Depuis quelques semaines un mot bien « barbare « la STAGFLATION est de nouveau sur les lèvres de nombreux économistes et financiers. Ce terme signifie qu’à la fois l’inflation et la stagnation économique seraient en train de gagner nos économies occidentales.
Depuis 2021, l’économie mondiale subit une flambée de l’inflation causée par un double choc. Un choc sur la demande, lié aux politiques de soutien de relance des États et un choc sur l’offre, conséquences des ruptures des approvisionnements causés par les mesures restrictives sanitaires. Vient s’y ajouter un nouveau choc, la guerre en Ukraine causant une envolée des matières premières.
Le contexte actuel nous rappelle les chocs pétroliers de 1973, 1979 et 1990. Mais comparaison n’est pas raison. Le contexte actuel n’est pas le même.
En premier lieu, le prix du baril de pétrole lors de ces chocs pétroliers étaient largement supérieurs à la hausse de 12% du baril depuis l’invasion de l’Ukraine. En 1973, le prix du pétrole a plus que doubler passant de 20$ à 60$. En 1979, lors de la crise iranienne, le baril est passé de 60$ à 130 $.
Dans le contexte d’aujourd’hui, tant que la Russie ne cessera pas d’exporter son pétrole et son gaz, la progression des cours restera limitée.
Ni la Russie ni l’Europe ne peuvent rationner les quantités sans de lourdes conséquences économiques surtout du côté européen (fermetures d’usines, manque de chauffage pour les Européens…)
De plus, la part de l’énergie dans les dépenses de consommation des ménages est bien plus faible que par le passé. Aux USA, elle pèse 4,2% des dépenses de consommation contre 5% dans les années 2000, et 7% dans les années 1960. En France, cette part est plus importante (9%) mais reste stable depuis les années 2000. Avec l’augmentation du prix des matières premières, cette proportion va devenir plus importante.
Pourtant si vous devions parler de stagflation, il faudrait que l’inflation soit importante, que la croissance soit atone, que le chômage explose et que le choc pétrolier soit avéré.
L’inflation est bien là. Sera-t-elle encore présente dans quelques mois si le conflit en Ukraine se stabilise ?
Certains économistes estiment que la récession sera vraiment là lorsque le baril passera au dessus des 150 $.
A ce jour, les prévisions de croissance aux USA ont été revues à la baisse passant de 3,5% au lieu de 4%. En Europe les estimations sont passées de 4,2% à 3,4%.
La taux de chômage de part et d’autre de l’Atlantique est au plus bas. On ne voit pas de mauvaises perspectives de ce côté-là. Certaines entreprises ont toujours du mal à trouver des salariés.
Dernier élément et non des moindres. Les Banques centrales des USA et de l’Europe affichent une certaine réserve par rapport à cette stagflation .
Aux USA, la politique monétaire reste la même avec un calendrier plus long. Les hausses de taux sont différées et non pas abandonnées ni modifiées. En Europe, les propos de Mme Lagarde, de la Banque Centrale Européenne, sont les mêmes : relèvement des taux en fin d’année 2022.
Le conflit en Ukraine n’a donc pas changé la feuille de route des Banques Centrales qui souhaitent faire atterrir en douceur les économies et l’inflation.
Si indéniablement le contexte est désormais propice à un ralentissement de la croissance, le risque de stagflation reste mince à moyen terme.
Les Banques Centrales ont tous les moyens à leur disposition pour encore éviter de grandes catastrophes mais reste une inconnue : Le Président russe…
Jacques Cleren