Les professionnels retrouvent le sourire : « Oyez, oyez… bons touristes ! »

Nous allons vous parler d’histoire dans ce bilan de la saison touristique 2021. Rassurez-vous, pas celle (que nous vivons encore) du Covid mais celle de Dijon. Nous allons vous parler d’histoire ducale… la Cité des Ducs se démultipliant pour recouvrer le rayonnement de l’époque où la Bourgogne était au sommet de l’Europe. A quelques mois de l’ouverture tant attendue de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin, les professionnels parmi les plus impactés par la crise sanitaire retrouvent le sourire. La croisade touristique est en marche…

Le 11 mai dernier, l’Office de Tourisme de Dijon métropole en appelait à deux Ducs de Bourgogne pour conjurer le mauvais sort (enfin le Covid) qui s’abattait sur les professionnels du secteur : l’hôte du palais actuel, le maire de Dijon, François Rebsamen, et l’un de ses illustres prédécesseurs, Philippe Le Bon, portant haut le collier de la Toison d’Or, en guise d’avant-goût des nouvelles visites-expériences susceptibles d’attirer les visiteurs. A cette occasion, l’Office de Tourisme s’était aussi montré « téméraire » par excellence en lançant une nouvelle croisade communicative à l’échelle européenne. Avec des messages chocs destinés à favoriser de nouvelles conquêtes à l’image de : « Zappez Osaka, osez Dijon ! Envie de découvrir, de savourer et d’épicer vos vacances, cet été troquez le wasabi pour la moutarde ! » Et la cité japonaise n’était pas la seule à être découpée par l’épée communicative des Valois puisque Washington, la Floride, le Canada… faisaient également partie de la liste. Plus de 26 millions de personnes ont eu l’occasion depuis de voir cet affichage numérique dans les gares de Paris, Lyon, Strasbourg mais aussi, dans des contrées plus lointaines, comme Genève, Lausanne, Bruxelles ou encore Amsterdam. Et plus de 8 millions d’internautes ont également été touchés…

« Le patriotisme touristique »

Le 11 mai dernier, l’OT en avait également appelé à l’écrivain belge Bart Van Loo, qui avait vendu 250 000 exemplaires de son ouvrage paru aux Editions Flammarion intitulé Les Téméraires. Avec comme sous-titre : « Quand la Bourgogne défiait l’Europe ! »
Autrement dit, pour que les professionnels du tourisme retrouvent le sourire après avoir fait la grimace (pour ne pas dire plus !) durant de trop nombreux mois, la Cité des Ducs se mettait en ordre de bataille. Comme nous l’écrivions à l’époque, une façon de remettre au goût du jour la célèbre devise de Philippe le Hardi que l’on déguste régulièrement sans vraiment le savoir : « Moult me tarde » qui signifiait : « Finissons-en ! » Là, le but étant, pour un domaine d’activité qui pèse 3 600 emplois directs et 320 millions d’euros de retombées économiques sur le territoire, d’en finir… avec le Covid et ses répercussions catastrophiques.

Moins de 5 mois plus tard, à l’heure du bilan de cette (courte) saison touristique, une chose est sûre, les sourires ont fait leur réapparition sur les visages des professionnels. « Tout est reparti même si nous ne sommes qu’à 80% de la fréquentation de 2019 sur la même période. En juillet et août, l’OT a accueilli 66 788 visiteurs et il faudra attendre la consolidation des chiffres de septembre mais tout porte à croire que nous ayons réussi le rattrapage. Nous repartons presque comme avant avec des visiteurs majoritairement français, régionaux, qui ont joué le patriotisme touristique, ce qui a permis de compenser en partie la perte des Américains et des Asiatiques. Les visiteurs ont également passé plus de temps sur notre sol, ce qui nous conforte dans notre stratégie pour un tourisme de qualité, durable, privilégiant les expériences et les rencontres. En outre, ils ont dépensé plus en moyenne que les années précédentes », s’est félicitée la présidente de l’OT Sladana Zivkovic, qui a souligné le succès des nouvelles offres. La montée de la Tour Philippe le Bon conserve certes la première place (avec 7 266 personnes séduites) mais le Dijon City Tour (la balade à bord d’une navette Divia a enthousiasmé 780 personnes) grimpe, directement après son premier tour de roue, sur la 3e marche du podium, la seconde étant occupée par le délicieux (et piquant) atelier Moutarde. La vice-présidente de Dijon métropole, déléguée au tourisme, aux relations internationales et à l’export, a également souligné le succès des opérations d’animation du centre-ville tels Garçon la Note, les Jeudi’jonnais ou encore le Vyv Festival : « Il était important de voir les terrasses revivre. Les retours des visiteurs sur notre tchatche sont excellents et beaucoup ont mis en lumière la beauté, la propreté et la sécurité de notre ville ».

