Dans le cadre du programme d’investissements d’avenir, Dijon Métropole a été retenu pour son projet « système alimentaire durable de 2030 ».
Pour comprendre la source de ce projet, il faut remonter 17 ans en arrière. François Rebsamen, alors fraîchement élu Maire de Dijon, en avait même fait son premier objectif, préserver les terres agricoles. « Nos bonnes terres étaient mitées par les gravières. J’ai souhaité réactiver les anciennes carrières pour protéger les terres agricoles et limiter l’expansion économique des grands centres commerciaux », se souvient-il. C’est donc tout naturellement que Dijon Métropole a souhaité proposer ce projet « système alimentaire durable de 2030 » lors de l’appel à manifestation d’intérêt « territoires d’innovation de grande ambition (TIGA) », lancé par le commissariat général à l’investissement et géré par la Caisse des Dépôts au titre du programme d’investissements d’avenir (PIA).
Vers une autosuffisance alimentaire
« Alors que l’agriculture à la française a été, pendant les 30 glorieuses et jusqu’à peu de temps, un des systèmes les plus performants d’Europe, voir du monde, il n’est plus compatible avec les objectifs d’aujourd’hui », nous confie le président de Dijon métropole. « Il va falloir que nous partions sur autre chose que de l’agriculture intensive, comme sur de l’agroécologie, concept développé par Stéphane Le Foll, avec une filière que nos chercheurs appellent agri-agro-alimentaire », explique-t-il. En somme un nouveau modèle d’organisation qui intégrerait tous les acteurs du système alimentaire, producteur, transformateur et distributeur, sur un même territoire et qui permettrait ainsi de créer un label de production local pour favoriser la consommation de produits locaux et la création d’activité sur le territoire.
Toutes les filières seront ainsi concernées par ce projet qui a pour ambition, à 10 ans, de faire du territoire de la métropole la vitrine d’une agriculture performante et durable en milieu urbain et rural. Un engagement qui permet à Dijon Métropole d’affirmer son positionnement en matière d’écologie et du respect de l’environnement. « Au début, on ne nourrira sûrement pas 250 000 personnes, mais au moins les 50 000 jeunes qui mangent tous les jours dans nos restaurants scolaires », laisse entendre François Rebsamen qui ne cache pas son ambition de faire de la Métropole un modèle de développement transposable à d’autres territoires.
Près de 50 millions d’euros à la clé
Si le projet de Dijon métropole fait partie des 24 dossiers retenus parmi 117 candidatures en réponse à l’appel à manifestation d’intérêt TIGA, il doit encore répondre à l’appel à projets qui sera lancé au second semestre 2018. En attendant, l’action TIGA du PIA va apporter un appui à l’ingénierie du projet à hauteur maximale de 400 000 euros. À cela se rajoute un soutien de la Région Bourgogne Franche-Comté qui s’élève à 200 000 euros supplémentaires. En jeu, 450 millions d’euros seront répartis entre les 10 projets lauréats de ce dernier appel à projet. D’après François Rebsamen, même si le projet de Dijon métropole n’était pas retenu, « nous avons de toute façon décidé que nous continuerons quoiqu’il se passe ». D’ailleurs, si l’actuel maire de Dijon et président de Dijon Métropole nous a confié pendant notre entretien qu’il aura définitivement rendu son écharpe d’ici 2025, « il faut enjamber les élections, c’est un projet d’intérêt général et avant tout une bataille des idées à mener » a-t-il ajouté avant de signaler que le projet faisait d’ores-et-déjà partie intégrante du Contrat de Métropole signé avec la région le 21 mars.
Antonin Tabard