La guerre contre l’Ukraine, la mobilisation d’une très grande partie de sa population contre l’armée russe et les mercenaires de Wagner focalisent l’attention de toute l’Europe, tant le conflit si proche nous renvoie à notre vulnérabilité. Et nous remémore les années noires de la guerre 39/45, les faits d’armes et de renseignements de la Résistance française qui prit sa source essentiellement dans les maquis gaullistes, communistes, dans les cellules de la CGT, chez les socialistes, chez les cheminots et bien sûr au sein d’organisations juives, libres penseurs ou apatrides ou encore dans les loges maçonniques...
La Bourgogne, avec pas moins de 7 700 Côte-d'Oriens, a joué un rôle prépondérant dans la lutte contre l’occupation nazie. La ville de Chenôve a payé un lourd tribut et s’est illustrée de façon notoire durant la période. Aujourd’hui, sa municipalité propose à l’adresse de tous les publics un parcours balisé de mémoire de plus de 4,5 kilomètres (arrivée et départ du parking du cimetière).
Pour le maire Thierry Falconnet il s’agit de remémorer de façon didactique un passé qui fait écho à notre actualité : « Ils s’appelaient Marcel, Maxime, Raymond, Edith, Jean et Pierre… Ils ont donné leurs noms à nos rues et à nos places et font pleinement partie de notre quotidien », explique-t-il. Les jeunes générations se souviennent-elles de l’Histoire qui se cache derrière ces plaques de rues ou de places ou de monument aux morts ? Quel enseignement en retirer près de 80 ans plus tard ?
Face à ces interrogations, le maire de Chenôve insiste sur le devoir de mémoire de transmission aux générations futures d’un passé encore à vif dans certaines familles, précisant que chacune des 9 étapes qui jalonne l’itinéraire évoque « des leçons de courage et d’humilité que nous en retirons à mesure que nous avançons ». On comprend aisément que l’autre intitulé de ce parcours de mémoire soit « Parcours pour la paix » !
Ce fascicule est mis à la disposition du public. Il s’agit d’un travail absolument remarquable de l’historien Jean Belin, président départemental de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes. Cet opuscule de 24 pages - émaillé de photos d'archives émouvantes, tragiques - fait état de nombreuses biographies des résistants, des déportés et des combattants qui reposent au cimetière de Chenôve : Maxime Guillot, Auguste Heinimann, Marcel Naudot, Idette Durand, Maurice Cêtre , Roger Poulet etc. Sans oublier, bien évidemment, Pierre Meunier qui joua un rôle déterminant auprès de Jean Moulin. Il fut également l’homme des contacts avec le Front national qui participa de la résistance communiste, et tout particulièrement en zone nord. Menacé à diverses reprises par la Gestapo, il sera député après la guerre et dirigera en 1946 le cabinet du vice-président du Conseil, Maurice Thorez.
La résistance française, souvent l’œuvre de gens humbles, de travailleurs silencieux et courageux au prix de leur vie, est à la base de la liberté dont nous jouissons aujourd’hui. Il est plus que jamais nécessaire de résister, d’être résistant, de faire montre d’esprit d’indépendance contre l’obscurantisme, le totalitarisme. Quitte à oser se retrouver parfois seul, très seul comme Guy Môcquet... Chenôve montre le chemin.