Les éco-irresponsables de la rentrée

Les vacances sont derrière nous  et le covid – le terme de Coronavirus semble s’être fait la malle – rôde toujours dans les parages. Pour affronter la rentrée en odeur de sainteté, plions-nous au nouveau Code civil du tout « éco-responsable », si… nous voulons éviter de passer pour un dangereux criminel soupçonné d’attenter à la vie de la planète en contribuant au réchauffement climatique. Voilà qui a fait tilt chez les gourous du marketing : ils ont concocté, tout l’été, une campagne de manipulation, dans le but de nous facturer très chère la « chance » de vivre à fond le bio / clean de la bouffe, de la bagnole ou de la sape. Nous avons le devoir de suivre docilement. N’achetons donc que des croquettes éco-responsables au caniche. Roulons en 4×4 Mercedes hybride. Habillons-nous avec des costumes trois pièces en bambou, avec des jeans, des T-shirt recyclés 100% ! Obligation nous est faite d’avoir la fibre… végétale, week-ends compris, quitte à subir un surcoût de la vie loin d’être négligeable. C’est à ce prix qu’on aura le privilège d’acquérir la conduite du citoyen modèle, moderne, bien pensant, bien propre sur lui. Tout de même, une interrogation de taille: quid des smicards ?

Nourrie de l’espoir de passer pour une candidate à la Présidentielle biocompatible, Anne Hidalgo n’en rate pas une : elle vient d’imposer le 30 km/h à Paris. Certains maires Verts, jamais en retard d’une salade, vont jusqu’à contraindre l’automobiliste à du 20 km/h (1). Signalons, malgré tout, qu’une trottinette vendue sous le label « éco-responsable » peut atteindre les 40 km/h (trottoirs compris). Ajoutons – c’est infiniment grave – que notre trafic numérique via ordinateurs ou Smartphones s’avère plus pollueur que l’activité industrielle ou le parc automobile en Europe. Quels médias, quels réseaux sociaux, quels élus ou leaders d’opinion auront le courage de dénoncer la nuisance climatique causée par l’envoi quotidien des selfies depuis les plages de nos vacances ? On voit que les Savonarole du Veau d’or éco-responsable sont copains comme cochons avec les mercenaires de la libre-entreprise initiée par de fallacieux idéologues de la « bonne parole »  ainsi que par le mouvement intégriste Vegan…

Dans cette lancée, faut-il s’étonner du recours systématique à l’hypocrisie ainsi qu’au pharisaïsme de nos dirigeants ? Ceux-ci mettent tout en œuvre pour séduire les peuples et les peoples, faute de prouver leur capacité à tenir les rênes du pouvoir. C’est ainsi qu’au fil des vacances, Emmanuel Macron s’est senti obligé de céder à cette mode évangélique avec l’idée d’une « safe zone » dans l’aéroport de Kaboul. Lui qui passe pour posséder une intelligence cynique, y croyait-il un seul instant ? Alors qu’il est le premier à savoir que les talibans, guerriers et trafiquants notoires, préfèrent la culture du pavot et du combat à celle de la pâquerette… La politique de la fausse compassion -qui se satisfait de paroles- a de l’avenir en France ! Il est facile au Président de la République de se donner bonne conscience, de déplorer l’obligation faite aux Afghanes de porter le niqab ou la burqa, alors qu’il n’a pas été fichu de contrer la prolifération des visages voilés dans l’Hexagone. On aimerait, par ailleurs, que télé ou autres médias dénoncent l’opération Barkhane de la France au Sahel et au Sahara, pas plus pertinente que l’action militaire US en Afghanistan.

Depuis notre confort occidental, on peine à imaginer la pollution atmosphérique générée dans ces zones de guerre ainsi que la destruction des cultures vivrières, des villes, des routes ou des pistes, sans oublier la mort de nombreux civils… On préfère fermer les yeux et s’adonner à la culture hors-sol du tout éco-responsable au balcon comme au salon. Il est urgent pour l’exécutif français d’avouer à l’opinion publique que l’exportation de la démocratie occidentale a valeur de Fleurs du Mal dans ces contrées dotées d’une majorité théocratique au pouvoir, en proie aux factions armées, et livrées aux mains de chefs de guerre hostiles à la modernité, et évidemment réfractaires à toute idée de liberté individuelle ainsi qu’à l’émergence d’une opinion publique. Et ce, de Kaboul à Ouagadougou en passant par Bamako. Europe, prends garde à toi : effet boomerang en vue !

Marie-France Poirier

(1) Selon les experts, rouler en ville à 30 km/h polluerait davantage que de circuler à 50 km/h.