Rémi Détang : « Il faut que nous puissions continuer d’investir ! »

La Ville de Quetigny n’a pas attendu les récentes hausses des prix de l’énergie pour œuvrer à la sobriété énergétique. L’impact sur son budget n’en demeure pas moins élevé et le maire Rémi Détang nous détaille les nouvelles mesures prises. Que ce soit pour les bâtiments publics ou bien pour ses administrés les plus fragiles

Dijon l’Hebdo : Quelles sont les répercussions financières sur votre budget de la hausse des coûts de l’énergie ?

Rémi Détang : « Comme toutes les communes, nous prenons de plein fouet ces augmentations. En juin dernier, au sein de notre Budget supplémentaire, nous avions engagé une dépense supplémentaire de 170 000 . Le coût de l’énergie a bel et bien explosé et nous impacte à plus de 87% dans nos prévisions. Par rapport à lannée de référence 2021, cela pourrait représenter plus de 400 000 euros supplémentaires en 2023 ! Cette somme aurait pu être plus importante si nous n’avions pas anticipé car les impacts des coûts de l’énergie ne sont pas nouveaux en réalité. Nous avons, par exemple, raccordé des bâtiments au réseau de chaleur urbain de la métropole, auquel est rattachée notre chaufferie bois. De ce fait, l’impact est moindre et les locataires du bailleur social principal sur notre commune, CDC Habitat, en profitent également. Je rappelle que le raccordement de la chaufferie bois au réseau de chaleur a permis déjà de faire passer la TVA de 19,6 à 5,5 en valorisant les énergies renouvelables à plus de 50%. Aujourd’hui, par rapport à l’inflation, les gains sont évidents ».

DLH : Quelles mesures avez-vous prises pour les postes budgétaires du chauffage et de l’éclairage ?

R. D : « Les bâtiments trop énergivores ne sont plus chauffés. C’est le cas, par exemple, du Petit Théâtre des Prairies qui est une véritable passoire énergétique. Nous donnerons d’autres salles pour que tous ceux qui utilisent ce lieu puissent s’adonner à leurs activités. Les éclairages nocturnes des extérieurs de la mairie cesseront et ceux du château de la Motte stopperont à 20 h 30. Le nombre des illuminations de Noël, qui ne se dérouleront que du 12 décembre au 5 janvier, sera réduit. Mais n’oublions pas que le passage progressif en LED de l’ensemble des éclairages publics permettra d’atteindre à terme 70% de réduction de la consommation ».

DLH : Allez-vous prendre une mesure afin de soutenir le pouvoir d’achat de vos administrés ?

R. D : « Nous mettrons en place d’ici le 15 décembre un soutien pour les plus fragiles particulièrement impactés par les hausses de leur facture énergétique. Et nous ferons tout pour que le plus grand nombre puisse en bénéficier, car de nouveaux publics vont apparaître. Je prends l’exemple d’une grand-mère habitant dans une copropriété datant des années 70 et n’ayant pas été rénovée depuis des années. Avec une petite retraite, cette grand-mère n’arrivera pas à assumer le surcoût. Nous menons actuellement un travail pour mettre en place ce qui pourrait prendre la forme d’un chèque de soutien ».

DLH : Quid également de la transition énergétique de vos bâtiments

R. D : « Toute la difficulté réside aujourd’hui sur le maintien ou non des capacités d’investissement des communes comme la nôtre. Avec des dotations d’État en baisse (en 2021, la DGF a diminué de 300 000 €) et des dépenses de fonctionnement en hausse, c’est toute la question. Je tiens à rappeler que les collectivités, qui représentent 70% de l’investissement public, génèrent du travail aux entreprises. Si nous perdons nos capacités d’investissement, ce sont des possibilités en moins pour rendre les bâtiments moins énergivores. Nous attendons des engagements forts de l’État pour que nous soyons en mesure d’œuvrer aux transitions ».

Propos recueillis par Camille Gablo