Retour sur une gifle

On la croyait cantonnée aux quartiers dits hypocritement « sensibles ». La violence – il s’agit d’elle – s’est définitivement échappée de la rubrique des faits-divers. La voilà « démuselée » et devenue sociétale : le laxisme de la pensée post-moderne, le délitement de notre héritage judéo-chrétien font que l’invasion a gagné tout l’Occident – et donc la France. Période électorale oblige, nous avons souhaité attendre la fin des scrutins départementaux et régionaux pour revenir sur la gifle à l’encontre du Président de la République qui est le symbole de nos Temps sauvages, mettant au jour l’ébranlement de nos institutions ainsi que la barbarie virale de toute une clique de youtubeurs ou d’élus d’extrême-droite comme d’extrême-gauche. Ou bien encore d’un Jean-Luc Mélenchon qui se complaît dans la flatterie de l’islamisme. La violence a bel et bien envahi le débat public, l’univers citoyen ! Chiffre révélateur : l’an 2020 a vu quelque 1100 élus, des maires de grandes villes et de petites communes soit outragés, soit physiquement ou verbalement agressés…

On s’est bandé les yeux depuis plusieurs décennies sans être en mesure de discerner les signes annonciateurs de la Gifle présidentielle de ce mois de juin. Certes, des précédents historiques ont déjà eu lieu dans les moments troublés de l’Histoire de France : ne serait-ce que lors de l’Affaire Dreyfus où Emile Loubet, alors Président de la République, fut victime du même acte humiliant. Il n’en demeure pas moins qu’Emmanuel Macron qui n’a pas porté plainte – c’est de bonne guerre en politique – commet une lourde faute politique en tentant de banaliser ce qu’il nomme un « incident » avant de conclure à « un fait isolé » qu’il attribue à « la bêtise » de son agresseur. Ce qui vaudra à ce dernier d’écoper de 18 mois de prison, dont 4 mois ferme avec incarcération immédiate.

Revenons sur l’acte qui aurait pu être assorti d’une sanction bien plus exemplaire. La Gifle 2021 s’avère être la conséquence d’un dévoiement de la fonction exercée au plus haut sommet de l’Etat depuis trois mandats : Nicolas Sarkozy et son début à l’Elysée bling-bling, François Hollande et ses amours adultérines casquées et motorisées, puis Emmanuel Macron pour ses sketchs avec les deux « youtubeurs » McFly et Carlito, ou pour sa propension à s’exposer avec des groupes musicaux. Groupes dont l’un des chanteurs portait un T-shirt imprimé d’un « Fils d’immigré, noir et pédé ». Rien n’est plus immature, plus grave que cette absence du respect de la distance ainsi que de la hiérarchie chez le Président de la République !

Faire copain-copain – en vue de séduire un électorat jeune et branché – fait tomber la statue du… commandeur. Les deux premières étapes de l’actuel Tour de France « Elysée 2022 » voient Macron « mouiller la chemise », sans panache aucun : banalité des propos dans l’échange avec le public, tutoiement avec plusieurs de ses interlocuteurs ou usage d’un « vous êtes tordu » à l’encontre d’un retraité mécontent de voir fondre ses revenus.

Emmanuel Macron rehausse ou rabaisse la fonction présidentielle au gré de ses caprices – piégé qu’il est par son slogan du « En même temps ». En un mot, il est, à lui seul, une agence de risques. Pour de nombreux observateurs, ce positionnement politique est lourd de conséquences ; il fait d’un Président jupitérien à ses débuts un personnage clivant, suscitant colère verbale, voire de la haine. Le staff de ses conseillers devrait lui faire remarquer qu’il serait urgentissime qu’il se montre à la hauteur de la fonction élyséenne… Hélas, l’affaire est loin d’être entendue. A jouer les passe-murailles avec la démesure coutumière qu’on lui connaît, Emmanuel Macron n’est plus en capacité de se montrer fédérateur, d’endiguer la violence de masse, ni de juguler le phénomène grandissant des agressions menées contre la majeure partie de la population civile. La gifle a depuis toujours une très forte charge symbolique. Gare à l’empreinte qu’elle ne manquera pas de laisser !

Marie-France Poirier