A Dijon, une triangulaire se profile pour le 2e tour des élections municipales (dont l’on ne connaît pas encore la date) et tout porte à croire que la capitale régionale puisse être, à nouveau, qualifiée de rebsaménienne. Le 15 mars dernier, 38,25% des Dijonnaises et Dijonnais qui se sont déplacés aux urnes ont affiché leur souhait que le maire sortant demeure leur chef d’orchestre durant les prochaines années. En pleine guerre contre le Coronavirus – et afin de vous aider à vous échapper, musicalement s’entend, du confinement –, nous vous proposons un compte rendu politique en chansons. Retour donc sur le premier acte des municipales dans la ville saluée par Yves Jamais comme sa « maîtresse burgonde ! »
« Je rêvais d’un autre monde… » Personne ne pouvait imaginer, il y a quelques semaines encore, dans quelles conditions surréalistes allaient se dérouler les élections municipales. Aucun devin n’avait lu dans le marc de café que le bulletin choisi allait être aussi important que le gel hydroalcoolique distribué au sein des bureaux de vote et que la ligne de l’abstention (64,07%) allait suivre la courbe exponentielle des morts du Coronavirus. Croisée dimanche 15 mars place de la Libération – encore fréquentée puisque le confinement ne devait intervenir que deux jours plus tard – après avoir effectué son devoir de citoyenne, une Dijonnaise nous confiait repenser aux paroles de la chanson de Téléphone sortie en 1984. Non sans ajouter tout de go : « C’était quand même mieux en 2014 ». Autrement dit, n’en déplaise aux thuriféraires du « Nouveau Monde », elle regrettait « l’ancien Monde… »
Dans les urnes également, le Nouveau Monde, popularisé sémantiquement depuis la Présidentielle par les marcheurs d’Emmanuel Macron, s’est heurté à la (dure) réalité du terrain, la liste menée par Sylvain Comparot ne réussissant même pas à franchir la barre des 10%, synonyme de maintien possible au second tour. « Dijon l’avenir ensemble » (le nom de sa liste) qui avait vécu un passé compliqué, avec, notamment, de vives critiques du député LaREM Didier Martin, a ainsi connu, le 15 mars, un présent douloureux dans la Cité des Ducs. Avec le retrait de Charles Rozoy de la vie politique ainsi que la « fin du soutien », acté depuis dans un communiqué par les parlementaires macroniens de la Côte-d’Or, nous pouvons même allé jusqu’à écrire pour Sylvain Comparot : « No future ! »
Les Sex Pistols
Là, ce n’est pas Téléphone mais les Sex Pistols et ce titre date de 1977, époque lointaine où Robert Poujade était élu, rappelons-le, pour la seconde fois. Le premier ministre de l’Environnement de l’Hexagone aura connu, au total, 5 victoires municipales, tout comme son prédécesseur en soutane : le Chanoine Kir. En digne successeur – même si, sur l’échiquier politique, il est, comme socialiste, à l’opposé –, François Rebsamen s’est ouvert en grand les portes de sa quatrième victoire. Coronavirus oblige, il faudra qu’il patiente avant le sacre final (nous ne savons pas encore à quelle date se déroulera le second tour mais le Premier ministre a envisagé le mois de juin) mais tout laisse supposer que Dijon sera encore… rebsaménienne pour les années qui viennent. Vraiment tout… Comme nous le pressentions dans notre précédent supplément spécial élections, et dans la droite ligne du sondage publié par nos confrères du Bien Public, l’ancien ministre du Travail… a fait le job dans sa ville, avec 38,25%. Et ce, alors même que les écologistes avaient décidé de se compter et de profiter d’une vague verte qui leur était promise depuis la dernière consultation européenne et le titre de personnalité de l’année 2019 accordée par le Time à Greta Thunberg. Ses pérégrinations marines et son discours à l’ONU y ont été pour beaucoup ! La capitale régionale n’a cédé au chant des sirènes écologistes qu’à hauteur des 15,10% obtenus par la liste EE-LV de l’ancienne adjointe Stéphanie Modde (auxquels il faut tout de même ajouter les 3,76% de Bruno Louis et de son Printemps écologiste). Les Verts ont souhaité se compter et François Rebsamen ne devrait pas… compter avec eux pour le 2e tour, comme il l’a déclaré à l’issue des résultats devant le palais des Ducs : « Je n’a pas d’inimitié, loin s’en faut, avec les écologistes. Nous avons dirigé ensemble la ville pendant 20 ans. Ils sont partis dans leur coin, nous nous retrouverons peut-être après le 2e tour mais, là, il n’est pas question de négocier ! »
