C'est un François Rebsamen en forme, serein et toujours très combatif qui a répondu à nos questions. L'occasion de faire un large tour d'horizon de l'actualité nationale et locale avec, en toile de fond, les élections municipales de mars prochain.
Dijon l’Hebdo : « Ensemble parlons de Dijon ». C'est sous ce thème que vous avez organisé quatre réunions publiques entre le 2 et le 11 décembre. Quel est le message que vous avez souhaité passer aux Dijonnais ?
François Rebsamen : « Il est déjà important de préciser que j’organise ces réunions depuis plusieurs années. Cette fois, j’ai limité mon message à la présentation du budget 2020 de la ville de Dijon et au bilan du budget 2019. Le message que j’ai souhaité passer est assez simple : la ville est bien gérée, elle maîtrise ses dépenses de fonctionnement, elle garde un fort niveau d’investissement, elle est très peu endettée par rapport aux autres villes françaises. En résumé, les Dijonnais peuvent être sûrs que le bon état financier de la ville permettra demain à ceux qui seront élus, quels qu’ils soient, de porter à nouveau des grands projets ».
DLH : Que répondez-vous à vos opposants qui sont vent debout contre le PLUI-HD qui n'est pas, disent-ils, « compatible avec l'aspiration naturelle des habitants à un cadre de vie apaisé » ?
François Rebsamen : « Pour l’opposition, le cadre de vie apaisée, c’était des voitures partout dans le centre ville de Dijon. Bonjour l’apaisement ! Je réponds aux opposants qu’heureusement que les 22 municipalités sur 23 -la ville de Talant n’était pas présente- ont voté le PLUI-HD. La question est simple : est-ce qu’on peut avoir raison contre l’immense majorité toutes tendances confondues de tous les élus de la métropole ? Est-ce qu’on peut avoir raison contre tout le monde ? Ce n’est pas bien d’utiliser le PLUI-HD pour essayer de faire peur aux habitants de cette ville.
Je veux une ville plus douce à vivre et je veux limiter la consommation des terres agricoles parce que je lutte contre le réchauffement climatique».
DLH : L'abandon de la phase 2 de la Cité des Maraîchers remet-il en cause l’objectif de 15 000 logements à construire dans la métropole d'ici 2030 ?
François Rebsamen : « Non pas du tout. Cela représente à peu près 50 logements par an. On les compensera sans problème. Concernant les Lentillères, il y a deux types d’occupants. Des anarchistes qui sont là pas seulement pour la culture des terres maraîchères mais pour y vivre. On y voit des caravanes, des barbelés, des pneus… Cela ne me semble pas convenable. Les autres occupants, ce sont des gens de bonne foi, des associations, qui ont fait des jardins partagés. Ces terres appartiennent à la ville de Dijon et nous avons donc là des occupations illégales. Ce que je souhaite et ce que je propose, c’est que ces occupations, pour ceux qui font de la culture maraîchère, soient légales. Et pour qu’elles soient légales, la ville passera bail avec ceux qui répondront à notre appel à projet ».
DLH : Avec Thierry Falconnet, vice-président de Dijon métropole et maire de Chenôve, vous avez interpellé le Ministre de l’Intérieur suite aux troubles à l’ordre public qui se répètent dans la métropole dijonnaise. Avez-vous été entendu ? Des solutions adéquates ont-elles été mises en place par l'Etat ?
François Rebsamen : « Ecouté, nous l’avons été. Entendu, non. Le ministre de l’Intérieur m’a personnellement exprimé sa préoccupation. « Il allait regarder le problème ». Thierry Falconnet et moi, comme tous les maires de France d’ailleurs, nous demandons des effectifs supplémentaires pour la police nationale. Le Président de la République s’est engagé à créer 10 000 postes de policiers. J’aimerais bien qu’on en voie quelques uns à Dijon et sur la métropole. Or il n’y en a pas de supplémentaires. Nous n’avons pas été entendus. On va donc encore renouveler notre demande.
Nous avons trouvé des solutions grâce au préfet et au directeur départemental de la Sécurité publique pour assurer le service public des transports. Mais cela n’est pas satisfaisant car il manque en réalité, sur Dijon, dix policiers formés. Vous conviendrez que ce n’est pas beaucoup sur un effectif d’environ 330 policiers nationaux.
