Commerce et artisanat : Denis Favier en première ligne

Les mesures mises en place par le gouvernement pour venir en aide aux commerçants et artisans ne sont pas à « la hauteur des promesses » du président de la République. L’association des Commerçants et Artisans des Métropoles de France (CAMF), dont le vice-président n’est autre que Denis Favier, à la tête de Shop in Dijon, a tiré la sonnette d’alarme… après la réunion téléphonique organisée par Bercy et l’officialisation du dispositif.

La crise sanitaire sera aussi fatale… pour nombre de commerces. Il ne faut ni être un grand économiste ni être un oiseau de mauvais augure pour faire ce constat, qui, confinement oblige, s’impose de lui-même. Aussi est-ce la raison pour laquelle le président de Shop in Dijon, Denis Favier, a demandé, lors de la réunion téléphonique de crise organisée par Bercy, dès le 16 mars dernier, en présence des ministres Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Muriel Pénicaud et Roxana Maracineanu, l’ajournement du reversement de la TVA. 
C’est comme vice-président de l’association des Commerçants et Artisans des Métropoles de France (CAMF) qu’il sollicitait cet aménagement… refusé par le ministre de l’économie. Il jugeait par la suite l’ensemble des mesures annoncées par le président « rassurantes », seulement, à la lecture in fine du dispositif mis en place, « le constat n’est plus du tout le même » : « Certes, la mise en place du chômage partiel est une très bonne chose et rassure les salariés du commerce et l’ensemble de salariés de France, mais pour le reste rien de nouveau depuis 18 mois pour les entrepreneurs ! A force de reporter les échéances, celles-ci se transforment en dette et vont tuer nos commerçants et artisans », a communiqué la CAMF, tout en soulignant : « L’ensemble des mesures ne sont adaptées que pour de grosses structures capables d’absorber des creux et dont le besoin principal réside dans de la trésorerie. Les commerçants et artisans de nos métropoles de France (et dans toutes les villes de France) sont incapables d’avancer les frais de pertes qu’on leur impose ».

« Pour une vraie solidarité »

Et la CAMF de multiplier les exemples : « L’expérience durant les manifestations des gilets jaunes montre que le report des cotisations sociales ne pourra jamais combler le manque lié à une fermeture. Ce n’est qu’un endettement supplémentaire pour les entrepreneurs ! Le remboursement des impôts directs n’est qu’une mise en application d’une mesure déjà votée mais avec un simple avancement dans le calendrier. L’exonération sur les impôts directs (CFE) n’impacte que sur à peine 3% du CA ». 
Le système arrêté pour le report des loyers, des factures d’eau, de gaz ou d’électricité a laissé également l’association des commerçants plus que dubitative : « Pour pouvoir en bénéficier, charge au commerçant et artisan d’écrire un courrier à chacun de ses fournisseurs et/ou bailleur pour obtenir un report. Le report annoncé par le Président n’a rien d’un report puisqu’il est lié au bon vouloir d’entreprises et/ou de propriétaires qui ont leurs propres contraintes. En effet, si les mensualités ne sont pas honorées, c’est à son tour le bailleur qu’il faudra aider ». Et l’association de commerçants de s’interroger également sur l’aide de 1500 € du fonds de solidarité financé par l’Etat et les Régions : « Les salariés sont aidés comme il se doit au vu de l’ampleur des événements avec un revenu assuré (sous plafond) de 84% à 100%. Pourquoi les commerçants et artisans n’ont-ils pas droit au même niveau d’aide ? » Quant au crédit pour les problèmes de trésorerie, « c’est un outil louable, mais cela ne compensera pas la perte sèche d’un secteur mis à mal par l’ensemble des événements sur les 18 derniers mois et les changements de consommation ». 
Si bien que pour la CAMF, la conclusion s’impose d’elle-même : « La solidarité, telle que demandée par le Président, doit concerner tout le monde. Les commerçants et artisans qui participent activement à l’économie du pays ne peuvent et ne doivent pas être écartés comme actuellement. Si tel qu’annoncé, nous sommes en état de guerre et que face à une situation exceptionnelle des mesures exceptionnelles doivent être mises en place, alors que cela soit pour tous sans oublier personne. Il est temps de mettre en place de vraies mesures pour le commerce et l’artisanat français ! » Le message est clair…

Camille Gablo