51ème état d’une Amérique aux relents ségrégationnistes, où le Klux Klux Klan projette peu ou prou son ombre portée. Qu’il y ait des individus au comportement brutal dans la police ou la gendarmerie française – la plupart du temps sanctionnés par l’IGPN- ne signifie en rien que celles-ci soient structurellement racistes. Voir des Gaulois mettre genou à terre en mémoire de George Floyd revient à s’arroger avec beaucoup de légèreté le rôle de pénitent. De même, voir notre ineffable Garde des Sceaux lancer une invitation à la famille d’Adama Traoré ou Christophe Castaner privilégier l’émotion au détriment de la loi en jetant sans autre forme de procès l’opprobre sur les forces de l’ordre, n’est-ce pas rendre légitimes vindicte populaire et mouvements de rue ?

Au plus haut de l’Etat Français, la Ve Constitution fait-elle toujours sens ? Les rôles ont été grotesquement inversés lorsque l’on constate que les proches d’Adama Traoré ont décliné la proposition de Nicole Belloubet au prétexte de « la séparation des pouvoirs »… L’hypocrisie et la mauvaise foi, la montée d’un communautarisme aux mains de réseaux sociaux ou de cabinets d’avocats spécialisés dans un militantisme anti-français brouillent le jugement, empêchant toute clarté de l’esprit, aggravant le climat de violence, privilégiant également l’irrationalité de minorités agissantes. Plutôt que de déboulonner au sens propre comme au sens figuré Christophe Colomb, Gambetta, Jules Ferry ou Colbert, il serait urgent d’aller aux sources pour répondre à des questions dérangeantes de l’histoire contemporaine. A quand de vraies enquêtes sur le néo-colonialisme de 2020, tant que les citoyens de pays riches dont la France auront besoin pour leur confort de concessions en Afrique sur des sites d’uranium, sur des puits de pétrole, sur des chantiers de recyclage ou d’enfouissement des déchets?

Qu’il s’agisse de l’Amérique ou de la France, il existe une nomenklatura influente noire, ou d’origine arabe ou encore asiatique. Or, ces cercles-là – au même titre d’ailleurs que la haute bourgeoisie d’affaires « blanche de chez blanche » – ne jugent pas prioritaire l’urgence qu’il y aurait à hisser par le haut les petites gens et les émigrés qui appartiennent au monde du travail manuel, ou à fortiori à celui du prolétariat. Cherchez l’erreur ! Ajoutons que les news d’Internet, voire certains médias ne font qu’aggraver la réalité d’une société française à la dérive, caricaturant l’action de la police, excusant d’emblée les délinquants ou montant en épingle des faits sortis de leur contexte. A matraquer les téléspectateurs, on les frappe de cécité. Le théâtre de boulevard – que nous offrent certains de nos ministres ou les clubs de pensée de Stroumpfs « hypocritement corrects » – se situe à plus de 2000 années-lumière de La Peste de Camus, de L’Or de la Terre Promise écrit par Henry Roth en 1934, des romans noirs de Thomas Mullen, ou bien sûr des Misérables du réalisateur Ladj Ly.

Marie-France Poirier