S'il est un parti qui a massivement perdu du crédit avec la réforme des retraites, c'est bien LR.
A vrai dire, le parti dirigé par Eric Ciotti n'avait que des mauvais coups à prendre. Soit en devenant la béquille de Macron pour faire passer la réforme. Soit en étant jugé responsable de son rejet. Les Républicains étaient confrontés à plusieurs dilemmes.
Comment ne pas voter la réforme alors que le report de la retraite à 65 ans figurait en bonne place dans le programme des deux derniers champions LR à la présidentielle, Fillon en 2017 et Pécresse en 2022 ? Si l'un ou l'autre avait conquis l'Elysée, députés et sénateurs LR auraient voté comme un seul homme une réforme bien « pire » que celle proposée par Macron.
Comment ne pas voter une réforme que les sénateurs LR inscrivent depuis plusieurs années avec une remarquable constance dans chaque projet de loi de financement de la Sécu ?
Comment ne pas voter une réforme qui garantit l'équilibre financier des retraites à l'horizon 2030 ? Les Républicains ne seraient-ils plus les garants d'une orthodoxie budgétaire qu'ils défendent depuis toujours ?
Comment ne pas voter une réforme validée par leur électorat sans passer pour des opposants sectaires, à l'image de la NUPES et du RN ? Les Républicains ne souhaitaient-ils pas s'afficher en opposants responsables et en parti de gouvernement ?
Tout, dans leurs gènes et leur histoire, poussait donc les parlementaires LR à voter la réforme des retraites du Gouvernement.
Sauf qu'il existait également de nombreuses raisons de ne pas la voter !
Car dire oui à la réforme, c'était sauver Macron et Borne d'un naufrage annoncé et devenir ainsi la bouée de sauvetage d'un navire gouvernemental en perdition.
Dire oui à la réforme, c'était appartenir, de fait, à la majorité présidentielle et laisser le rôle de l'opposition aux extrêmes.
Dire oui à la réforme, c'était aller à l'encontre de l'avis d'une majorité des Français, d'après les sondages.
Et donc, dire oui à la réforme, c'était l'assurance de se faire battre à plate couture en cas de législatives anticipées.
Autant de bonnes que de mauvaises raisons !
Voilà pourquoi les députés LR n'ont jamais réussi à s'entendre sur une position commune et sont partis en ordre dispersé. Même si le 49-3 dégainé par le Gouvernement a permis d'éviter l'épreuve du vote, cette stratégie désastreuse laissera assurément des traces. Eric Ciotti, président du parti, et Olivier Marleix, patron du groupe LR au Palais-Bourbon, mais également Laurent Wauquiez, candidat putatif des Républicains à la prochaine présidentielle, sortent fragilisés de cette séquence. Les deux premiers ont montré qu'ils ne maîtrisaient pas leurs troupes quand le troisième, étrangement silencieux, a fait preuve d'un manque de courage politique hallucinant.
Et Les Républicains, tous ensembles, continuent de foncer dans le mur en accélérant. Le mouvement fondé par Sarko n'est plus un parti politique susceptible de gouverner, avec un corpus politique clair. Il est devenu un ensemble d'auto-entrepreneurs en politique qui se battent chacun pour la sauvegarde de leur petite boutique.