Dans son dernier magazine municipal, intitulé « Regards Croisés », le maire de Saint-Apollinaire insiste sur « la proximité bienveillante et rassurante » portée par la commune. Alors que les élus municipaux n’ont jamais été aussi inquiets sur les économies imposées aux collectivités exigées par l’État – le Salon des Maires à Paris a illustré ces craintes ! –, Jean-François Dodet nous détaille toutes les actions portées sur son territoire par l’échelon municipal. Et il n’entend pas que celles-ci soient mises à mal…
Je vous cite : « A tous les défis que l’on rencontre, la proximité peut servir de dénominateur commun dont le numérateur est l’échelon municipal ! » Pensez-vous que seule cette proximité puisse maintenir le lien social qui se délite actuellement dans notre société et favoriser un véritable destin commun ?
« Nous vivons en effet une période troublée où des décisions ne se prennent pas forcément en relation avec ce qu’attendent les citoyens dans leur quotidien. Il faudrait, au niveau national, se préoccuper de ce qu’est la vraie vie, des vrais gens. Depuis que la question budgétaire de la France est sur la table, on essaie de faire porter de nouvelles charges sur les collectivités comme si elles étaient responsables de tous les maux. Et ce, alors que, comme chaque étude le montre, l’échelon municipal est celui qui est considéré, par nos concitoyens, comme le plus essentiel.
Sur les nouvelles charges qui pèsent sur les collectivités, j’ai encore un exemple récent de ce matin : c’est aux maires qu’incombe le fait d’aller voir si on s’occupe bien des enfants qui étudient à domicile. Certes 8 enfants sont seulement concernés à Saint-Apollinaire mais que vient faire la municipalité là-dedans alors que cette question est purement régalienne ? On nous demande de plus en plus de choses – c’est vrai aussi pour tout ce qui concerne l’aspect sécuritaire – et, dans le même temps, on nous réduit de plus en plus les recettes. Et on nous alourdit les charges, avec l’augmentation du point d’indice, la diminution du taux de remboursement de la TVA…
Je comprends tout à fait que l’État doive maîtriser les dépenses. Nous, cela fait 17 ans que nous n’avons pas augmenté les impôts à Saint-Apollinaire. Le seul problème, c’est qu’arrive un moment où, avec une formule assez triviale, je pourrais dire que certaines communes qui par la maîtrise de leurs dépenses étaient à l’os sont désormais à la moelle !
Si cela continue, il y a des choses que nous ne pourrons plus faire et, en tant que maire, je vais revisiter, à ma façon les injonctions des pouvoirs publics sur des choses que l’on nous demande de faire et qui ne relèvent pas de la compétence des maires. Il faut à un moment donné rappeler la place et le rôle de chacun. C’est ainsi que l’on gère bien les choses. Et c’est seulement comme cela que nous pouvons faire de la proximité efficace en phase avec les attentes de nos concitoyens ! »
Saint-Apollinaire a toujours eu un temps d’avance dans le domaine de l’intergénérationnel. Voilà également un pan de l’efficacité de la proximité en matière de lien social…
« Nous continuons bien évidemment parce que je pense que la solidarité doit s’exprimer de plus en plus fortement entre les générations. Et, là, la commune a toute sa place. Nous entrons dans l’élaboration d’un tiers-lieu au sein duquel toutes les générations pourront venir, échanger. Celui-ci sera basé sur Médialude et l’Espace Jeunes à côté de la mairie. Nous travaillons activement sur ce projet d’avenir avec les adjoints et les services ».
Vous vous êtes particulièrement mobilisés pour Octobre Rose et j’imagine que vous apporterez votre pierre au Téléthon ?
« Bien évidemment ! Nous participerons au Téléthon et la solidarité battra son plein, comme toujours, à Saint-Apollinaire. Nous l’avions vu par exemple spontanément lors des grands incendies qui ont frappé le Portugal. Un Epleumien a souhaité aider un village entier. Il y a eu un appel aux dons et des véhicules sont partis sur place. C’est important que chacun puisse se montrer bienveillant par rapport à son voisin mais aussi à ce qui peut se passer dans d’autres pays. Ce fut aussi le cas avec l’Ukraine lorsqu’il a fallu accueillir des familles. Cet élan de solidarité s’exprime fortement dans la commune et nous le soutenons soit à travers le tissu associatif soit directement en épaulant les initiatives individuelles ».
Micro-forêts urbaines, isolation des bâtiments municipaux, développement du parc de voitures électriques, installation de bornes électriques, avènement de la liaison cyclable dans le cadre du Plan vélo Métropole jusqu’à Dijon, actions fortes en faveur de la biodiversité… nous pourrions rapidement tomber dans un inventaire à la Prévert avec votre Plan communal de transition écologique. 4 ans après qu’il a vu le jour, où en êtes-vous ?
« Nous avons déjà des bons résultats. Nous avions, en effet, lancé en décembre 2020 le Plan communal de transition écologique et nous présenterons en mars le bilan. Je peux vous dire d’ores et déjà qu’il sera très positif. Nous aurons pratiquement rempli tous les objectifs que nous nous étions fixés. Et ce, avec l’implication de tous, ce dont je me réjouis aussi. C’était en effet avec un jury citoyen que nous avions rédigé cette feuille de route essentielle pour Saint-Apollinaire comme pour la préservation de la planète ! »
En 2020, vous aviez érigé l’implication des citoyens comme l’une de vos préoccupations majeures… La démocratie participative bat donc son plein à Saint-Apollinaire ?
