Billardon, les Lochères, Epirey, Paul Bur, Réaumur et maintenant la cité Boutaric… les grands ensembles des Grésilles, dans lesquelles des milliers de Dijonnais ont vécu, appartiennent au passé. Souvenirs souvenirs…
Ken Follet, peut-être l’un des meilleurs romanciers du moment, aurait eu, sans conteste, les bons mots pour décrire, comme personne, l’évolution du quartier des Grésilles depuis les années 2000. Cet auteur à qui l’on doit les excellents ouvrages « La Chute des Géants » mais aussi… « Les Piliers de la Terre ». Car c’est bien de cela dont il s’agit : les géants, véritables piliers de ce quartier, ont été abattus ! Et le « grignotage » actuelle de la cité Boutaric, forte de 9 étages, au sein de laquelle environ 4 000 Dijonnais avaient écrit, depuis son origine, des passages de leur vie, illustre ce renouvellement urbain nécessaire.
Érigé sur le modèle de Le Corbusier, qui a inspiré les architectes de l’après-guerre pour la production de quartiers en périphérie solutionnant l’essor démographique (synonyme de manque criant de logements), ce quartier, comme tant d’autres dans l’Hexagone, a réuni barres et immeubles de type variés. C’est en 1949 – au moment où Dijon a dû, conformément aux directives de l’État, développer des Zones à urbaniser en priorité – que la première pierre a été posée. Une décennie plus tard, le quartier des Grésilles était né, avec d’un côté du boulevard des Martyrs de la Résistance grands ensembles et, de l’autre, petites maisons mitoyennes où vivaient ouvriers et cadres.
Foudroyé en quelques secondes
Et c’est en 1968 que ce quartier, fédéré autour d’un centre commercial, d’un centre social mais aussi de l’église Sainte-Bernadette (et son architecture de béton typique aussi des années 60) atteint les sommets démographiques avec plus de 15 000 habitants.
Alors qu’à l’origine son aura était de taille, la crise économique des années 70 passe par là, et les matériaux utilisés pour la construction affichent leurs limites, face à la densité de population. Une première réhabilitation est décidée au début des années 80 mais c’est, avec l’opération de renouvellement urbaine d’envergure, entamée au début des années 2000, que son visage va profondément changer. Et que ses piliers, ses géants, vont chuter : Billardon, les Lochères, Epirey, Réaumur et maintenant Boutaric.
Le 4 juillet 2003 à 11 heures, l’implosion de la tour Billardon, le premier grand ensemble de Dijon – fort de 14 étages et 249 logements – bâti entre 1953 et 1956 tel un mécano d’acier et de béton, qui fut foudroyé sur lui-même en quelques secondes, fut le premier symbole de ce tournant des années 2000 porté par le maire François Rebsamen et soutenu par l’Agence nationale de renouvellement urbain (la célèbre ANRU) lancée par Jean-Louis Borloo. Une implosion qui avait libéré de nouveaux espaces où fut implantée la médiathèque interquartiers Champollion et la salle des fêtes Camille Claudel au profil arrondi tout de bois vêtu. La métamorphose du quartier des Grésilles, version XXIe siècle, était lancée… Et la fin de la cité Boutaric représente le nouveau chapitre du livre des Grésilles.
Xavier Grizot
Photo : Archives municipale