On peut bien se laisser aller à une joie sans mélange. On en rêvait, elle est là. On ne voit plus qu’elle dans ce quartier de Dijon qu’on traversait sans trop y faire attention depuis la fermeture de l’hôpital général. On en rêvait, elle est là. Réjouissante et inspirante, elle incarne tout à la fois notre identité régionale et nationale. On reste sans voix, sans consonne ni voyelle.
La Cité internationale de la Gastronomie et du Vin montre que la ville n’abdique pas ses richesses, n’oublie pas d’être elle-même. On le sait, Dijon est fière de sa multiplicité, de son histoire, fière de ses traditions et de ses produits plusieurs fois centenaires, de sa primauté dans le domaine du goût. Elle demeure surtout gourmande jusqu’au vertige et donne désormais avec sa Cité accès à la diversité des hommes et des cultures. Nous avons là un terrain commun qui garantit notre place dans le monde de la gastronomie et du vin. Et le bouche à oreille n’a pas fini de diffuser ce parfum de nouvelle aventure.
C’est un endroit qui, certes ne ressemble pas à la Louisiane, mais qu’il faut arpenter à toute heure. La magie opère. La visite est un festival pour les sens, un enivrement olfactif. Chaque halte inspire une émotion visuelle. De quoi se donner une entorse rétinienne tant il y a à voir : un centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine de Dijon, une cave sur trois niveaux, une cuisine expérientielle, l’école des vins de Bourgogne, de grandes expositions, un cinéma à la pointe de la technologie, un village gastronomique… et l’Ecole Ferrandi, une des plus prestigieuses écoles de gastronomie au monde, véritable ruche avec celles et ceux qui, ensemble ou individuellement, mitonneront en coulisses des mets aux saveurs franches en concordance avec notre esprit et notre philosophie. Des mets qu’ils proposeront à Dijon, en Côte-d’Or, en Bourgogne, en France ou même dans le monde entier avec une signature qui rejaillira sur la ville et sa Cité.
Car la cuisine, notre cuisine, n’est pas seulement un moyen de subsistance, c’est un art, un mode de vie et d’expression, et nous en attendons désormais de grandes choses. Les tables de restaurant ou les grandes tables familiales ne sont elles pas finalement les dernières îles où semble s’être réfugié le bonheur dans toute sa simplicité ? Qu’est-ce que la gastronomie, sinon par excellence la « bonne manière de vivre » ? La gastronomie, symbole le plus délicat d’une authentique civilisation.
La gourmandise, longtemps considérée comme un péché, a trouvé son Temple pour conjuguer aujourd’hui désir et plaisir. Dijon, à sa façon, réécrit les nouvelles lois de la table qui se projettent dans une vision d’une alimentation plus saine qui intègre les dimensions santé, environnement et plaisir. Dijon et son maire François Rebsamen écrivent une nouvelle et belle page qui fera taire tous ces mauvais procès d’intention portés par des trublions d’arrière cuisine électorale qui promettaient une nouvelle fois plus de beurre que de pain, et tous les esprits chagrin, déclinologues de comptoir qui ont poussé le bouchon un peu trop loin et mis un peu trop imprudemment les pieds dans le plat.
Mais peu importe. On en rêvait, elle est là. Place aux émotions. Laissons nous aller aux délices d’initiés… dans cette Cité internationale de la Gastronomie et du Vin et dans ce quartier de demain qui associe culture, plaisir, gastronomie, bureaux, habitations et préoccupation environnementale.
Jean-Louis Pierre