« Nous faisons tout pour que les citoyens se sentent écoutés, impliqués et soutenus dans tout ce qui concerne la vie publique. Nous avons mis en place le réseau des ambassadeurs : des habitants de la commune qui ont accepté d’échanger avec les services, de recevoir des informations de la mairie et de les diffuser dans leurs entourages. Alors que les réseaux sociaux ont tendance à s’enflammer sur des éléments non validés, notre volonté est de donner de vraies informations sur les actions menées par la mairie auprès de ces ambassadeurs que l’on réunit deux fois par an.
Dans le même temps, ils nous font remonter un certain nombre de choses qu’ils souhaiteraient voir dans la commune. Et ce dispositif monte en puissance, puisqu’ils sont déjà plus d’une centaine. Notre objectif est d’avoir une véritable interactivité, de façon à ce qu’il n’y ait aucune fausse interprétation sur des choses qui n’en valent pas la peine. Un exemple : nous avons soumis l’arrêté sur l’entretien des trottoirs au réseau des ambassadeurs qui nous a fait remonter quelques remarques même si, globalement, celui-ci fut très bien accepté. La proximité, à Saint-Apollinaire, c’est un échange le plus régulier possible sur des domaines qui impactent le quotidien des citoyens. Sans tomber dans la démagogie, je pense que le compte-rendu que les élus doivent faire à la population doit être le plus précis et le plus rapide possible…
La démocratie participative exige que les élus et les citoyens partagent cet exercice, tout en évitant que ces derniers formulent des demandes à toute heure du jour et de la nuit. C’est un vrai équilibre à trouver dans cette construction du quotidien qui me tient tant à cœur. C’est tout le sens de l’intérêt général ».
Où en êtes-vous de l’EcoParc Dijon Bourgogne ?
« Ce parc de Dijon Métropole qui vient, au demeurant d’y acquérir le Centre de formation du DFCO, se développe fortement. Les inaugurations s’enchaînent, à l’image, récemment, d’Eurogerm. D’autres entreprises ont également prévu de s’y installer. Et Saint-Apollinaire en bénéficie pleinement de par la qualité des entreprises qui arrivent et de par le fait que cela renforce notre pôle d’emplois de proximité. Cela permet aux habitants de disposer d’emplois à proximité, ce qui limite les flux pendulaires de voitures. Avec toutes les zones industrielles, Saint-Apollinaire a la chance d’avoir 1 258 entreprises représentant 3 315 emplois. Et ce, pour 7 580 habitants ! Cette proximité de l’emploi, à laquelle nous tenons beaucoup, est une véritable force pour notre commune ».
Qu’en est-il de votre nouvel éco-quartier ?
« Le projet à Courbes-Royes, situé derrière l’Intermarché, est lancé et celui-ci comptera à terme 240 logements d’ici 2026-2027. L’aménageur est en train de choisir les promoteurs pour les habitats collectifs et il a lancé la commercialisation des lots individuels ».
Vous êtes le 6e vice-président de Dijon Métropole. Cela montre-t-il à quel point Saint-Apollinaire et la métropole fonctionnent de concert ?
« Nous ne pouvons pas ne pas être métropolitain dans une commune comme la nôtre. La métropole apporte beaucoup pour nos communes même, si, sur certains dossiers, elle pourrait toujours faire mieux. Mais globalement Saint-Apollinaire ne pourrait pas se développer sans les services apportés par la métropole ».
Quels sont les enjeux majeurs pour l’année à venir ?
« Nous allons continuer de renforcer l’intergénérationnel et nous délibérerons au mois de décembre sur la mise en place du programme de labellisation Ville Amie des Aînés. Et nous allons renforcer la position du tiers-lieu afin d’en faire un véritable lieu d’échanges. Nous continuerons le soutien au tissu associatif, qui, sur la commune, est particulièrement actif – et c’est une chance. Aussi ne baisserons-nous pas les subventions aux associations et nous ferons tout afin d’améliorer leur fonctionnement car c’est là-aussi que la démocratie peut s’exprimer.
Je n’oublie pas non plus les projets à court, moyen et plus long terme, que nous avons sur Pré-Thomas : installation d’une annexe de l’école de kinésithérapie – le permis de construire vient d’être délivré et les travaux vont démarrer –, l’avènement d’une structure pour enfants porteur de troubles autistiques. Et nous travaillons à la mise en place d’une maison de l’autonomie là où nous aurions dû avoir un équipement de la FEDOSAD… Celle-ci ayant déposé le bilan, nous recherchons d’autres promoteurs œuvrant dans le domaine. A tout cela, il faut également ajouter la construction d’un nouvel équipement scolaire indispensable eu égard au nouveau quartier Courbes-Royes. Son ouverture devrait intervenir 2028… Saint-Apollinaire avance ! »
Propos recueillis par Xavier Grizot