Isabelle Briard est une de ces artistes de l’ombre chez qui le goût des formes et des couleurs se manifeste dans des projets qui prennent vie dans l’espace urbain et qui insufflent un souffle nouveau aux quartiers.
Sortie des Beaux-Arts de Dijon, Isabelle Briard monte son association avec quatre amis : Barbatruc, dont le but est de donner un espace de création aux artistes et d’en faire un lieu de transmission avant toute chose. C’est cette idée de passation qui continue encore aujourd’hui d’animer Isabelle Briard dans tout son rapport à l’art. « En 1996, nous avons monté l’association à une époque où l’on parlait encore très peu de médiation publique dans l’art et dans sa pratique. On nous prenait pour des fous ! »
C’est à la limite entre Longvic et Dijon que l’artiste et ses acolytes trouvent l’eldorado qui sera leur atelier. Chaque membre de l’association a, par la suite, suivi son propre chemin tandis qu’Isabelle Briard continue à s’occuper de l’association pendant plus de 15 ans en parallèle de divers expositions et d’ateliers de pratique artistique à destination des « grands défavorisés de la culture » dans les quartiers.
L’association est finalement mise en sommeil en 2001, moment où elle décide de se mettre à son compte pour continuer dans la lignée d’ateliers ludiques en lien avec les arts plastiques mais aussi dans le cadre d’insertion et de formation professionnel. C’est à la force de ces actions auprès d’assistantes maternelles tout récemment que cette grande dame met l’art au service des services les plus communs mais qui sont essentiels.
En 2004, Isabelle Briard commence à donner des conférences en histoire de l’art et cherche pendant un temps quelle forme donner à ses interventions pour les rendre accessibles à un plus large public.
C’est notamment au côté de l’Office des Personnes Agées de Dijon (OPAD) qu’elle met en place son cycle « Une toile dans le détail ». Au programme, une analyse visuelle d’une toile charnière dans l’histoire de l’art où l’œil fin d’Isabelle décortique méticuleusement les œuvres. L’accent est mis sur le langage des couleurs et des formes décrypté au côté des lignes qui organisent la matière picturale. Le tout dans le souci de saisir au mieux son public…
Pari tenu pour Isabelle, qui en parallèle, a mené un autre atelier à Longvic appelé « Au fil des Ages » qui rassemble un public extra-large de 6 à 82 ans ! A la question, comment pratiquer avec des personnes âgées ou isolées ou des jeunes enfants majoritairement métissés, Isabelle donne une réponse : faisons ensemble !
Isabelle Briard, dans ses propres créations, a pour habitude travailler à l’aide d’espaces matriciels : des symboles très simples et universels à partir desquels elle élabore comme elle a pu le faire avec le modèle de boîtes de pétris (utilisées en biologie) qui constituent à son sens des motifs intéressants.
Un des projets qui représente le mieux la passion généreuse de l’artiste serait la fresque qu’elle a réalisée dans l’école maternelle Paul Emile Victor à Longvic. Cette création sur un mur de 12 mètres de long sur 7 de large met en scène un décor agreste composé des figurés utilisés en arts graphiques comme le pointillé, les hachures…
Le tout forme un vaste décor pédagogique auquel professeurs et élèves ont pris part pour étudier les gestes primaires utilisés en calligraphie. Eh oui, l’art s’infiltre en toute chose, même dans le fastidieux apprentissage de l’écriture ! Cette fresque florale assortie de feuilles-gaufres (idée apportée par un enfant de l’école) orne toujours le mur de l’école et continue à nourrir l’imaginaire des enfants de Longvic…
V-L. B