CSL Dijon : A jamais les premiers !

Il y a juste cinquante ans, le 26 mai 1973, le CSL Dijon (Cercle Sportif Laïc Dijonnais) devenait Champion de France de handball. Il battait d’un but, à l’ultime seconde d’une finale épique, le grand favori du moment, le PUC (Paris Université Club), sur le plancher parisien du Stade Pierre de Coubertin, devant des centaines de supporters de la Cité des Ducs. Une victoire et un titre qui, en dépit des années, tiennent toujours autant de place dans la mémoire collective de Dijon…Un exploit quasi-mythique, qui donne beaucoup d’émotions à l’évoquer.

Le parcours de la saison 1972-1973 s’était parfaitement terminé pour la formation dijonnaise, ponctuant sa phase de poule par un succès déterminant sur la puissante ASPTT Metz, au cours d’un match titanesque dans des Poussots chauffés à blanc. Cette victoire sur les Messins fut en effet un événement déclencheur : elle plaçait le Cercle en tête de la poule B, devant la Stella Sports de Saint-Maur, et lui permettait d’affronter le numéro 2 de la poule A, les Carabiniers de Billy-Montigny, en demi-finales. Elle offrait surtout aux Dijonnais une confiance collective à toute épreuve qui, alliée à un appétit de vaincre croissant, pouvait renverser les obstacles les plus solides…

L’aller de la demi-finale à Billy n’est pas une promenade de santé, mais le CSL Dijon, s’il plie face aux bras nordistes des Cailleret, Nita ou Rada, ne rompt pas ; longtemps décontenancé par la réussite du gardien adverse, il revient à Dijon avec un seul point de retard. Le match-retour gagné aux Poussots 19-16 assure une qualification pour la finale à Paris, face au PUC… Et un engouement sur la ville qui fait se précipiter au siège, rue des Fleurs, quantité de candidats à la « montée » sur la capitale le 26 mai.

En finale, loin d’être la favorite devant une équipe parisienne réputée solide et efficace, la formation dijonnaise tient bien d’entrée, ne se laisse pas impressionner, sait relever le gant, rend coup pour coup, fait jeu égal… Bornot et Alba égalisent… Avant que Bourgeois, Perney et André Sellenet ne placent les leurs en avant. Bien aidés par un Bernard Sellenet, intraitable dans ses buts… Les Parisiens reviennent mais Alba, encore, maintient une légère avance et la mi-temps survient sur le score de 8 à 6 pour Dijon.

Un pénalty et le… paradis

La seconde période, télévisée sur l’unique chaîne du moment, prend des allures d’épopée : les grands tireurs parisiens échouent sur un gardien bourguignon sauvant maintes situations compromises et parvenant à lancer son frère pour un raid victorieux. Le PUC prend l’avantage sur pénalty mais à trente secondes de la fin, Bourgeois ramène les siens et obtient les prolongations : 14-14.

Celles-ci voient immédiatement la formation dijonnaise accélérer. Protégé par une défense de fer bien regroupée autour d’Albert Dutin, Bernard Sellenet multiplie les relances en contre-attaque et Dijon possède une avance d’un but au changement de camp : 15-14 ! La nervosité est à son comble sur le terrain et dans les gradins. A la reprise, le Parisien Loyer égalise. Son coéquipier Orsini tire en manquant de précision… Bernard Sellenet propulse instantanément un long ballon sur Alba qui se fait écrouler aux 6 mètres. Il reste 20 secondes à jouer…Guy Bornot transforme le pénalty et envoie son équipe au paradis : 16-15 !

Victoire de la volonté ? Victoire de ne pas s’en laisser compter par un favori que la presse spécialisée avait sacré champion avant de jouer le match ? Une victoire du dépassement individuel et collectif ? Ou victoire de l’inspiration, des ballons rapides, de la création, des contre-attaques magiques ? Sans doute l’addition de tout cela… Mais, surtout, comme l’indique le bulletin de la Fédération française de handball, le succès d’une équipe parfaitement soudée « ayant pu s’appuyer sur le talent de son gardien Bernard Sellenet qui a dominé ses adversaires »… Et sublimé ses partenaires ! Emotions…

André Grizot

 

Sur la photo, l’équipe du CSL Dijon championne de France 1973

Debout (de gauche à droite) : Bernard Sellenet, Gérad Picoche, Jean-François Bourgeois, Guy Bornot, Serge Perney, Patrice Tissot

Accroupis (de gauche à droite) : André Sellenet, Albert Dutin, Jean-François Nubourg, Pierre Alba, Jacques Fournier, Joël Lacroute.