Le Clairon : On y va tout droit…

Découvrez Le Clairon. L’édito qui secoue l’actualité pour vous tenir informé. Des analyses percutantes pour rester au cœur de l’info.

La prochaine élection présidentielle est prévue pour le printemps 2027. Dans trois ans donc. En politique, autant dire une éternité. Voilà pourquoi il est important de prendre tous les sondages actuels avec des pincettes et les analyser avec d’infinies précautions. Vous imaginez bien qu’à mon âge, j’en ai vu un paquet de présidentiables potentiels se crasher en plein vol avant leur atterrissage certain à l’Élysée. Aussi loin du scrutin, les favoris du jour ne sont quasiment jamais les vainqueurs de demain. Demandez à Jospin, Balladur, Strauss-Kahn ou Fillon, présidents putatifs désignés par les sondeurs mais battus dans les urnes.

Pourtant, un récent sondage a attiré mon attention. Car ses résultats détonnent. Publié dans le Fig Mag du 26 avril, ce sondage donne Marine Le Pen vainqueur de la présidentielle. C’est une première. Jamais aucune enquête n’avait en effet prédit une victoire de l’extrême-droite à l’élection la plus importante de la vie politique française. Quel que soit le candidat de la majorité actuelle, Attal, Philippe, Le Maire ou Darmanin, Marine Le Pen sortirait largement en tête du premier tour et emporterait -petitement- la mise au second.

Alors que l’extrême droite est déjà au pouvoir en Italie ou en Hongrie et qu’elle gagne du terrain partout en Europe, le RN est donc aux portes de l’Élysée en France. Voilà ce que nous dit ce sondage !

Bien sûr, comme je l’ai dit précédemment, la photographie du jour est rarement celle de demain. Surtout quand « demain » est dans trois ans. En plus, Marine Le Pen a des échéances judiciaires tendues en septembre prochain. Avec une menace très claire d’inéligibilité qui plane au-dessus de sa tête. Mais même Marine Le Pen hors-jeu, le RN sortirait gagnant de la présidentielle selon ce même sondage. Car Jordan Bardella a acquis en quelques mois une notoriété incroyable. Candidat de son parti, le jeune président du RN ferait presqu’aussi bien que sa patronne au premier tour. Il l’emporterait face à Attal et serait à touche-touche avec Philippe au second.

Malgré de nombreuses incertitudes, jamais l’extrême droite n’a donc été aussi proche du pouvoir dans l’histoire de la Ve République.

La faute à la gauche incapable de présenter un visage uni. La faute à Mélenchon qui s’est complètement « cornérisé » avec ses outrances. Le vieux ronchon est, paradoxalement, le meilleur candidat de gauche au premier tour mais le pire au second. La faute à la droite dite de « gouvernement » qui se noie dans une stratégie inaudible, en voulant s’afficher dans une opposition dure alors que la plupart des réformes de Macron sont issues du programme des LR. La faute, enfin, à l’actuelle majorité présidentielle qui a clairement échoué. Lien social délité, hausse de la délinquance, finances publiques en berne, résultats économiques en trompe-l’œil, réformes sociales incomprises, crise à l’école, n’en jetez plus. Les échecs du macronisme se multiplient.

Pourquoi les électeurs feraient donc encore confiance à une gauche qui ne préoccupe que de son nombril, à une droite inaudible et à un centre qui s’est trompé sur toute la ligne ? Pourquoi ne tenteraient-ils finalement pas cette extrême droite qui essaie de gommer ses aspérités, cache la poussière sous le tapis et revêt le masque de l’honorabilité ? En 2027, le réveil promet d’être terrible. On y va tout droit…