Millésime 2013 : Vin sur Vin ?

Vous l’avez peut-être vu dans l’émission des Racines et des Ailes sur la Bourgogne diffusée mercredi 18 septembre. Aubert de Villaine goûtant la pulpe, la peau et les pépins du raisin afin de deviner la qualité du millésime. Le gérant du domaine de la Romanée-Conti, l’un des plus célèbres du monde, a ainsi rappelé aux caméras de Patrick de Carolis pourquoi notre Côte est d’Or. Grâce aux raisins, rouges ou blanc, qui, chaque année à pareille époque, sont attendus par les apôtres de Bacchus comme de véritables dons de Dieu…

Au cœur de son vignoble, entre le richebourg et la romanée saint-vivant, Aubert de Villaine, qui préside l’association pour le classement des Climats de Bourgogne au patrimoine mondial de l’Unesco, narrait ainsi sur France 3 l’importance du terroir et du travail des hommes. Tout en croquant quelques pépites de la côte de Nuits… qui, après la vinification, se transformeront en or dans les bouteilles tant recherchées.

Seulement, le raisin est facétieux. Il tremble devant la grêle, se pâme au soleil mais apprécie également, avec modération tout de même, quelques bains de pluie. Madame Météo le pousse souvent dans ses derniers retranchements : pas encore mûr mais déjà attaqué par la pourriture… comme cela semble le cas cette année sur la côte de Beaune, où les armées de vendangeurs n’ont pas été engagées sur les champs (de bataille) au même moment.
Dans ce secteur, pour le Chardonnay ou le Pinot noir, même combat : « Avec les épisodes de grêles, nombre de domaine ont d’ores et déjà perdu un tiers de leurs récoltes. De Volnay à Pernand-Vergelesse, toutes les communes ont été frappées. Heureusement que les raisins restant sont de bonne tenue. La quantité ne sera pas là cette année mais il devrait en être tout autre pour la qualité », prophétise Thierry Dubuisson, chef de culture au domaine Coste-Caumartin, dont le Pommard 1er cru clos des boucherottes, qui fut placé dès 1507 dans le « domaine royal », fait toujours des merveilles aujourd’hui.
Comme nombre de ses collègues de la côte de Beaune, ce « forçat de la vigne » s’inquiète : « Beaucoup de viticulteurs, notamment les plus jeunes et ceux qui viennent d’investir, sont extrêmement fragilisés. Après déjà deux années difficiles, avec des récoltes ponctionnées par la grêle ou encore la coulure (chute des fleurs ou des jeunes fruits), certains sont près du gouffre. Les stocks se sont réduits comme peau de chagrin… Il faut faire en sorte que 2013 ne soit pas l’année de trop ! »

Rappelons que dans la mesure où les vignes peuvent être assurées contre des phénomènes climatiques, elles ne peuvent faire l’objet d’une déclaration de catastrophe naturelle. Pendant que leurs représentants tentent d’obtenir diverses aides pour les domaines sinistrés, des viticulteurs de Pommard et de Rully se penchent sur la mise en place de générateurs, soufflant de l’iodure d’argent dans l’atmosphère et susceptibles de réduire de 50% les risques de grêle. L’argent envoyé dans l’air (et non jeté en l’air) pour protéger l’or de notre terre…

Le Bourguignon, comme son ancêtre le Gaulois, d’Alesia et d’ailleurs, a naturellement toujours peur que le ciel lui tombe sur la tête. Mais, à la différence de Vercingétorix, il ne semble pas disposé à déposer les armes contre… les nouvelles mesures envisagées par le gouvernement pour limiter la consommation vineuse. Car, à la veille de ces vendanges de tous les dangers, filtraient quelques informations sur un possible durcissement de la loi Evin… Ce qui ne fut pas du goût de l’association Vin & Société, regroupant 500 000 professionnels de la filière, qui, en réponse, lança le site cequivavraimentsaoulerlesfrancais.fr !
Autant de sujets qui abreuvent actuellement les conversations dans les vignes, au même rang que les questions d’acidité, de sucres ou de tanins. « Année à confitures », comme certaines mauvaises langues ne manqueront pas de susurrer, ou pas, 2013 suscite son lot d’interrogations. Rejoindra-t-elle la liste des grands millésimes ou non ? Pour l’instant, nous n’en sommes qu’à sa genèse. Pour le montrecul, dernier vin dijonnais, la vendange ne se fera par exemple que ce dimanche sous les ordres de Cyril Raveau, œnologue et responsable touristique de vignoble de Flavigny-sur-Ozerain, qui a « préféré, quant à lui, attendre plus longtemps pour obtenir une plus grande maturité ». La patience comme secret de la réussite ?

Seul le vin tiré révèlera ses secrets. In vino veritas !
Arnaud Cush

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Des millésimes disparates

Les adeptes de Bacchus les connaissent très bien : 2012 bon en rouge, moins en blanc ; 2011 rouge correct, blanc plaisant ; 2010 grand rouge, blanc très bon ; 2009 très grand en rouge, bon en blanc ; 2008 moyen en rouge, meilleur en blanc. Pour les rouges comme pour les blancs, les millésimes 2005, 1990 et 1989 furent également exceptionnels. Mais moins, paraît-il, que ceux des années 1929, 1947 et 1978 exceptionnels en rouge. Du côté des blancs, sont citées comme exceptionnelles les années 1928, 1947, 1949, 1962 et 1971 !

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Dijon possède aussi ses vins

Comme vous le savez certainement tous – vous n’avez pas pu manquer l’information –, ouvrira à Dijon fin 2016 la Cité internationale de la gastronomie. Celle-ci devrait participer activement à la promotion de la vigne et du vin. Qui sait, dans la vinothèque chargée de valoriser les vins du terroir, peut-être trouvera-t-on les vins de Dijon ? Eh oui, il reste quelques parcelles de vigne dans les remparts de la capitale régionale : le célèbre Montrecul, avec son nom sans pareil : le lieu étant très pentu, ce nom proviendrait du fait que, lorsque les vigneronnes travaillaient, l’on pouvait voir sous leur robe en bas de la pente. L’on pourrait également trouver dans cette vinothèque quelques flacons de ce qui reste du Clos des Marcs d’Or, 42 ares qui surplombent le quartier de la Fontaine d’Ouche. Ou encore, qui sait, des bouteilles issues de la vigne de la BA 102, à Longvic… Mais là, il est difficile de s’en procurer. La base fait bonne garde…