Beaucoup ont pensé que cela pouvait être une farce. Mais pas du tout. C’est bien le 1er avril dernier qu’Isabelle Sonnet a ouvert son restaurant… chez elle, à Norges-la-Ville. « Bienvenue chez moi, que tu viennes d’une grande ville ou d’un petit village » pour reprendre le refrain de la célèbre chanson de Florent Pagny.
Le lieu est insolite : une table d’hôtes dans une charmante maison récente construite dans un lotissement élégant (avec un chat qui se prélasse au bord d’une piscine.) Mais il y a plus et bien plus savoureux : Isabelle aux fourneaux exerçait dans une vie antérieure la profession de psychologue dans un cabinet libéral. Lasse de décrypter les ingrédients de nos inconscients, elle – qui avait toujours la passion de la cuisine dans sa psyché depuis l’adolescence – a un jour sauté le pas. « Après tant d’années où j’ai fait face à la tristesse et la détresse, j’ai décidé de donner du bonheur ». Et le bonheur, c’est dans l’assiette qu’on peut le trouver. « Là au moins je vois le résultat de mon travail immédiatement » reconnait-elle avec un large sourire. Une tout autre façon de prendre soin des gens.
Isabelle Sonnet obtient son CAP de cuisine en juin 2018 qu’elle passe en candidate libre. La recherche du local à Dijon est beaucoup moins performante : « Je ne voulais travailler que le midi dans une petite structure avec un cachet particulier ». Hélas, le couple Sonnet s’en revient bredouille au terme de ses investigation. Et souvent il ne faut pas aller très loin pour trouver ce que l’on cherche. Chez soi. Dans ce grand salon – salle à manger capable d’accueillir au maximum 20 couverts. L’affaire est entendue et son rêve se réalise : elle cuisine chaque jour à domicile après s’être occupée personnellement des achats.
Chaque jour, deux entrées, deux plats, deux desserts sont proposés. Les entrées sont à 7 €. Ce jour-là, le choix se porte sur un mille-feuilles de tomate – mozzarella di buffala – pesto maison ou un velouté frais de pois de Ruffey – asperges vertes et artichauts confits. Les plats sont à 13 € et mes papilles balancent entre le filet de merlu sauce vierge – crème de chou-fleur – riz noir, et les aiguillettes de poulet jaune – carottes en deux façons – chutney abricot amandes. Quant aux desserts (5 €), je n’ai pas hésité un instant entre la crème brûlée et la fraîcheur de nectarines et de pêches – crème à l’abricot – éclats de spéculos. Mais je ne vous dirai pas sur quoi mon choix s’est porté.
Ces plats, on peut les retrouver dans une formule entré-plat-dessert à 22 €. Les plats sont délicats et très esthétiquement présentés. Nous avons là une cuisine classique revisitée que l’on pourrait aisément qualifier de bistronomique.
La vaisselle, les couverts sont raffinés et sobres. Viandes et poissons sont de qualité. Les recettes sont inspirées par cette cuisine légère et moderne en vogue : légumes coupés en petits dés, épices et aromates agrémentent le quinoa ou les aubergines en mousseline. Et s’il ne fait pas trop chaud, on peut prendre place en terrasse au bord de la piscine dans un jardin bourré de charme et de sérénité. Quant au chat, celui qui pense, un magnifique chartreux, il est là. Il s’appelle Marcel et il vaut le détour.
Pierre Poirier
Le chat qui pense
10 rue de malpertuis. 21490 Norges-La-Ville,
Ouvert du lundi au samedi uniquement le midi.