Ludovic Rochette : « En 2020, je serai candidat là ou je serai le plus utile »

La commune a-t-elle encore un avenir ? C’est la question qui a servi de fil rouge à la soirée d’information que vous avez organisée à Gemeaux en votre qualité de président de l’association des maires de Côte-d’Or. Quelle a été la réponse ?

Ludovic Rochette : « De nombreux maires, notamment de petites communes, se demandent si la commune existera encore dans quelques années, et si c’est le cas, quels seront son véritable poids, son rôle et ses moyens. D’autres voient au contraire dans l’élargissement des périmètres régionaux et intercommunaux une chance pour les communes d’assurer le service de proximité que les autres échelons ne pourront sans doute pas assurer. De cette soirée est ressortie une véritable inquiétude. Ce n’est pas une surprise. Les maires manifestent leur agacement sur le manque de visibilité en terme de finances et sur toutes ces réformes qui fleurissent à peu près chaque année ».

Pourtant François Hollande a annoncé plusieurs mesures destinées à assouplir les contraintes budgétaires locales…
L. R. : « Je rappelle que les dotations que perçoivent les collectivités représentent un dû. C’est une réalité occasionnée par la décentralisation et les compétences qui ont été dévolues aux collectivités. Cette minoration de la baisse ne peut donc pas être acceptée. Les collectivités entendent bien qu’il faut participer à l’effort demandé par l’État. Le problème, c’est que cet effort est injuste dans la mesure où l’État ne fait pas, dans les mêmes proportions, le même effort qu’il demande aux collectivités ».

Comment voyez-vous évoluer les communes ? Les fusions sont-elles des solutions pour atténuer les difficultés financières ?
L. R. : « L’inquiétude, parfois même la colère des maires, n’occultent pas la nécessaire évolution des collectivités. Une évolution au sein des intercommunalités mais aussi en se rapprochant d’autres collectivités pour la création de communes nouvelles initiées par Jacques Pélissard, l’ancien président de l’association des maires de France. C’est une démarche intéressante car elle vient des communes elles-mêmes. Il n’est pas question de couvrir les territoires avec ces communes nouvelles. Ici ou là, elles peuvent correspondre à un réel besoin des populations et de leurs élus ».

Le millefeuille qui s’est constitué au fil des années ne va-t-il pas finir par supprimer toutes les compétences des communes ?
L. R. : « Si les communes n’ont plus de compétences, elles disparaîtront. Si les intercommunalités sont élues au suffrage universel direct, ce sera la mort des communes. Ce serait une erreur historique parce que la commune c’est la proximité. Qui étaient là pendant les inondations ? Les maires et les conseillers municipaux. On a peut-être beaucoup d’élus en France, mais ce sont quasiment tous des bénévoles ».

Mais la proximité n’est pas une compétence ?
L. R. : « La proximité, c’est un fait. C’est une nécessité. Les communes sont à la base de notre système. Les sondages montrent que ce sont les collectivités auxquelles les Français sont le plus attachés. Maintenant, elles doivent évoluer ».

Et comment les voyez-vous évoluer ?
L. R. : « D’abord, faire admettre que c’est l’intercommunalité qui est au service des communes et pas le contraire. Si on s’est constitué en intercommunalités, c’est pour être plus efficaces sur certaines compétences. Ensuite, la commune nouvelle peut être un véritable outil que ce soit en milieu urbain ou rural. L’erreur serait de vouloir faire tout de la même manière partout ».

On attendait votre candidature sur la première circonscription de Côte-d’Or pour les prochaines élections législatives qui suivront, en 2017, la Présidentielle. Et vous avez renoncé…
L. R. : « J’ai observé qu’il y avait pléthore de candidats. On m’avait sollicité pour réfléchir à une candidature sur cette circonscription. J’ai décidé de ne pas y donner suite malgré le soutien de nombreux acteurs de la vie politique, économique et associative de la Côte-d’Or pour ne pas ajouter à la confusion qui règne sur cette circonscription. Celle-ci, comme les autres, ne sera gagnée qu’avec la volonté de tous les acteurs d’œuvrer par des actes pour l’union ».

La commission d’investiture des Républicains a tranché en faveur d’Anne Erschens, chef de file de l’opposition municipale à Dijon. Un bon choix ?
L. R. : « Anne Erschens est une bonne candidate et sera une bonne députée. C’est une personne que je connais très bien. Nous avons été élus ensemble sur le canton de Dijon 4 aux dernières élections départementales. C’est quelqu’un d’attachant qui a une grande compétence du monde économique. Il est important d’avoir des parlementaires qui ont des spécialisations comme celles d’Anne Erschens ».

En renonçant à solliciter l’investiture sur cette 1ère circonscription, vous avez insisté sur cette recherche de cohésion qui, selon vous, sera, elle aussi, indispensable pour élaborer un vrai projet à proposer aux Dijonnais et aux Dijonnaises en 2020. C’est une façon de confirmer les rumeurs qui vous présentent comme la tête de liste de la droite et du centre ?
L. R. : « Je suis élu dijonnais au département depuis 2001. Je ferai partie de l’aventure dijonnaise quel que soit le rôle que l’on voudra bien me confier ».

Ludovic Rochette candidat à Dijon en 2020, c’est donc possible ?
L. R. : « Je serai candidat à des élections municipales en 2020 ».

Pas forcément à Dijon ?
L. R. : « Je serai candidat là où je serai le plus utile ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre