Le bac, c’est facile ?

La méthode de saint-Bé pour toucher le ciel

En 2008, le lycée Saint-Bénigne apparaissait comme un des meilleurs en France avec un taux de réussite de 99 % au baccalauréat. L’an passé, l’établissement privé de la rue de Talant, à Dijon, a vu 98 % de ses élèves obtenir le bac. Y a-t-il une « méthode saint-Bénigne » qui garantit le succès des terminales ? Georges Bon, directeur secteur lycée général et technologique répond.

Vous êtes l’établissement qui réussit le mieux au bac. 98 % de reçus en 2013. Quelle est votre recette ?
D’abord qu’est-ce que la réussite ? Elle se mesure aux examens, certes, mais au-delà, ce que montre d’ailleurs les classements de l’Education nationale, c’est le résultat d’une valeur ajoutée qu’un établissement comme le nôtre peut offrir à ses élèves. Et c’est cette valeur ajoutée qui va permettre à l’élève de se dépasser.

Et votre valeur ajoutée, quelle est-elle ?
Ce que les chiffres de l’Education nationale font apparaître aujourd’hui -on ne parle plus de classements de lycées- c’est ce fameux taux d’accompagnement qui permet de voir si l’établissement est sélectif ou pas. Quel intérêt d’obtenir 100 % quand on sait qu’un tri s’est opéré depuis la seconde ? On n’a pas attendu la réforme du lycée pour se lancer dans l’accompagnement. Il y a une dizaine d’années, Jean-Claude Rizzi, le directeur, avait intégré dans le budget de l’établissement, des heures d’études accompagnées hors du temps scolaire non financées par l’Etat.
La valeur ajoutée du lycée, c’est un constant travail sur le niveau de l’élève. C’est notre marque de fabrique. Accueillir l’élève tel qu’il est, l’accompagner vers ce qu’il peut donner de meilleur… Il y a des élèves qui n’auront pas leur bac avec mention mais ils auront quand même l’examen car on ne les lâchera à aucun moment.

Concrètement, c’est quoi l’accompagnement d’un élève ?
Je ne vais pas vous donner une recette mais plutôt décrire ce qu’est notre quotidien à Saint-Bénigne. L’accompagnement, c’est d’abord le regard positif que chacun porte au jeune que ce soit le prof ou le cadre éducatif. Regard positif ne veut pas dire regard illusoire. C’est donner confiance à l’élève, lui faire partager l’idée qu’il est capable de réussir et que nous sommes à sa disposition. En cas de difficultés, il sait qu’il aura toujours des interlocuteurs qui l’aideront.
A Saint-Bénigne, nous avons une population scolaire diversifiée. On ne peut pas nous qualifier d’établissement sélectif à l’entrée. Les notes sont évidemment importantes pour savoir où se situe l’élève à la sortie du collège. Nous ce qu’on évalue déjà c’est la façon dont notre projet est perçu par le jeune et sa famille. Et la confiance qu’ils sont prêts à lui accorder. Il n’y a pas d’inscription sans entretien préalable à l’occasion duquel nous essayons de faire partager nos valeurs, héritage de Saint-Vincent-de-Paul qui prônait l’accompagnement de tous y compris les plus fragiles.

Ce qui veut dire que l’élève vous ne le voyez pas seulement dans les cours ?
Tout d’abord, nous voyons chaque élève, quelque soit son niveau, en début d’année pour faire sa connaissance. Quelle image l’élève se fait-il de lui ? Ses points forts, ses points faibles ? Ensuite, très régulièrement, une à deux fois par mois, le cadre éducatif, avec le professeur principal, font le point sur l’évolution de l’élève, ses progrès. Ils offrent des pistes de progression. Tout cela aboutit à un contrat de confiance, en quelque sorte une feuille de route où, à l’occasion de chaque entretien, un point est fait sur les notes, les objectifs. C’est en quelque sorte un véritable coaching que l’on met en place. Aucun élève n’est laissé pour compte. Une façon de traduire cette maxime « zéro laissé pour compte, réussir tous ensemble » et de lui donner du sens avec le regard attentif que l’on porte sur chacun.

Et tous les profs jouent le jeu ?
J’insisterai aussi sur la grande disponibilité de nos profs. Elle est essentielle. C’est notre maillon fort. Disponiblité ça veut dire appeler les familles, rester au-delà de son temps. Chez nous, le rôle du prof principal est très important. C’est le relais du projet éducatif et pédagogique. Ce n’est pas seulement celui qui fait le lien entre l’administratif et la famille, c’est aussi celui qui va veiller, qui va déclencher, si besoin, un mini conseil de classes pour les 4 ou 5 élèves dont on a repéré les difficultés et dont il faut s’occuper prioritairement.

Et le travail en classe ?
Nous avons mis en place des entraînements sur table de la seconde à la terminale. Ils sont évidemment plus marqués en 1ere et en terminale dans la mesure où ce sont deux années qui se finalisent par des examens. En première, des entraînements sur table quatre fois par an dans la matière dominante mais trois entraînements écrits et oraux préparant aux épreuves anticipées, de français en l’occurrence. Notre souci c’est de placer nos élèves dans les situations les meilleures avant d’aborder le jour J.
L’année clé, c’est la terminale. C’est la préparation du bac avec des temps forts toutes les semaines, du début jusqu’à la fin de l’année, dans toutes les disciplines, le lundi après-midi. Pour les bacs généraux, ce sont quatre heures dans l’emploi du temps qui sont prévues pour des entraînements dans les conditions d’examen. Sans oublier les stages proposés pendant les vacances scolaires avec des professeurs volontaires. Deux sessions ont été organisées cette année . Stage de soutien pour les uns, d’approfondissement pour les autres. Dix à douze élèves maximum par atelier. Toutes les inscriptions reposent sur le volontariat et nous avons constaté un taux de remplissage de 70 à 80 %.
Propos recueillis par Jean-Louis PIERRE