Le trafic de drogue se développe un peu partout. Sur ce sujet, j’ai écrit avec les maires des grandes villes pour dire au Premier ministre et au ministre de l’Intérieur qu’il y a un problème drogue dans ce pays. On attend la réponse... »
DLH : Pensez-vous nécessaire de renforcer les effectifs de la police municipale ?
François Rebsamen : « Nous les avons déjà renforcés et on va continuer à augmenter sensiblement l’effectif. Le problème, c’est que chaque fois qu’on renforce les effectifs de la police municipale, on nous retire des policiers nationaux. L’accord que j’avais avec le précédent Président de la République était simple : si on créait 30 postes de policiers municipaux, on avait 30 postes de policiers nationaux.
L’une des villes qui a le plus de policiers municipaux, c’est Nice avec environ 400 agents armés. Christian Estrosi a entendu son opposant, Eric Ciotti, d’ailleurs du même parti politique, lui faire le reproche de l’insécurité qui règne sur la ville. Combien faut-il donc de policiers municipaux ? Soyons sérieux. La sécurité des personnes et des biens est une compétence de l’Etat !
DLH : Vous avez fait de l’écologie à Dijon un engagement du quotidien. Aussi J'imagine que votre déception a été grande à l'annonce des écologistes, dont certains sont à vos côtés dans l’exécutif de dijon et de la métropole, de faire leur propre liste aux prochaines municipales, répondant ainsi aux souhaits de Yannick Jadot, leur leader national ?
François Rebsamen : « Deux sentiments m’animent. Le premier, c’est de me dire que c’est dommage que ces élus écologistes avec lesquels on a bien travaillé choisissent leur parti plutôt que leur ville. Moi, mon parti, c’est Dijon. Pour autant, je respecte leur démarche même si je la regrette. En démocratie, rien n’est jamais acquis. Ensuite, tout ce qui a été fait en écologie, c’est moi qui l’ai porté. Ce ne sont pas les écologistes, c’est moi. Des propositions m’ont été faites mais c’est moi qui ai pris la décision. Et c’est moi qui en prend encore pour demain. Quand je dis moi, c’est évidemment avec mon équipe. Pour ce qui me concerne, je ne suis pas seulement pour adapter notre quotidien au réchauffement climatique. C’est à dire planter quelques arbres ici ou là. Je veux lutter contre le réchauffement climatique.
Et à cet effet, nous avons lancé des grands projets : l’hydrogène, le réseau de chaleur urbain, la lutte contre les passoires thermiques – je fais référence aux bâtiments énergivores – la méthanisation, le turbo alternateur, le photovoltaïque… tout ce qui permet de réduire l’empreinte carbone de la ville de Dijon ».
DLH : La collectivité que vous dirigez fait de l'agriculture périurbaine l'une de ses priorités. Comment faire pour promouvoir et développer les productions locales, favoriser les circuits courts et encourager la défense du « bien manger local » ?
François Rebsamen : « D’abord on a un grand projet « Dijon alimentation durable 2030 » qui a été retenu par l’État dans le cadre de l’appel à projets TIGA, « Territoires d’innovation et de grande ambition ». C’est surtout un projet qui prône ce que peut être, de manière exemplaire, une alimentation durable dans une métropole à l’horizon 2030. Nous travaillons avec des chercheurs. Nous sommes accompagnés par des entreprises, des industriels. Nous souhaitons améliorer les circuits courts, les productions locales, développer le bio ou à défaut une agriculture raisonnée et raisonnable mais aussi nouer des relations avec les territoires de notre département qui eux aussi produisent des aliments issus de l’agroécologie Nous avons passé des accords avec des communautés de communes : les communautés de communes du Pays châtillonais et du Montbardois, la communauté de communes du Pays d’Alésia et de la Seine, le Syndicat mixte du Pays Auxois-Morvan et la communauté de communes Plaine dijonnaise. Je remercie à cet égard la députée du nord de Côte-d’Or, Mme de Courson, d’avoir bien compris cet enjeu ».
