Touche pas à ma Cité !

Le maire PS de Dijon, François Rebsamen, a vivement contre-attaqué face au recours déposé par le conseiller municipal d’opposition, Emmanuel Bichot, portant sur la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin. Le premier magistrat a demandé à l’ensemble des acteurs économiques et de l’emploi de l’agglomération d’entrer dans la partie pour faire retirer ce recours, synonyme d’un « important retard ».

Offensif… Ce qualificatif, qui sied à merveille cette année au DFCO dont la montée dans l’élite est entérinée, est, sans conteste, celui qui est venu à l’esprit des participants à la réunion économique organisée par le président de la Communauté urbaine dijonnaise le 21 avril dernier. Devant les principaux acteurs économiques du Grand Dijon, François Rebsamen, tout comme son équipe fétiche, est passé à l’attaque. Il a adressé un carton rouge à Emmanuel Bichot… sans le citer : « C’est avec stupeur que j’ai découvert qu’une partie de l’opposition municipale de Dijon, qui siège aussi au Grand Dijon d’ailleurs, avait déposé, in extremis, le dernier jour du délai règlementaire, un recours contre le projet de la Cité de la Gastronomie. Ce recours étant suspensif, c’est un très mauvais coup porté à notre économie ». Et le capitaine PS de l’agglomération, entouré de son équipe de vice-présidents, d’ajouter : « Bien sûr, chacun est libre, y compris de chercher la petite bête, y compris de ne pas soutenir le développement de son propre territoire. Mais chacun est libre aussi d’en mesurer les conséquences ». Non sans les lister : « Ce recours représente le risque d’un important retard, pour un projet de 250 M€. C’est du retard pour l’activité économique, la construction, le bâtiment, l’emploi. Il suspend l’achat et les travaux de l’un des projets les plus importants de Dijon, que nous avons à porter ensemble, parce que nous avons de l’ambition pour cette ville que nous aimons. Nous avons la volonté qu’elle se développe, parce que nous voulons donner du travail à nos entreprises, construire des logements pour les Dijonnais, faire rayonner notre ville et l’ensemble de son territoire ».

« Dijon métropole, capitale régionale »

Expliquant que « Dijon n’avait pas besoin de procédurier » et qu’« une vision néo-conservatrice de la ville pouvait avoir des conséquences fatales pour certaines entreprises », François Rebsamen s’est alors adressé aux acteurs du monde économique, leur demandant d’entrer sur le terrain politico-économique : « Aidez-nous ! Si vous pouviez faire en sorte que ce recours soit retiré, vous agiriez à la fois pour vous mais aussi pour tous les habitants. Nous devons tous nous mobiliser autour de l’idée : Dijon métropole, capitale régionale ! »

Après les interventions de Pierre Guez, président de Vitagora et directeur de Dijon Céréales, et de Benoît Willot, président de la CGPME 21, qui ont tout deux défendu le dossier de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin, les participants se sont retrouvés pour une rapide 3e mi-temps autour d’un café matinal. Et là les commentaires ont évidemment été légion… Vous pourrez en découvrir quelques-uns dans notre page ci-contre.

Mais revenons au présent : de son côté, Emmanuel Bichot restait sourd à ces appels… du pied : « Notre recours ne compromet pas ce projet. Ce n’est qu’une des 18 clauses suspensives, dont celle très compliquée liée au cinéma. Ce recours ne fait que se superposer à celui déjà existant (ndlr : engagé par l’entreprise Seger) sur le même objet : l’absence de marché public, alors que dans ce dossier, nous sommes à 30 M€ d’argent public mobilisé ».

C’est par le biais d’un appel à manifestation d’intérêt que le groupe Eiffage s’est vu confier la réalisation de ce projet d’envergure. Un projet qui est, pour l’instant, mis sur la touche !

