Après le rebond des marchés financiers quelles opportunités ?

La crise sanitaire a causé des dégâts dans pratiquement tous les secteurs de l’économie. Rares sont les entreprises qui ont pu y échapper. Toutefois, les « gigantismes » plans de soutien des Banques centrales et des États ont permis un rebond important entre fin mars et début juin.

Cette « reprise » des marchés boursiers est évidement portée par l’afflux de liquidités mais aussi par la baisse massive des taux d’intérêt aux États Unis et en Europe et surtout par le sentiment que l’ensemble des gouvernements ne se sont pas fixé de limite d’intervention face à la situation actuelle et à de possibles rechutes à venir.

En cause : les tensions sur les taux enregistrées en ce début de crise du Coronavirus. Globalement, toutes les catégories d’obligations ont souffert. Le Coronavirus n’a été que le déclencheur de la correction car le terrain était favorable avec des valorisations élevées des actions des entreprises et en agrégeant États, entreprises, ménages, le niveau de dettes mondial était déjà de 300 % de la richesse mondiale (PIB).

Dans un tel contexte jamais connu comment s’y retrouver ?

D’un côté, on constate des obligations d’État à taux négatif (- 0,5% pour les emprunts d’État allemands) et sous d’autres registres les obligations de certaines grandes sociétés à 7 ou 8%.

Il est important de bien distinguer les trois grandes catégories d’obligations : celle des emprunts d’État, en second, les grandes entreprises bien notées avec un niveau de risque faible (Investment grade) et, troisième catégorie, les entreprises qui présentent plus de risque de défaut (High Yield).

Aujourd’hui, les opportunités de rendement se trouvent dans les catégories Investment grade et High Yield . Les emprunts d’État rapportent zéro ou même sont négatifs. Il existe un réel risque en capital dans la mesure où les taux peuvent remonter. Ce risque est très faible car l’économie devrait rester dans un phase de redémarrage durable et sans retour de l’inflation.

Pour les spécialistes du marché obligataire, les opportunités peuvent se situer du coté de Investment Grade et pourquoi pas le High Yield.

Depuis le début de cette crise, les taux Investment Grade étaient en février de 1,90%, fin mai à 2,50 %. Côté High Yied, de 6,5% à 8,5 %.

Les entreprises qui présentaient un risque potentiel compte tenu de leur secteur d’activité et de leur endettement ont vu la prime de risque « flamber ».

Dans le contexte actuel, avoir une entreprise dans le secteur aéronautique, on se finance à 6 ou 7%. Dans le secteur Santé, il est possible de se financer à 2% .

« Il faut être très sélectif »

La montée des risques a fait grimper les rendements.

Par exemple, avant la crise, le fonds Tikehau Taux Variables avait du mal à trouver une rémunération positive en Europe sur les obligations Investment grade de courte durée (à moins de 2 ans). Aujourd’hui, avec une duration inférieure à un an, il offre un rendement d’environ 4,5 %. Reste que tous les crédits Investment grade ne présentent pas le même profil de risque. 

En plus du rendement attractif constaté en cette période (de mars à mai), les États ont cautionné ces emprunts. Ce qui limite considérablement les risques.

Le placement obligataire peut donc constituer une alternative intéressante à d’autres placements à condition de s’inscrire sur une durée d’environ 3 ans pour pouvoir faire face à une éventuelle volatilité des marchés financiers.

Cette phase de tension de taux et de caution par les États n’est pas infinie. La fin du supercycle de baisse des taux va faire le tri entre les sociétés dont le résultat est capable de faire face à des taux un peu plus élevés et les autres. 

Attention au High Yield

Contrepartie de leur rendement attractif (jusqu’à 8 à 10 %), les entreprises classées dans la catégorie « high yield » présentent un risque de défaut que les investisseurs ne doivent pas négliger. L’offre devrait être assez faible sur les deux prochaines années car de nombreuses entreprises ont profité des conditions favorables pour se refinancer. Cette rareté devrait contribuer à soutenir le marché. Le risque principal est celui d’une seconde phase de la pandémie qui ferait flamber les taux de défaut. 

Prudence également sur ce segment. Certains acteurs sont très optimistes. Par contre, les défauts des entreprises du high yield seraient, selon les spécialistes, évalués de 6 % à 8 % alors que dans ses trois scénarios pour 2020, Moody’s (société spécialisée dans la notation des entreprises) les évalue à 12 % pour le plus favorable, 15% pour le neutre et 18 % pour son scénario pessimiste. 

Il faut donc être très sélectifs et s’orienter vers des supports à court terme type fonds obligataires dit « datés » ou des fonds qui ont pu se positionner sur des taux élevés au mois d’avril et mai (produits structurés).

Les opportunités existent mais comme toujours, et surtout en cette période, la prudence et l’expertise du conseil feront la différence avant de se lancer sur ce segment à risques.