Le Clairon : Un symbole, certes, mais un beau symbole !

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C’est fait. La « liberté garantie » de la femme à recourir à l’interruption volontaire de grossesse a fait son entrée dans la Constitution. Les quelque 900 députés et sénateurs réunis en Congrès à Versailles, lundi 4 mars, ont adopté la réforme à une écrasante majorité. 780 parlementaires ont voté pour quand seulement 72 se sont prononcés contre le projet de loi. Comme un symbole, la loi constitutionnelle a été promulguée par Emmanuel Macron le 8 mars. Soit le jour de la journée internationale des droits des femmes.

En tant que femme d’un certain âge -et d’un âge certain-, je ne peux que me réjouir de l’inscription de l’IVG dans le marbre de notre Constitution. Et je ne peux que me réjouir que la France, mon pays, envoie ainsi un signal très fort au monde entier.

J’entends les arguments de ceux qui ont voté contre ou se sont abstenus, de vieux messieurs pour la plupart, critiquant ici un gadget ou une inutilité législative, là un artifice de communication du Gouvernement pour faire oublier ses difficultés du moment.

C’est vrai qu’en France, depuis la loi Veil de janvier 1975, il faut bien reconnaître que l’IVG n’a jamais été menacée. On pourrait donc légitimement s’interroger sur l’opportunité d’inscrire ce droit dans le texte qui constitue le fondement de notre Ve République.

Mais les récents événements survenus aux États-Unis montrent qu’aucun droit n’est jamais définitivement acquis. Surtout quand il concerne les femmes et surtout quand il est massivement écrit par les hommes. Il a ainsi suffi d’un changement dans la composition de la Cour suprême au pays de l’Oncle Sam pour que le droit à l’avortement, qu’on pensait immuable, soit remis en cause. Cette décision hallucinante de la plus haute juridiction américaine, du 24 juin 2022, a engendré une véritable onde de choc mondiale.

Rien de tel, en France, disent les sceptiques et les conservateurs de tout poil. N’empêche qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Si des aigris, des archaïques, des intégristes ou autres pisse-froid venaient à arriver au pouvoir chez nous – suivez mon regard -, il est préférable d’assurer nos arrières dès à présent. Histoire d’anticiper toute régression sociale. Car modifier une loi est plutôt simple, mais quand il s’agit de changer la Constitution, la procédure se complique. Voilà pourquoi cette révision constitutionnelle est tout sauf anecdotique.

Par ailleurs, si l’on occulte le pur aspect du droit, on ne peut pas escamoter la portée symbolique de la réforme. Le symbole, en politique, c’est hyper important. Ça ne remplit pas les caddies, ça ne règle pas les problèmes liés aux déserts médicaux, à l’insécurité, à la pauvreté ou au dérèglement climatique mais cette décision du Parlement, toute symbolique qu’elle est, « fait » indéniablement République. Elle montre que les élus, de quelque bord qu’ils soient, ont su mettre -temporairement- de côté leurs divergences pour viser l’intérêt général. Gauche, droite, extrêmes, députés et sénateurs ont parlé d’une même voix pour défendre le droit des femmes à disposer de leur corps. Ce qui est assez rare pour être souligné.

Aussi symbolique qu’elle soit, cette réforme est donc historique. Ceux qui l’ont voté s’inscrivent dans l’Histoire. L’Histoire avec un grand H. Les opposants et les abstentionnistes aussi. Mais pas de la même façon.