Michel Couqueberg : 45 ans de liberté…

A partir du 1er octobre, nous ne pouvons que vous conseiller de vous rendre à l’exposition anniversaire d’un des plus grands maîtres de la matière dijonnais : le sculpteur Michel Couqueberg qui ouvre les portes de son temple de la création et dévoile pas moins de 200 œuvres illustrant son travail (et son talent !) depuis 45 ans. D’aucuns le qualifient comme le digne descendant de François Pompon mais celui-ci pousse la création bien au-delà… Avec la liberté comme pilier de son art !

« La liberté d’imagination n’est pas une fuite dans l’irréel, elle n’est pas une évasion, elle est audace et invention ! » Cette formule d’Eugène Ionesco pourrait être apposée sur les socles des statues de Michel Couqueberg, tellement cet artiste dijonnais a la liberté chevillée au corps… et au cœur ! D’ailleurs il n’aime rien moins que se définir comme un « homme libre ! »

L’écrivain dramaturge, qui est devenu célèbre grâce à sa pièce Rhinocéros mise en scène à Londres par Orson Welles (excusez du peu !), aurait, une chose est sûre, apprécié, à sa juste valeur, le travail de Michel Couqueberg, qui excelle dans la sculpture animalière. Et ce, depuis 45 ans… A l’occasion de cet anniversaire, ce maître de la matière organise une exposition d’envergure. Du 1er au 31 octobre, de 10 h à 19 heures, il vous ouvre les portes de son atelier et de sa galerie, où vous en prendrez plein les yeux. Où vous pourrez découvrir l’ensemble de son parcours : depuis sa première chouette en bois en 1979 dans la cave de son domicile dijonnais jusqu’à ses derniers nés en bronze-argenture dégradée appartenant à sa nouvelle collection Kookypix… qui s’accompagne, pour les acquéreurs, d’un tirage (numérique, d’où l’appellation de cette collection bicéphale) des plus contemporains.

Si bien que Michel Couqueberg, qui n’a eu de cesse, depuis ses premiers coups de ciseau dans le bois, d’évoluer pour être on ne peut plus en phase avec son temps, vous entraîne dorénavant dans un voyage artistique multidimensionnel. Ce n’est pas la « Guerre des Mondes » d’Orson Welles mais des courbes pacifiées qu’il sublime, car il n’a pas son pareil pour apaiser les aspérités et épurer les lignes…

Récompensé par ses pairs

Pour ne citer qu’elles – parmi les 200 œuvres présentées à l’occasion de cette exposition –, son marabout ou encore son pélican feront s’envoler votre imagination. Et que dire de son Phénix qui aurait, sans conteste, enchanté les pharaons égyptiens… Les couleurs (de feu, mais pas seulement) et les formes n’ont plus aucun secret pour cet ancien professeur qui n’a pas son pareil pour dialoguer avec la matière. Et, ce quelle qu’elle soit, puisqu’il a su aussi façonner, comme personne, l’altuglas. Il faut dire qu’en moins de cinq décennies il a réalisé plus de 1 500 œuvres. Nombre d’entre elles ont enthousiasmé les collectivités qui se sont tournées vers ce sculpteur pour leurs monuments. Ou des sites prestigieux comme le Clos Vougeot au sein duquel trône l’un de ses ceps revisités, dégusté, comme il se doit, par la Confrérie des Chevaliers du Tastevin…

Le travail de cet ardent thuriféraire de la Nature – « celle-ci a tout inventé et l’on ne fait que la réinterpréter » – a été reconnu par ses pairs, puisqu’il a obtenu le Grand Prix européen de l’Art contemporain en 2019. Un palmarès qui fut fondé, rappelons-le, par les anciens ministres Jean Lecanuet et André Bettencourt, et qui a auréolé les plus grands, à l’instar de César dont les statues éponymes récompensent chaque année les meilleurs artistes… du 7e Art. Et nombre de galeries, en France mais aussi à l’extérieur de nos frontières, ne s’y trompent pas, puisqu’elles jettent régulièrement leur dévolu sur ses œuvres.

Son jardin artistique

D’aucuns aiment le présenter comme le digne successeur de François Pompon, qui avait, lui aussi, en son temps, bousculé les us et coutumes artistiques en décidant de simplifier les formes. C’est avec ce modernisme et son plantigrade que nous connaissons tous que le natif de Saulieu défraya la chronique au Salon d’automne de Paris en 1922 et rendit surannée la sculpture réaliste de l’époque… C’était il y a un siècle et Michel Couqueberg va bien au-delà… puisqu’il réinvente même la Nature qui lui est chère. Vous le découvrirez en contemplant son oiseau écureuil ou encore son fennec qui porte bien son nom : « Roulade… »

Michel Couqueberg sait illuminer notre temps par son talent créatif unique – c’est certain –, mais il s’est aussi imposé grâce à travail incessant, parce que, comme il le souligne avec la justesse et l’humilité qui le caractérisent, « sans technique, pas de grand œuvre ». Celui-ci ne compte plus ses heures passées dans atelier, son « temple » comme il nous le confie, d’où jaillit la lumière… Un temple, au sein duquel les centaines de moules sont autant de pierres dans son jardin artistique témoignant de son cheminement et de son évolution depuis 45 ans maintenant.

Camille Gablo

 

Exposition « Michel Couqueberg, 45 ans de sculpture »

Atelier du Moulin. 3 B, Chemin du Breuil. 21490 Orgeux

Du 1er au 31 octobre. De 10 heures à 19 heures

Galerie ouverte tous les jours. Sans rendez-vous

06 11 61 89 70

www.couqueberg.com