C’est à Talant, au Cabinet Chevignard, que Sylvain Castellani a débuté sa carrière avant de rejoindre le bassin minier et industriel de Saône-et-Loire en pleine reconversion pour s’associer au sein du Cabinet Auditis. Et le chemin parcouru depuis est remarquable puisque ce cabinet ne compte pas moins de 160 collaborateurs. Et c’est dorénavant lui qui préside à la destinée de l’Ordre régional des Experts-Comptables de Bourgogne Franche-Comté. Il vient en effet d’être élu à la suite d’Eric Corret…
Vous étiez vice-président sous la précédente mandature… Votre élection à la présidence illustre ainsi la continuité à la tête de cette institution dorénavant bien connue ?
Sylvain Castellani : « Nous allons en effet poursuivre le travail entamé par Eric Corret lors de sa précédente mandature, car nous avons réalisé un travail de qualité, notamment pour tout ce qui concerne l’attractivité. Pour preuve, nous n’avons jamais eu autant de jeunes experts-comptables inscrits à notre Conseil régional de l’Ordre de BFC. C’est une véritable satisfaction. Un exemple : le sommet de cette mandature fut le Congrès Régional en juillet 2024, durant lequel nous avons réussi à attirer une véritable star : Gims qui s’était tout de même produit lors de la finale de la Coupe du monde. Pas moins de 3 000 personnes ont participé à cet événement exceptionnel au Zénith et elles auraient pu être plus nombreuses car nous avons dû plafonner pour des raisons de sécurité ».
L’expertise-comptable représente un secteur d’emplois porteurs pour les jeunes… Quel type de profils recherchez-vous ?
« Autant il y a quelques années, nous pouvions considérer le métier d’expert-comptable comme généraliste, autant aujourd’hui ce n’est plus d’actualité. Il est indispensable d’avoir des spécialistes dans nos structures. Et cela le sera d’autant plus dans les années à venir, d’où l’intérêt d’intégrer des nouveaux profils. Pour ce faire, il faut expliquer ce qu’est réellement l’expertise-comptable. Dans nos cabinets, nous avons pléthore de métiers : le chiffre bien évidemment, la finance, le droit, l’informatique, la data, les données extra-financières, la durabilité, la RSE, etc. Nous avons un domaine de compétences élargi qui devrait nous permettre d’attirer de nouveaux profils ».
Et la diversité des structures pour lesquelles vous intervenez est également susceptible de séduire les jeunes…
« Tout à fait. Notre panel de clients va des TPE aux grands groupes, en passant par les ETI dans tous les secteurs d’activité. Je n’oublie pas non plus les associations qui, aujourd’hui, embauchent nombre de salariés. Nous avons donc un panel de clients qui diffèrent énormément… si bien que les candidats attirés par notre profession peuvent avoir toute une kyrielle de spécialités ».
Les experts-comptables ont été sur tous les fronts durant la pandémie de Covid pour épauler les entreprises. Si bien que, depuis, leur rôle essentiel n’est plus à prouver…
« Si nous pouvions avoir encore des a priori sur la profession d’expert-comptable, l’effet Covid n’a fait qu’accentuer l’obligation pour les chefs d’entreprise d’avoir un conseiller, au sens large. Sur le chômage partiel, il a fallu être réactif dès les premiers instants, chaque entreprise ne pouvant se permettre de payer ses salariés sans disposer des ressources en contrepartie, a fortiori dans une période où les recettes étaient inexistantes.
Mais ce sont surtout les aides de l’État qui ont sauvé bon nombre d’entreprises, même celles qui pouvaient être structurellement déficitaires, ce qui n’était pas forcément adapté. Bon nombre d’emplois ont pu être sauvegardés. Cette année et en 2025, nombre d’entreprises commencent à avoir des difficultés à rembourser les PGE. Si bien qu’aujourd’hui on voit l’effet un peu néfaste de ces aides. Compte tenu du climat quotidien, on navigue un peu à vue, et a fortiori avec ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale. Il est compliqué actuellement d’avoir des plans à horizon triennal, voire quinquennal ».
Justement, mesurez-vous le climat économique anxiogène actuel lié aux incertitudes politiques ?
« Eu égard au manque de visibilité depuis les mois d’août, septembre, et au coût de la dette qui a fortement augmenté – même s’il est à un niveau que l’on a pu connaître il y a quelques décennies –, nombre d’entreprises diffèrent leurs investissements. Le coût du travail augmente fortement. Cependant les chefs d’entreprise restent globalement optimistes et heureusement ! »
Propos recueillis par Xavier Grizot