Si je te dis, cher lecteur, que la Nuit des César et celle des Molière à travers leur nombrilisme ne proposent qu’une vision bien angéliste d’un petit monde qui se hait, tu vas encore me reprocher mon sale caractère alcestueux. Permets-moi donc de me racheter en te présentant le Jour des Pinocchio et celui des Tartuffe : décroche un Pinocchio celle ou celui qui, droit dans les yeux, ment comme un arracheur de dents ; décroche un Tartuffe celle ou celui qui, parent avec le précédent, manie à merveille la langue de bois. Tu noteras que tous deux nous prennent pour des… cloches. N’étant qu’un modeste misanthrope, je me contenterai de les mépriser et je te laisse le soin, cher lecteur, de nous contacter pour décerner le Pinocchio du meilleur ceci ou le Tartuffe du meilleur cela.
Sont nominés pour les Tartuffe : Laurent Rauquier avec son émission « On n’est pas caché » retransmise en direct depuis une grande école de management à l’insu de son plein gré ; Maître Dupont-Moraliste qui a peur que son protégé fiscal ne passe l’arme à gauche ; Jonathan le Goéland, immortalisé par Rimbaud dans le dormeur Daval, pour avoir été écrasé par son épouse au coin d’un bois ; les syndicalistes à vapeur, Scud-Rail, VGT-cheminots et consorts, qui justifient les régimes spécieux des retraites et autres primes à l’escarbille par leur sens du service public ; la direction des Chemins de Faire qui, pour répartir équitablement les coûts, fera payer son ardoise soit aux usagers, soit aux contribuables, soit aux régions (je te fiche mon billet de train, cher lecteur, que dans ce cas, on ne souffrira aucun retard…) ; le patron du restaurant « Les Pieds dans l’eau » qui miaule contre la Seine…
Sont nominés pour les Pinocchio : Morfal l’Irlandais pour n’avoir jamais vu de robe blanche dans sa voiture ; le philosophe et cousin islamiste de Maurice Carême pour avoir couché dans un hôtel ; le saint Thomas de Saône-et-Loire pour avoir déposé la marque « Phobie administrative » auprès de l’Institut national de la Propriété; le chanteur Adamo, qui, par omission et contrairement à certain moine, n’a pas dit un mot, n’a pas offert la moindre chaussette noire à Laura ; Intermarché pour avoir triché sur les prix de l’huile de palme chocolatée ; Imani qui ne s’attendait pas à recevoir un Globe de cristal…
À toi, cher lecteur, si le dégoût t’en dit, d’allonger la liste : tu n’as, pour ce faire qu’à te délecter d’Élisabeth Martichose, de Jean-Jacques Gourdin et de Loute El Grief qui dramatisent, qui théâtralisent, qui mettent en scène, qui répondent à leurs propres questions et qui répandent la bonne parole en circulant dans Paris à bord d’une Audi mate.
Alceste