DLH : Vous avez profité du dernier conseil métropolitain pour annoncer la création d'une SEMOP (Société d’Économie Mixte à Opération Unique) pour mieux gérer la ressource en eau tout en diminuant son prix. C'est une première en France ? François Rebsamen : « C’est effectivement une première. La décision a été prise il y a un an en accord avec les élus écologistes. Dijon est souvent labellisée comme étant l’une des toutes premières villes à lancer des expérimentations nouvelles. L’idée, c’est de contrôler, sans être acteur complètement, la ressource en eau, les circuits et l’assainissement en partenariat avec une entreprise privée, en l’occurrence Suez. La société délégataire détient 51 % de la société d’économie mixte et la métropole 49 %. C’est la métropole qui préside le conseil d’administration composé de sept membres – 4 pour l’entreprise et 3 pour la métropole -. C’est une manière de se situer entre la gestion publique et la gestion privée avec une gestion qui permet de contrôler, de baisser les prix, d’assurer la qualité de l’approvisionnement etde partager les bénéfices s’il y en a.
J’ai entendu beaucoup de bêtises à ce sujet. Quand on a été en délégation de service public pendant 30 ans -ce qu’a fait mon prédécesseur- on ne peut pas revenir en régie publique. Les 220 personnes qui composaient le service d’eau et d’assainissement de la ville de Dijon sont passées dans une entreprise privée. On ne peut pas réinventer un service de l’eau et de l’assainissement ex nihilo. La compétence est partie. Et avec elle la technicité. Je suis très heureux que de très grandes entreprises françaises gèrent l’eau et l’assainissement à condition que s’exerce un contrôle public de leur gestion.
DLH : Vous postulez de nouveau au concours de « Capitale Verte Européenne 2022 ». Quels sont les atouts que Dijon peut faire valoir ?
François Rebsamen : « Dijon a beaucoup d’atouts. Nous avons déjà candidaté. Nous avons fini 4e d’un classement qui comprenait beaucoup de villes européennes. Certains se sont moqués. Ce sont toujours les mêmes. Ceux qui ne sont jamais porteurs de projets. Quand on revendique la volonté ou l’envie d’être maire ou de gérer la ville, on doit l’aimer, la soutenir et pas la dénigrer. Une quatrième place, c’était déjà une grande avancée. Nous avons depuis déposé une nouvelle candidature car je pense que Dijon a tout pour être retenue capitale verte européenne. Nous sommes parmi les 18 villes présélectionnées. Ce qui prouve que nous avons déjà toutes les caractéristiques d’une ville verte. La compétition est rude car on trouve de grandes villes, de grandes métropoles comme Turin, Sofia, Budapest… Notre dossier expose notre façon de s’adapter au réchauffement climatique mais aussi de lutter contre le réchauffement climatique. Et on le fait avec des moyens très originaux comme le PC On Dijon, par exemple (65% d’économie d’energie sur l’éclairage public). La gouvernance centralisée.
J’ai bon espoir de voir Dijon primée capitale verte européenne. Nous devons être la première ville écologique de France.
DLH : Vous avez également proposé de ne pas augmenter les taux d’imposition en 2020 sur la Métropole et sur Dijon tant en matière de fiscalité ménages qu’en matière de fiscalité économique. Est-ce la proximité des élections municipales qui impose une telle mesure ?…
François Rebsamen : « Nous faisons cela depuis 4 ans. Dès 2017, les taux d’imposition n’augmentaient plus. 0% en 2017, 2018, 2019 et il en sera de même pour 2020 lorsque nous voterons le 16 décembre le projet de budget de l’année prochaine. Nos concitoyens pourront ainsi le vérifier !
Attention à la démagogie qui peut apparaître ici ou là à l’occasion des élections municipales. Certains iront même jusqu’à proposer de baisser les impôts et d’embaucher. La taxe d’habitation va disparaître complètement. A terme, il y aura une refonte de la fiscalité locale. Il ne restera bientôt plus que le foncier bâti, c’est à dire les propriétaires qui vont payer des impôts dans une ville. Ce n’est pas évident d’avoir juste une frange de la population qui paye des impôts. Ca posera d’autres problèmes. Je l’ai dit au gouvernement mais on aura l’occasion d’en reparler ».
DLH : Ne pas augmenter les impôts, est-ce compatible avec le maintien d’un niveau d’investissement important et le désendettement de la métropole ?
François Rebsamen : « La métropole a réussi la gageure de se désendetter, sur la durée du mandat, de 80 millions d’euros. Son endettement était lié au tramway. Nous avons emprunté auprès de la Banque européenne d’investissement et nous allons même plus vite dans le plan de remboursement. Nous sommes passés de 420 millions d’euros d’endettement à 340 millions. Cet endettement, je l’ai répété à de nombreuses reprises, ce n’est pas l’endettement des Dijonnais. C’est l’endettement de tous les habitants de la métropole.
