Le sourire de… François Sauvadet

Avec 28 élus sur 46 sièges, les candidats estampillés de la « Côte-d’Or passionnément » conservent la majorité au sein de l’assemblée départementale. Et François Sauvadet le même nombre d’élus que lors de son précédent mandat. Le même nombre mais pas les mêmes visages…  La Côte-d’Or est restée à droite et au centre pendant que Dijon confirmait un peu plus son ancrage à gauche, enfin nous devrions écrire son ancrage rebsaménien !

Si François Sauvadet avait eu une quelconque inquiétude quant à l’issue du deuxième tour, il ne serait certainement pas allé assister à la fin de la demi-finale victorieuse de la JDA contre Monaco. C’était jeudi 24 juin dans l’un des établissements du président de la Jeanne, Thierry Degorce, place de la République, et les supporters présents ont pu voir le président du Département tout sourire après les exploits des hommes de Laurent Legname. Certes, « le grand » comme ses thuriféraires se plaisent à l’appeler n’avait pas besoin de match retour puisqu’il s’est s’imposé haut la main dès le 20 juin sur son canton de Semur-en-Auxois. Le binôme qu’il forme avec Martine Eap-Dupin avait obtenu 61,14% et avait fait partie des deux seuls – avec Hubert Brigand et Valérie Bouchard à Châtillon-sur-Seine – à être élus dès le 1er tour.
Mais ne doutons pas que, si sa majorité avait été en danger, François Sauvadet aurait arpenté la campagne plutôt que de rester en ville pour encourager les joueurs dijonnais… qui, au demeurant, le méritaient tellement ils ont réussi une saison exceptionnelle.
Et les résultats du 2e tour lui ont donné raison, puisque la droite et le centre dont les maillots étaient floqués de « la Côte-d’Or passionnément » ont conservé le même nombre de sièges que lors du précédent mandat. Autrement dit ils se sont imposés dans 14 des 23 cantons, si bien que François Sauvadet devrait être réélu dans un fauteuil (confortable) par ses pairs président du conseil départemental. Et ce, pour son 3e mandat consécutif… à des années lumières de sa première élection qu’il avait arrachée à une courte voix. C’était en mars 2008… et cela paraît déjà bien loin. Le présent est au statu quo au Département, en terme de chiffres s’entend, parce que ce n’est pas tout à fait le cas au niveau des visages.

Car l’alchimie n’a pas opéré, pour la majorité départementale, sur les cantons de Dijon 4 et de Genlis. Le président de l’association des maires de la Côte-d’Or Ludovic Rochette, associé à Anne Erschens, qui avait 232 voix de retard à l’issue du 1er tour sur le binôme Benoît Bordat-Nuray Akpinar-Istiquam n’a pas réussi à inverser la vapeur. Numéro 3 de la liste « majorité présidentielle » en Côte-d’Or, le maire de Brognon ne siégera in fine ni à la région ni au département. Et la majorité départementale a perdu dans le même temps le canton de Genlis, où la posologie du médecin sortant Vincent Rancourt n’a pas reçu, cette fois-ci, l’aval de ses administrés.

La prise… mais pas de la Bastille

Et selon les principes des vases communicants, les Forces de Progrès social et écologique se sont vu déposséder, quant à elles, des cantons de Talant et Chevigny-Saint-Sauveur. Guillaume Ruet, ancien collaborateur de François Sauvadet et actuel maire de Chevigny, et Viviane Vuillermot ont fait tomber ce bastion socialiste depuis 1976. Et avec pas moins de 54,83%… La victoire mit plus longtemps à se dessiner pour Alain Lamy et Céline Vialet (80 voix) mais, à la fin, la commune de Talant fit la différence, au grand dam de Christine Renaudin-Jacques et de Michel Roignot.

Comme il n’y a pas eu d’autres chamboulements, vous comprendrez aisément que le canton sur lequel tous les projecteurs étaient braqués, à savoir Dijon 1, où le président de la fédération LR de Côte-d’Or, François-Xavier Dugourd, était pour la première fois réellement menacé (par le secrétaire de la section PS de Dijon Antoine Hoareau) a sauvé sa tête. Tout en emmenant une nouvelle – celle de Clémentine Barbier, la petite-fille du célèbre sénateur-maire de Nuits-Saint-Georges – au sein de l’enceinte départementale !

Même si tout Dijon n’était pas couvert de rose (et d’un peu de vert donc) au soir de ce 2e tour, le maire et président de Dijon métropole est sorti renforcé avec désormais 5 des 6 cantons de la capitale régionale dans les rangs de l’opposition départementale. Et de pouvoir se féliciter de la belle victoire (61,54%) de sa première adjointe Nathalie Koenders qui confirmait, par là-même, son solide ancrage à ses côtés. Et il faut reconnaître à François Rebsamen d’avoir vu juste, car, avant même l’élection, il pronostiquait la prise de Dijon 4. Rien à voir avec la Bastille mais la passe d’armes devrait se poursuivre entre les deux François… qui pouvaient tout deux avoir le sourire le 27 juin !

Ne doutons pas non plus qu’ils ne boudaient pas leur plaisir de constater que le Département demeurait une citadelle imprenable pour le Rassemblement national qui, à l’image des élections régionales concomitantes, fut fragilisé par l’abstention.

Une abstention qui a atteint de tristes sommets : 63,8% et 62,95%. Car les deux-tiers des Côte-d’Oriens, et des Français en général, ont persisté et signé deux dimanches de suite… faisant de ces derniers rendez-vous électoraux avant la présidentielle une tragédie démocratique ! Les sourires d’un côté et les larmes de l’autre…

Camille Gablo