Les pèlerinages en terre ducale

Le président de l’UMIH de Côte-d’Or (Union des métiers et des industries hôtelières, Patrick Jacquier, a aussi prêché : « Nous arrivons à avoir à nouveau le sourire même si le taux d’occupation moyen est plus faible qu’en 2019 (ndlr : 63% en juillet et août contre 77%). Nous avons une recrudescence des Français, des Bourguignons dans nos clients privilégiés. il manque encore les étrangers lointains mais nous voyons revenir la clientèle d’affaires, les groupes ». Et le patron du Grand Hôtel La Cloche de présager de nouvelles étoiles… dans le ciel dijonnais : « Nous avons confiance en l’avenir. Dijon resplendit et Dijon resplendira encore plus demain ! »

Car, demain, la Cité des Ducs disposera d’une arme redoutable (nous pourrions même là parler d’un véritable arsenal) pour que sa croisade touristique prenne encore une dimension supplémentaire : la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin qui devrait augmenter les pèlerinages en terre ducale. L’inauguration au printemps de cette Cité devrait ainsi correspondre au lancement de la prochaine saison touristique. Le nouveau visage des anciens Hospices fondés en 1204 sur une île de l’Ouche par le Duc Eudes III de Bourgogne devrait permettre à Dijon de remporter de nouvelles batailles… Comme quoi les Ducs sont réellement incontournables !

Et les Duchesses vont le redevenir, puisque Philippe Le Bon (enfin son comédien) devrait bénéficier prochainement, pour les visites guidées du Palais, de l’appui de Marguerite de Flandre qui fut, elle aussi, Duchesse de Bourgogne. Le fait que le bilan de la saison 2021 de l’OT de Dijon métropole se soit déroulé, cette fois-ci, au Musée de la Vie bourguignonne, dans le monastère des Bernardines, premier monastère cistercien de femmes, n’était ainsi pas un hasard !
Et c’était une façon, ducs et duchesse à l’appui, de lancer un appel qui n’ était pas sans rappeler celui des crieurs publics du Moyen-Age : « Oyez, oyez… bons touristes ! »

Camille Gablo

Plus de 120 emplois non pourvus

Avec le retour des visiteurs, vaccination et pass sanitaire obligent, le secteur touristique retrouve la sérénité. Cependant, il est frappé actuellement par un mal endémique : « Le manque cruel de main d’œuvre ». Le président de l’UMIH de Côte-d’Or, Patrick Jacquier, n’a pas manqué de tirer la sonnette d’alarme : « Nous avons du mal à comprendre car ce sont des métiers attractifs. Nous travaillons dans de beaux endroits et la rémunération est supérieure à ce qui se dit. Ce sont des métiers où l’ascenseur social est possible, pour peu que l’on travaille, que l’on ait la volonté », a-t-il souligné, tout en précisant : « 120 postes ne trouvant pas preneurs sont recensés sur la métropole mais ce chiffre est bien en-dessous de la réalité ». La présidente de l’OT de Dijon métropole, Sladana Zivkovic, a fait de cette douloureuse question « un objectif majeur », expliquant que « c’était de beaux métiers mais aussi et surtout des emplois non délocalisables ».

Une Beaunoise… à Dijon

Au caveau des Bernardines, les femmes étaient réellement à l’honneur puisque l’office du tourisme avait convié Hadika Simon, caviste pilotant la boutique de la Source des Vins rue Michelet à Dijon. En partenariat avec l’OT, elle organise depuis deux ans un atelier vins et fromages que les touristes dégustent sans modération : « La fréquentation est en hausse même par rapport à 2019, notamment en août et en septembre. Notre clientèle est principalement française, viennent ensuite les pays limitrophes. Les retours de nos clients sont dithyrambiques sur l’accueil à Dijon et c’est très encourageant. Comme quoi, nous savons recevoir ! » Et quand l’on sait qu’Hadika Simon, qui est originaire de Beaune, a préféré s’implanter à Dijon plutôt que dans la capitale des vins de Bourgogne (notre chauvinisme ne nous empêche pas toujours de rendre à César…), on peut la croire !