La métropole est bien gérée. Elle investit et continuera à investir. La ville de Dijon aussi. La capacité d’investissement restera intacte pour celui ou celle qui sera à la tête de la mairie et de la métropole au mois de mars. C’est une de mes grandes fiertés. Les prochains élus disposeront d’une capacité d’investissement de l’ordre de 100 millions d’euros, métropole plus ville de Dijon, par an. Plus la capacité d’investissement des autres villes que je n’oublie pas : Chenôve, Quetigny, Chevigny, Talant, Longvic, Saint-Apollinaire… Ce qui permettra d’assumer des projets nouveaux ».
DLH :Dijon demande son classement en « station de tourisme . Qu'est-ce que cela peut changer à la situation d'aujourd'hui ?
François Rebsamen : « Ca conforte ce qu’on sait : Dijon est devenue une grande ville touristique. Je peux vous annoncer, par exemple, qu’à la fin de l’année, au 31 décembre, le Musée des Beaux-Arts sera l’établissement le plus visité de toute la Côte d’Or devant les Hospices de Beaune. Il dépassera les 460 000 visiteurs sur 12 mois. Ce classement sera une reconnaissance d’une ville touristique qui permet De développer l’hôtellerie, la restauration et les commerces.
Dijon rayonne. Et les entreprises ne sont pas insensibles à son rayonnement. Certaines viennent s’y regrouper. Je pense à Savoye qui va quitter Ladoix-Serrigny pour rejoindre Dijon. C’est l’exemple même de notre attractivité. 355 emplois plus une centaine d’emplois supplémentaires, 13 000 m², la production, le siège… à Dijon. Comme le disent Les Echos, cela en fera le premier site industriel de cette importance à s’implanter sous l’ère de Rebsamen ».
DLH : Les commerçants dijonnais ont-ils été suffisamment soutenus pendant cette année de manifestations des Gilets Jaunes ?
François Rebsamen : « Ils l’ont été le plus possible par la municipalité. Beaucoup d’efforts financiers ont été consentis sans oublier l’accompagnement de Shop in Dijon auprès du gouvernement. Heureusement, avec l’afflux de touristes dès le mois de juin, ils ont fait une bonne saison et j’en suis très heureux pour eux. Je souligne aussi la réussite de M. Fortunato avec le passage Bareuzei. Quant au Centre Dauphine, qui est une multi-propriété, il sera rénové d’ici la fin 2022 ».
DLH : Vous avez demandé au Conseil Départemental de Côte d'Or la conclusion d'un accord de partenariat au même titre que les sept communes (1) de la Métropole retenues initialement par l'assemblée départementale. Où en êtes-vous ?
François Rebsamen : « C’est 100 % Côte-d’Or… sauf Dijon ! J’espère que François Sauvadet mesure ce qu’il est en train de faire. Dijon est la seule capitale régionale à ne pas être soutenue financièrement par son département. Dans le domaine culturel, par exemple, dont la compétence n’est pas transférée, quand M. Sauvadet supprime les 50 000 € de subventions à l’Opéra, les 50 000 € à la Vapeur… Finalement, il pénalise qui ? Les Côte-d’Oriens ! Il considère que Dijon et sa métropole ne sont pas côte-d’oriens. Nous sommes à ses yeux une espèce à part… des métropolitains, des dijonnais. C’est quasi unique en France. J’espère qu’il reviendra à ce qu’il faisait avant : les contrats de partenariat avec la ville de Dijon. Souvenons nous qu’il avait participé à hauteur de 20 millions d’euros à la construction du tramway. Je n’avais pas manqué de le remercier pour cet effort important. Maintenant, je ne vais pas le remercier du fait de nous couper tous les crédits. Alors que nous on l’accompagne un peu sur le social mais il ne le dit pas. On s’occupe aussi de mineurs isolés, de l’insertion pour le RSA, de dossier pour l’APA. On fait des choses pour le département. Des collèges dijonnais profitent du chauffage urbain qui leur évite d’entretenir ou de changer les chaudières. Nous, quand on agit pour Dijon, on agit pour tout le département. Il faut que François Sauvadet comprenne que les territoires de Côte-d’Or veulent travailler avec la métropole. C’est un appel que je lui lance. Travaillons ensemble dans l’intérêt de TOUS les Côte-d’Oriens ».
