Michel Couqueberg : Le maître de la matière

Beaucoup voient en lui le digne héritier de François Pompon. Et ils ont raison… cette filiation allant bien au-delà de leur domaine d’excellence : la sculpture animalière. Tout comme son prédécesseur, Michel Couqueberg sait sublimer la matière pour sculpter des sentiments. Mais il sait aussi se nourrir de l’histoire pour tracer sa propre route artistique. Il sait être hors du temps tout en étant contemporain. Ne manquez pas sa nouvelle exposition jusqu’au 26 septembre dans son atelier-galerie d’Orgeux…

Pour sa future résidence avenue Victor-Hugo, appelée comme il se doit Héritage Hugo, le promoteur Seger a choisi, afin de sublimer le jardin à la française, un monument réalisé par Michel Couqueberg. Un véritable symbole… le digne successeur de François Pompon se rapprochant de son aïeul. Entre l’entrée du Parc Darcy, où trône l’une des fidèles reproductions de l’Ours Pompon – c’est l’une des signatures de la Cité des Ducs – et la résidence Héritage Hugo, il n’y a en effet qu’un pas. Et Dijon comme la Côte-d’Or montrent ainsi qu’elles sont des terres fertiles aux grands sculpteurs animaliers.
La filiation s’impose d’elle même tellement ces deux artistes n’ont pas leur pareil pour épurer les lignes. Rappelons qu’en 1922, le natif de Saulieu s’imposa au Salon d’Automne de Paris avec l’ursidé désormais célèbre à Dijon après avoir définitivement pris le parti de simplifier les formes. Il bouscula les us et coutumes artistiques de l’époque et son modernisme trancha avec l’esthétique de la sculpture réaliste du début du XIXe siècle. Le talent de Michel Couqueberg fut lui reconnu par ses pairs en 2019 lorsqu’il obtint le Grand Prix européen de l’art contemporain. Un prix qui récompense « ceux qui, avec passion et talent, perpétuent toutes formes d’art dont la notion, le geste, le langage ont su évoluer avec le temps en lien avec la découverte de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques ».

Des volcans d’Auvergne aux Alpes

Dans ce palmarès, son nom a rejoint, entre autres, celui de César… dont les compressions sont exposées dans les plus grands musées du monde. Et dont tout un chacun se rappelle à son bon souvenir lors de chaque Festival de Cannes… C’est dire à quel point le grand œuvre de Michel Couqueberg illumine notre temps. Grand est le qualificatif approprié… et nous n’écrivons pas cela en référence à ses statues monumentales sur lesquelles les collectivités jettent leur dévolu ou à sa vague créatrice.
Depuis sa première chouette en bois en 1979 dans la cave de son domicile dijonnais, il a façonné plus de 1 500 œuvres. Avec une technicité sans cesse renouvelée, le chemin de sa création a fait que son dialogue avec la matière, avec les couleurs, avec les formes est devenu maîtrise… Après le bois, il a sublimé les courbes du bronze ou encore de l’altuglas.
Et ses œuvres, à l’instar de celles de François Pompon, sont reconnaissables entre toutes. Les galeries ne s’y trompent pas… à l’image de la Galerie BO (qui porte bien son nom) à Clermont-Ferrand qui lui a commandé une exposition au mois de novembre prochain. Ou encore de la Galerie Grulier à Courchevel qui lui déroulera à nouveau le tapis rouge à partir du mois de décembre jusqu’en février. Des volcans d’Auvergne aux Alpes, Michel Couqueberg n’a de cesse d’atteindre des sommets… sans jamais se départir des valeurs qui lui sont chères dont une humilité qui l’honore. Car il s’est imposé sur la matière grâce évidemment à son talent créatif mais aussi par le biais d’un labeur incessant. La formule « vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage » pourrait être inscrite au fronton de son atelier d’Orgeux, le temple de sa création d’où il fait jaillir la lumière. Surtout quand l’on sait que cette citation, extraite du poème intitulé « L’art poétique » de Nicolas Boileau, est précédée par « Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage » et suivie par « Polissez-le sans cesse, et le repolissez ! » L’art et la matière… encore et toujours. Mais aussi la glorification du travail !

Son homard… vous tue

Michel Couqueberg se sert, inlassablement, de ses outils pour sculpter… de véritables sentiments. Car aucun de ses animaux ne vous laisse insensible. Sa nouvelle collection Kookykrom, en bronze à argenture dégradée, en est encore un superbe exemple : son taureau vous transperce… son hermine vous enrobe… sa pieuvre vous enserre… son oiseau de feu vous brûle… sa méduse vous fige… son homard vous tue ! Et nous pourrions continuer longtemps cet inventaire à la Prévert !

Hors du temps tout en sachant être contemporain, cet amoureux de la nature (re)donne vie à la matière. Et, tout comme François Pompon, ses inspirations sont multiples. Les deux partagent ainsi un goût immodéré pour l’art égyptien comme le prouvent, pour l’un, le Taureau Apis ou encore Horus, et pour l’autre le Phénix dont il n’est pas besoin de rappeler qu’il est rattaché au culte du soleil.
Son dernier ouvrage (1), fort justement intitulé « de l’imaginaire au fantastique », fait ainsi la part belle aux animaux légendaires. Un livre magnifique qui forge un peu plus… la légende de Michel Couqueberg ! Quarante deux ans après sa première chouette – comme il se doit pour tout artiste dijonnais par excellence –, il poursuit sa quête allégorique… Digne héritier de François Pompon, il l’est assurément, mais il est aussi celui de Thot, le dieu de l’art et de la sagesse égyptien, et de Râ, le dieu créateur par excellence !

Camille Gablo

(1) « Couqueberg, de l’imaginaire au fantastique », une édition magnifique de 216 pages que vous pouvez acquérir, pour cela il suffit de vous rendre sur le site www.couqueberg.com ou bien à son atelier. Tarif 50 €

Exposition jusqu’au 26 septembre

Vous avez jusqu’au 26 septembre pour vous rendre à l’exposition de Michel Couqueberg qu’il vous propose à son atelier-galerie d’Orgeux à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage : « De l’imaginaire au fantastique ». Vous pouvez découvrir 42 œuvres de l’artiste côte-d’orien (pour autant d’année à sculpter) chaque jour de 10 à 12 h et de 14 h à 18 h.

Atelier du Moulin

3 B, Chemin du Breuil, 21490 Orgeux

michel.couqueberg@wanadoo.fr

Tél. 06.11.61.89.70

www.couqueberg.com