La suppression du taux réduit de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) sur le gazole non routier (GNR) continue de mobiliser contre elle nombre d’acteurs économiques. Pour preuve, la récente conférence de presse organisée par la FRTP a fait salle comble.
Le 5 novembre dernier, la FRTP avait déjà fait entendre sa voix (enfin nous devrions plutôt écrire sa colère) contre la hausse du gazole non routier (GNR). Et ce, devant la préfecture de la Côte-d’Or, ce qui n’était pas passé inaperçu, les patrons des travaux publics n’étant pas des habitués de ce type de mobilisation. C’est dire si cette mesure gouvernementale ne passait pas dans cette profession !
Même si, depuis, le gouvernement a mis un peu d’eau dans son vin – en Bourgogne, la formule est de rigueur – en ayant décidé de l’appliquer sur 3 exercices consécutifs (aux 1er juillet 2020, 2021 et 2022), cette mesure leur laisse toujours un goût amer. Et la FRTP n’entend pas baisser les bras, loin de là ! Cette fois-ci, le 16 septembre dernier, pas de rendez-vous devant la maison de l’Etat mais une démonstration de forces. Le président de la FRTP Bourgogne Franche-Comté Vincent Martin était entouré des présidents de la CPME BFC Benoît Willot, de la CPME Côte-d’Or Geoffroy Secula, du Medef BFC Jean-Philippe Richard, de la CAPEB BFC Alfred Morais, de la FFB BFC Bernard Laborey, de la FNTR BFC Georges Grenier… Même l’UNICEM (fédération rassemblant les producteurs de matériaux minéraux) était présente.
Ainsi des travaux publics aux carriers, en passant par le bâtiment et les transporteurs routiers, les organisations patronales ont toutes tiré une nouvelle fois la sonnette d’alarme. « Nous devrons répercuter cette hausse sur les collectivités locales, la commande publique représentant 70% de notre activité. Il faudra que l’on ait un discours de clarté avec les donneurs d’ordre publics et ce sera très compliqué avec les trois ans électifs qui se profilent devant nous », a résumé Vincent Martin, non sans rappeler le poids en terme d’emplois mais également en matière d’aménagement du territoire que représente le secteur des travaux publics. Selon lui, l’’augmentation du GNR, qui était « à l’origine une niche fiscale afin de corriger un excès d’impôts », générera une hausse des prix allant de 3 à 5 % par an.
Au nom de la CPME, Benoît Willot n’a pas non plus mâché ses mots à l’encontre de l’Etat : « Entre les belles promesses et la réalité, la vérité c’est le bilan, et les impôts et les taxes. C’est une belle hypocrisie ». Pour le Medef, Jean-Philippe Richard a souligné : « Je dis au gouvernement : la principale bataille, c’est la lutte contre le chômage. N’oubliez pas que ce sont les entreprises seules qui peuvent la gagner ». Les artisans du bâtiment, par la voix d’Alfred Morais, sont également montés au créneau : « L’impact sera énorme. C’est une mesure totalement injuste ». Une chose est sûre, tous ont cloué au pilori l’évolution des taxes sur le GNR… Les « énarques parisiens » ont eu les oreilles qui sifflent.
Au lendemain de cette conférence de presse dans les locaux dijonnais de la FRTP, Vincent Martin devait rencontrer le ministre des Comptes publics, Gérard Darmanin. Ne doutons pas que le message des entreprises est remonté au sommet de l’Etat ! En tout cas, c’est d’ores et déjà fait en Bourgogne Franche-Comté…
Camille Gablo