François-Xavier Dugourd : « Il faut s’attendre à une sorte de « Blitzkrieg »

François-Xavier Dugourd, le président des Républicains de Côte-d’Or est en campagne. Pour promouvoir la candidature de Valérie Pécresse sans oublier les législatives où il sera candidat sur la 1ere circonscription de Côte-d’Or.

Dijon l’Hebdo : Quel regard portez-vous sur le déroulement de la campagne pour l’élection présidentielle ?

François-Xavier Dugourd : « C’est une campagne pour le moins bizarre, marquée par le contexte sanitaire que l’on subit depuis presque deux ans. Les problématiques de santé sont devenues une des préoccupations majeures des Français. Cette situation a tendance à occulter un certain nombre d’autres sujets importants comme l’économie, l’immigration, la sécurité, le logement, le pouvoir d’achat… Situation quelque peu encouragée par le Président qui a tout intérêt à ce que cette campagne ne démarre pas véritablement. Et dans cette campagne, il nous manque justement un acteur : c’est le président sortant dont on sait bien qu’il sera candidat. En attendant, force est de reconnaître qu’il utilise de manière éhontée -même s’il n’est pas le premier dans ce type d’exercice- les moyens de la Présidence de la République pour faire sa campagne. Le fait qu’il se déplace en permanence avec le carnet de chèques de l’Etat sur tous les territoires et vis à vis de tous les publics, c’est quand même gênant à un moment où la dette publique est dans un état extrêmement inquiétant.

Maintenant, les échéances passées nous montrent bien que c’est dans les deux derniers mois que tout va se jouer. On voit bien, même si de grandes lignes apparaissent, il y a encore de nombreux indécis. Il faut donc s’attendre à une sorte de « Blitzkrieg » (1). Tout est possible ».

DLH : A votre avis, sur quel thème principal se jouera cette élection présidentielle ?

F-X. D : « Globalement, le thème général, c’est la question de la protection. Les Français ont peur de beaucoup de choses. Peur pour leur famille, pour leur situation financière. Peur de l’avenir, pour leur environnement. Peur même d’aller et venir dans certaines villes, dans certains quartiers où la situation est parfois explosive. Même à Dijon où les agressions se multiplient. La peur se généralise dans notre pays. Comment redonner confiance. Comment redonner espoir ? Voilà qui me semble être un thème général de campagne. Nous touchons là les vrais problèmes de fond ».

DLH : A vous écouter, la protection est donc est un terme fort qui va prévaloir durant ces prochaines semaines de campagne. Le bouclier que propose Valérie Pécresse vous semble être le plus efficace ?

F-X. D : « Incontestablement car c’est un projet global que propose Valérie Pécresse. Un projet puissant travaillé depuis des mois. Elle est la seule à avoir cette cohérence qui s’appuie sur des solutions réalistes contrairement à d’autres, et je pense tout particulièrement aux extrêmes, qui surfent en permanence sur la démagogie ».

DLH : La candidate LR a « affirmé qu’il faut tout réparer en France »… Ne serait-ce pas plus raisonnable d’afficher les grandes priorités et les bons outils qui seront nécessaires à leur réalisation ?

F-X. D : « Les bons outils ? C’est d’abord une équipe. Contrairement au Président de la République, Valérie Pécresse n’est pas seule. On voit bien qu’il n’y a pas suffisamment de compétences autour d’Emmanuel Macron. Ensuite, les bons outils, ce sont les élus locaux, formidables relais dans les territoires. Et un des déficits majeurs de l’ère macroniste, c’est bien le manque de confiance dans les acteurs de terrain et, en particulier, dans les élus. Dans le projet de Valérie Pécresse, il y a un axe très fort en matière de décentralisation. L’action publique ne peut plus se concentrer dans quelques ministères ou bureaux parisiens ».

DLH : Le chômage qui est tombé à 8 % n’est pas un des thèmes principaux de cette campagne. L’emploi reste pourtant une préoccupation majeure des Français. Quelle est la position de Valérie Pécresse sur ce sujet ?

F-X. D : « On a une double problématique sur l’emploi. Un chômage qui a bien baissé comme dans les autres pays européens -peut-être même un peu moins- mais qui touche encore trop de Français et un véritable problème de recrutement. Je rencontre tous les jours des acteurs économiques dans tous les domaines d’activités qui souffrent d’un vrai blocage en terme de main d’oeuvre. C’est hallucinant et c’est pourquoi Valérie Pécresse met également l’éducation et la formation tout au long de la vie au cœur de son projet. Il faut absolument qu’il y ait une adaptation beaucoup plus rapide par rapport aux besoins des entreprises ».

DLH : La sécurité fait toujours autant débat. N’est-elle pas le point faible d’Emmanuel Macron ?