Xavier GRIZOT

 

Les petites phrases de François Rebsamen

Mouvement : « Alors que la capitale régionale gagne des habitants, les villes moyennes de la Région en perdent. Je le regrette, mais c’est ainsi. Et notre croissance, nous la devons à une politique massive et revendiquée de construction et d’investissements au profit du territoire et de ses habitants, qui rend notre ville attractive et dynamique. Faut-il que je rappelle ne serait-ce que la place de la Libération, la place Darcy, la place de la République ? Faut-il que je retrace en totalité l’histoire de cette ville que nous avons mise en mouvement, qui n’avait plus de nom que « la belle endormie », dont nous avons fait une ville étudiante, vivante, une ville propre, l’une des moins polluées de France où la qualité de l’air est meilleure aujourd’hui qu’il y a 5 ans grâce au tramway, le réseau de chauffage urbain… ?

Destin : « Avec les 24 maires de la Communauté urbaine, nous avons uni notre destin. Nous ne sommes pas toujours d’accord sur tout, mais jusqu’alors, nous l’avons toujours été sur l’essentiel. Pendant presque 15 ans d’ailleurs, nous avons fonctionné, au delà de nos sensibilités politiques, dans l’intérêt supérieur du territoire. Chacun sait que c’est ensemble, que nous avons construit le Zénith, la Piscine Olympique, le tramway. Nous avons conduit ces chantiers. Vous les avez conduits et ils ont fourni du travail à vos entreprises, à vos salariés. Ils sont maintenant là, au service des Dijonnais, et ce serait être malhonnête de ne pas reconnaître combien les habitants tirent bénéfice de ces investissements ».

Additions : « Je vous laisse faire les additions, non seulement comptables, mais économiques, pour l’emploi, pour l’activité des entreprises qui attendent ces investissements, pour les patients de l’hôpital qui attendent un nouveau scanner, pour les Dijonnais qui seront logés dans les appartements à loyer abordable prévus dans le projet de la Cité de la Gastronomie, pour les commerçants du centre ville, qui profiteront de cette attractivité renforcée… »

Béton : « Comme je ne suis pas sourd, j’entends dire, ici où là, que nous bétonnons la ville. Je lis des pétitions de voisinage qui sont parfois tout sauf spontanées et qui s’opposent à telle ou telle construction. Pourquoi construit-on des logements dans une ville comme Dijon ? Rien que pour maintenir la population, nous avons besoin de construire 500 logements nouveaux par an. Parce que la population vieillit. Parce que nous avons des jeunes, qui ne peuvent se loger que dans le parc à loyer modéré. Non pas pour accueillir la France entière, mais tout simplement pour loger les Dijonnais, quels qu’ils soient, et les jeunes en particulier, parce que nous sommes, c’est ma volonté, une ville accueillante à la jeunesse, à vos et nos enfants. Alors, avec moi, je vous invite à tordre tout à fait le cou à l’idée selon laquelle construire en ville, c’est bétonner ».

Exploitation : « Que des riverains s’interrogent, à l’occasion de tel ou tel projet qui modifie leur environnement immédiat est légitime. Ce qui pose problème, c’est l’exploitation politicienne qui en est fait par certains. A Dijon, il se trouve qu’une majorité des projets facilement incriminés se situe toujours dans les mêmes quartiers : Montchapet, allées du Parc… Je me questionne. Dans un passé qui n’est pas encore très ancien, combien de projets plus « spectaculaires » que ceux qui sont visés aujourd’hui ont été réalisés sans qu’à l’époque, personne ne s’en émeuve ».

Atouts : « Dijon, capitale régionale, possède certes de formidables atouts, mais son attractivité n’est pas le fruit du hasard. Nous y travaillons. Nous y travaillons d’arrache pied, avec des projets, avec de l’ambition. Pas seulement pour demain mais aussi pour aujourd’hui. Avoir de l’ambition, c’est aussi faire preuve d’un certain courage. Le projet de la Cité de la gastronomie en témoigne. Une ville sans projet est une ville qui se meurt ! »