DLH : Y voyez-vous un lien avec les discussions pour le moins compliquées avec le Département dans le cadre du transfert des compétences prévues par la loi ?
François Rebsamen : « Tournons la page sur le transfert des compétences. La seule chose que je ne veux pas c’est que François Sauvadet puisse nous dire que du 1er janvier au 1er juin, c’est la responsabilité de la métropole alors même que les moyens financiers et les personnels ne nous auraient pas été transférés ».
DLH : Dijon a fêté la laïcité le 3 décembre dernier. C'est un thème qui vous est cher au même titre que l'égalité, la solidarité, la fraternité, la lutte contre les discriminations ?
François Rebsamen : « C’est l’essence de mon engagement. Ma carte de vœux dira « liberté, égalité, fraternité, laïcité ».
DLH : Grève des transports, mouvement des hospitaliers, grogne des policiers, des pompiers, des transporteurs routiers, manifestations imposantes contre le projet de réforme des retraites... Que pensez-vous du mouvement social qui a pris beaucoup d’ampleur ?
François Rebsamen : « Il y a un double péché originel dans le quinquennat d’Emmanuel Macron. Le premier c’est d’avoir supprimé l’impôt de solidarité sur la fortune. Et le second, qui est concomitant, c’est d’avoir bloqué les petites retraites et diminué les APL pour les personnes les plus modestes. Cela a créé une réalité qui fait de Macron le champion des inégalités. Aujourd’hui, toute réforme présentée par le gouvernement est perçue par les Français comme suspecte. La réforme des retraites, c’est flou. Et quand c’est flou, il y a un loup. Les gens se persuadent ainsi Qu’on leur cache une partie de la vérité. Avec le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune, ce que demandaient d’ailleurs les Gilets Jaunes, Emmanuel Macron avait une belle occasion de restaurer son image. Il ne l’a pas saisie. Si je fais un rapide calcul, on rend, sur la durée du quinquennat, à peu près 20 milliards d’euros aux plus aisés. Et on demande aux collectivités locales 11 milliards d’euros d’efforts. Cherchez l’erreur... »
DLH : C’est ce qui explique en partie le désamour entre l'Etat et les maires qui n'a jamais été aussi fort que maintenant ?
François Rebsamen : « Le Président de la République a fait beaucoup d’efforts pour rétablir une relation avec les maires. On peut dire qu’il les a découverts avec la crise des Gilets Jaunes. Mais l’à priori subsiste. Son gouvernement a fait le contraire de ce qu’il nous avait promis. Les maires ne croient plus en la parole de l’État. La situation n’est pas propre à ce Président. On l’a vécue avant lui. Mais là, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ».
DLH : Les élections de mars prochain à Dijon pourraient voir un nombre record de listes sur la ligne de départ. Comment jugez-vous cette situation ?
François Rebsamen : « C’est une situation générale et nationale, liée à l’éparpillement politique. La bombe Macron à travers l’élection présidentielle, c’était une bombe à fragmentation et on ressent ses effets au travers des différentes élections. La conséquence, c’est l’éclatement et l’effacement des partis politiques. Or, pour moi, les partis concourent à l’expression du suffrage. Aujourd’hui, pour diriger ce pays, il faut gagner l’élection présidentielle. C’est tout. Le reste ne compte pas. D’où les multiples listes ici ou là. On ne sait plus qui est de droite, de gauche. Heureusement, l’élection municipale n’est pas la plus politique même si ses impacts sont politiques. Dans une grande ville du nord, on pourrait même avoir 5 listes au second tour ».
DLH : Vous avez pour habitude de dire que, « lorsqu’on a la prétention de vouloir s'occuper de sa ville, d'accompagner son évolution, ou encore de travailler à son rayonnement, il faut d'abord l'aimer ». Aimez-vous toujours autant Dijon ?
François Rebsamen : « Ma passion, c’est Dijon. Ca fait longtemps que ça dure. Il y a des passions qui s’usent et d’autres qui durent. Et je pense que celle-là durera encore longtemps »
DLH : Alors si vous aimez toujours aussi passionnément Dijon, vous serez donc candidat à votre succession en mars prochain ?
François Rebsamen : « Vous le saurez en temps voulu. Permettez-moi de citer Albert Camus : « La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent ». C’est ce que je fais. Et qui a fait, fera... »
Propos recueillis par Jean-Louis Pierre