Depuis plusieurs décennies, l’avancée en âge de la population française est scrutée, analysée, mise en équations ou en courbes par de nombreux organismes. Et notamment par l’Insee qui offre sans conteste l’approche statistique la plus affinée. Jadis, ils furent appelés « les vieux », puis les « aînés », enfin les « cheveux blancs » pour trouver aujourd’hui refuge dans la réserve sémantique politiquement correcte des « séniors » ! Les vocables changent, les chiffres également, tout comme la réalité sociologique : les vieux de 2021 n’ont plus grand-chose de commun avec leurs prédécesseurs des années 1950. Le temps des loisirs a ouvert d’autres horizons et débloqué bien des freins à vivre pleinement jusqu’à l’âge officiel de 77 ans, où l’on peut encore lire Tintin et s’embarquer au Congo !
La vieillesse – mais à quelle réalité physiologique se fier ? – se traduit par une situation paradoxale : à la fois par un coût des dépenses publiques et par une économie de services à la personne en pleine expansion – pas moins de 30 000 emplois dans la région (1). La Bourgogne se classe quatrième région la plus âgée de France métropolitaine – derrière le Limousin, Poitou-Charentes et l’Auvergne. Les personnes de 60 ans et plus représentent environ un tiers de la population régionale. En Bourgogne, le nombre des 75 ans et plus a progressé plus de 30% en 20 ans pour atteindre plus de 185 200, alors que l’ensemble de la population n’a augmenté que de 1,8 %. Cette progression devrait se poursuivre. En 2030, la Bourgogne compterait 257 200 personnes de 75 ans et plus, soit 38 % de plus qu’actuellement. Toujours selon l’Insee, le nombre de personnes âgées dépendantes devrait croître, mais de façon moindre (+ 20 %). Les statisticiens en donnent l’explication : « la tendance à entrer de plus en plus tardivement en dépendance devrait se poursuivre grâce aux progrès médicaux et sociaux ». Le mérite en revient bien évidemment aux avancées de la médecine ainsi que de la chirurgie ou de la kinésithérapie, mais en grande partie à l’effort considérable des collectivités territoriales dont le département, les communautés de communes, les municipalités qui ont multiplié structures, allocations, aides temporaires ou pérennes aux séniors. A ce titre, il convient de saluer le rôle de nombreux élus qui n’ont eu de cesse d’impliquer séniors et retraités dans de nombreuses activités et dans l’amélioration de la vie des quartiers. En 2021, on peut afficher 75 ans au compteur de la vie et apporter – notamment en cette période de pandémie – une valeur ajoutée à l’ensemble de la société, voire renforcer l’ossature de la pyramide intergénérationnelle de la nation.
M-F. P
(1) La Bourgogne Franche-Comté compte aujourd’hui plus de 2,8 millions d’habitants.
Les projections de l’Insee
En 2013, la Bourgogne Franche-Comté comptait près de 765 000 habitants de 60 ans et plus, ce qui représentait près de 27 % de la population totale de la région (25% en agglomération Grand Dijon), contre 24 % en France métropolitaine. Des disparités territoriales importantes existent dans la région : l’ouest de la Bourgogne localise une part importante de personnes âgées de 60 ans et plus. Les départements de la Nièvre (34 %), de la Saône-et-Loire (30 %) et de l’Yonne (29 %) présentent plus de 29 % des personnes âgées de 60 ans et plus parmi leur population totale. A l’horizon 2040, la Bourgogne Franche-Comté devrait compter, selon le scénario centrale des projections de l’Insee, 1 025 000 personnes de 60 ans et plus.
Saviez-vous…
… Que le vieillissement de la population est une véritable « lame de fond » impactant tous les secteurs : loisirs, transport, alimentation, sécurité, santé, domicile, habitat collectif, assurance, assistance téléphonie, internet, sport… Tous ces marchés s’adaptent à cette situation qui bouleverse la donne démo- graphique et ouvre de nouvelles opportunités de développement économique.
… Qu’en 2020, Dijon comptait 36 000 personnes de plus de 60 ans (23 % de la population) et la Côte-d’Or 150 000 personnes (26 % de la population) ? Saviez-vous aussi que le niveau de vie médian des Dijonnais de 60 à 75 ans est supérieur au niveau national pour la même tranche d’âge, soit 2 028 euros mensuels pour Dijon contre 1 917 euros au plan national ?