La solitude du coureur de fond

 

Comment gagner en 2020 ? Bonne question !…

Voilà déjà 17 ans que les formations de l’opposition municipale à Dijon cherchent la notice explicative et le mode d’assemblage qui pourraient leur permettre de reprendre le pouvoir municipal perdu un dimanche soir de mars 2001. Et personne n’a encore trouvé… Dans la dissonance du moment, une voix s’élève tout de même : celle de Laurent Bourguignat qui publie un livre, Dijon Ensemble, et quelques propositions qui pourraient bien être l’amorce d’un programme électoral…

 

Plutôt que de gloser à l’infini sur les pensées et sur les arrière-pensées, mieux vaut se concentrer sur l’essentiel. Fort de ce principe, ce fidèle d’Alain Juppé a choisi de faire du Sarkozy. C’est à dire être à l’offensive plutôt que dans l’expectative. On l’aura compris au fil des pages : il ne s’agit pas là de spéculation réthorique mais de réalisme électoral.

Avec la publication d’un tel ouvrage – pré-programme, Laurent Bourguignat n’aime rien tant que prendre son monde à contre-pied. Rien de tel, en effet, pour bouleverser les habitudes politiques, tenter de renverser les hiérarchies, bousculer les plans de carrière… Et surtout marquer son territoire afin de ne pas être définitivement marginalisé au sein d’une opposition municipale complètement éclatée.

Ce livre est en quelque sorte une audace qui ne manquera pas d’être irritante parce qu’elle dérègle d’une certaine manière les abscisses et ordonnées du conformisme de la droite locale en parasitant un débat avant même qu’il ne soit lancé et dont on imagine aisément qu’il reconduira dans les têtes les clivages bétonnés du rideau de fer. Car ce qui surprend d’emblée à la lecture de Dijon Ensemble,

c’est que Laurent Bourguignat a choisi l’option forte de ne pas vitupérer la politique de François Rebsamen. « Ni ami ni ennemi », il enferme à peine le maire de Dijon dans un rôle de gardien du passé et réserve finalement ses formules les plus percutantes à ceux qui communient dans sa chapelle politique notamment en direction d’Emmanuel Bichot à qui il impute la « faute morale » d’avoir accueilli en son sein un élu transfuge du Front national.

A 36 ans, Laurent Bourguignat -qui n’a pas l’expérience -répétée- du désastre électoral auquel s’est habituée la droite dijonnaise depuis 2001- prétend incarner la nouvelle génération d’élus à Dijon. Celui qui s’est lancé dans le militantisme politique alors qu’il avait tout juste du poil au menton et plutôt l’âge de se consacrer au baby-foot et aux filles, « biberonné » par des élus expérimentés comme Jean-Marc Nudant ou Bernard Depierre, sait bien qu’il y a toujours quelques bonnes vieilles vérités qui tapissent le fond des urnes. Des vérités qui ne sont ni de droite ni de gauche, mais des vérités bien locales.

« Un moment décisif » – si l’on ose détourner la fameuse expression du photographe Henri Cartier-Bresson – s’est peut-être produit avec la publication de Dijon Ensemble ? Les mois qui viennent le confirmeront ou l’infirmeront…

Jean-Louis Pierre