F-X. D : « Il n’y a pas que celui-là ! Il a mis sous le tapis toute une série de dossiers majeurs. J’en vois deux principaux. D’abord la sécurité et l’immigration. Les problèmes dans les quartiers n’ont pas été traités. Le courage politique a fait défaut et la situation est aujourd’hui invivable dans un très grand nombre de villes. Ce n’est pas moi qui l’affirme, c’est Gérard Colomb quand il a quitté le ministère de l’Intérieur. Et puis il aurait fallu mettre des quotas en terme d’immigration. Sans compter qu’on n’a pas vraiment travaillé avec les pays d’où viennent ces personnes. Et l’autre point qui me semble tout aussi essentiel, c’est le poids de la dépense publique qui s’est aggravé durant le quinquennat d’Emmanuel Macron et qui bat tous les records. Et ça, je pense que c’est vraiment la mère des batailles. A partir du moment où on a un Etat et des collectivités qui ont un niveau de dépenses trop important, il y a un niveau de fiscalité qui pèse lourdement sur les familles et les entreprises. Et la conséquence directe, c’est l’impact sur le pouvoir d’achat et la compétitivité de nos entreprises. Sur ces sujets cruciaux, notre candidate apporte des réponses concrètes et réalistes. A la différence de ses concurrents, Valérie Pécresse peut s’appuyer sur ce qu’elle a fait jusqu’à présent dans la région Ile-de-France, la plus grande région d’Europe. Sa réélection en juin dernier témoigne de la qualité de son travail sur des sujets comme la sécurité ou la dépense publique. Ce qu’elle a fait courageusement pour sa région, elle va le mettre en œuvre pour notre pays ».

DLH : Valérie Pécresse a adressé, début janvier, un avertissement aux quartiers gangrénés par les trafics et la délinquance ? Etait-ce une bonne chose que de vouloir « ressortir de la cave » le fameux Kärcher de Nicolas Sarkozy pour nettoyer les cités qui n’a finalement jamais servi ? Pensez-vous sincèrement que votre candidate aura le courage de s’attaquer à ces problèmes ?

F-X. D : « Le terme était peut être un peu provocateur. J’en conviens mais il avait pour vocation de remettre ces problèmes récurrents au cœur du débat public focalisé, il faut bien le reconnaître, par le Président de la République sur la crise sanitaire. Là aussi, c’est un vrai dossier sur lequel il faudra apporter des réponses rapides et efficaces. Valérie Pécresse est en mesure de le faire sur l’ensemble du territoire. Elle l’a démontré dans sa région. Refaire nation, c’est un enjeu fondamental pour les 5 ans à venir ».

DLH : La présidente de la région Ile-de-France insiste beaucoup sur le fait qu’elle « a pris la tête d’une formidable équipe de France, à la fois diverse et très professionnelle »… Cette équipe de campagne est-elle aussi soudée qu’elle le dit ?

F-X. D : « Il y a une vraie colonne vertébrale dans le projet de Valérie Pécresse qui s’appuie sur des valeurs fortes, des valeurs de droite mais de la droite républicaine et libérale, avec une vraie dimension sociale. C’est l’identité de Valérie Pécresse mais aussi des Républicains qui savent aussi travailler avec les centristes. Et on va avoir besoin de tout le monde dans cet esprit de rassemblement pour porter les réformes dont le pays a besoin. Si aujourd’hui Emmanuel Macron patine, c’est parce qu’il n’est pas capable de rassembler. Aux côtés de Valérie Pécresse, on a besoin d’une équipe unie qui soit riche dans sa diversité et qui partage un projet fort ».

DLH : Après l’élection présidentielle suivront les législatives. La campagne se poursuivra pour vous puisque vous avez été investi par votre parti sur la 1ere circonscription de Côte-d’Or.

F-X. D : « La présidentielle est importante mais les législatives le sont tout autant. On le voit bien aujourd’hui avec Emmanuel Macron qui n’arrive pas à porter des réformes importantes parce qu’il a une majorité complètement hétéroclite. Cela se traduit à l’Assemblée nationale et au Sénat et explique en partie l’immobilisme dans lequel nous sommes plongés et qui empêche le pays de profiter des grandes réformes dont il a besoin. La force de Valérie Pécresse, si elle est élue, c’est qu’elle va pouvoir enclencher une dynamique au travers des législatives. C’est la seule qui présente la garantie de bénéficier d’une majorité forte avec des personnalités qui auront une véritable expérience de terrain qui a fait défaut en 2017 après l’élection d’Emmanuel Macron.

Je suis effectivement candidat sur la 1ere circonscription avec une vision différente du mandat de député que peut avoir le député actuel notamment. Je pense que dans tout projet de loi, il faut associer les acteurs de terrain. Quand on parle d’agriculture, de commerce, d’artisanat… il est capital que les forces vives des territoires soient associées. Je mettrai en place des ateliers de construction de la loi pour que ceux qui vivent les sujets, qui les connaissent le mieux soient associés à la conception de la loi. En tant que député, je pense aussi qu’on a à faire un vrai travail d’évaluation des lois avant d’en voter des nouvelles. Posons nous des questions sur celles qui existent. Sont-elles vraiment efficaces ? Qu’apportent-elles réellement ? Dans cette circonscription à la fois urbaine, péri-urbaine et rurale, en quelque sorte une petite France, j’ai la volonté de mettre en place des dispositifs d’évaluation de l’action publique. C’est un axe de méthode et de posture ».

Propos recueillis par Jean-Louis Pierre

(1) Le Blitzkrieg (guerre éclair) est une tactique offensive visant à emporter une victoire décisive par l’engagement limité dans le temps