La musique de Mission Impossible
Le Rassemblement national (ex-Front national) ayant enregistré le score le plus faible de son histoire municipale à Dijon – Damien Cantin ayant récolté 6,74%, soit bien loin des 12,7% d’Edouard Cavin en 2014 –, et la France insoumise, avec Arnaud Guvenatam franchissant difficilement la barre des 5%, une triangulaire s’annonce. Réalisant le plus faible score de la droite aux élections municipales à Dijon (avec 19,9%, il comptabilise 8,36% de moins que le sénateur Alain Houpert lors de la dernière consultation), Emmanuel Bichot, même s’il affichait un sourire de façade au soir du 1er tour, inhérent autant à sa 2e position qu’à la méthode Coué, semble devoir d’ici là se familiariser avec la musique de Mission Impossible (que l’on doit au grand compositeur Lalo Schifrin). Ayant enregistré, le 15 mars dernier, pratiquement le double de son principal rival LR, qui ne l’a pas épargné durant le précédent mandat (Emmanuel Bichot a, par exemple, fait découvrir aux habitants de la métropole l’arme des recours en politique), François Rebsamen a tout pour pouvoir chanter, avec les membres de sa liste « Dijon c’est capitale », le titre exceptionnel de Queen au soir du 2e tour : « We are the Champions ! » Mais ce rendez-vous (musical et électoral…) ne pourra avoir lieu qu’après la période de confinement dont nous ne connaissons pas encore l’issue. Aussi, est-ce la raison pour laquelle nous avons entamé cet article par une référence à la chanson de Jean-Louis Aubert. « L’autre monde » dont nous rêvons tous durant cette guerre sanitaire n’est autre… que le monde d’avant. Sans Coronavirus !
Camille Gablo
Dijon : Les résultats du 1er tour
Dijon c’est capitale (François Rebsamen) : 38,25%
Agir pour Dijon (Emmanuel Bichot) : 19,91%
Dijon écologique et solidaire (Stéphanie Modde) : 15,10%
Dijon l’avenir ensemble (Sylvain Comparot) : 8,81%
Rassemblement dijonnais (Damien Cantin) : 6,74%
Dijon en commun (Arnaud Guvenatam) : 5,15%
Dijon 2020 : un printemps écologiste (Bruno Louis) : 3,76%
LO – Le camp des travailleurs (Claire Rocher) : 1,20%
Nous ne battrons pas en retraite (Jean-Baptiste Gavignet) : 1,09%
Participation : 35,93 %
Métropole : Elu et réélus dès le 1er tour
Saint-Apollinaire
Jean-François Dodet 100%
Participation 29,36%
Longvic
José Almeida (PS/alliés) : 80,2%
Valérie Grandet (DVD) : 19,8%
Participation 39,2%
Talant
Adrien Guené (LR/alliés) : 60,8%
Stéphane Woynaroski (PS/alliés) : 35,03%
Julien Thévenin (LO) : 3,9%
Participation 40,1%
Chenôve
Thierry Falconnet (PS/EE-LV/PCF) : 66,3%
Philippe Neyraud (DVD/LR-EM) : 15,6%
Dominique Michel (DVG) : 14,6%
Fabienne Delorme (LO) : 3,5%
Participation : 36,1%
Ahuy
Dominique Grimpret (Modem/LREM) : 100%
Participation : 33,79%
Chevigny-saint-Sauveur
Guillaume Ruet (LR/UDI) : 65,59%
Dénia Hazhaz (UG) : 23,65 %
Yves Sturm (DVD): 10,74 %
Participation : 44,54%
Fontaine-lès-Dijon
Patrick Chapuis (LR) : 60,96%
Christian Ros (DVD) : 19.95 %
Sébastien Lebonnois (LFI) : 19,08%
Participation : 38,17%
Quetigny
Rémy Détang (PS/alliés) : 57,6%
Sébastien Kencker (DVD) : 27,1%
Lucia Sacilotti (DVG) : 13,2%
Patrick Berthelot (LO) : 2,1%
Participation : 42,7%
Marsannay-la-Côte
Jean-Michel Verpillot : 53,78%
Jean-François Gondolier : 46,21%
Participation : 47,76%