Peut-on rester à Dijon, tout en partant ailleurs ? Oui, trois fois oui ! Le musée Magnin relève à la rentrée ces défis de l’aventure, avec deux expositions festives, audacieuses et débridées : « En Selle ! » (du 8 octobre au 10 novembre) et « Auguste Bartholdi en Orient » (du 22 novembre au 16 février 2020). Attention ! La saison automne-hiver démarre au grand galop au 4 rue des Bons Enfants !
Comme grand nombre de représentants du monde animal, le cheval galope dans l’imaginaire collectif de toutes les cultures, dans toutes les légendes de la planète. Mieux ! Il caracole au son et aux paroles des comptines enfantines. Il peuple aussi la mythologie occidentale depuis les Grecs : il s’est hissé au-dessus du règne humain quand il est devenu centaure, et il fut un va-t-en guerre à Troie ! Le musée Magnin lui devait bien une exposition qui, en amont, a nécessité la restauration de certaines œuvres présentes dans les collections. La directrice et conservatrice en chef Sophie Harent s’en explique : « Le cheval est à la fois fort et fragile, élégant et fougueux, familier et légendaire. Il accompagne l’homme depuis la Préhistoire. Autrefois omniprésent sur les champs de bataille, dans les travaux agricoles ou pour les transports, il occupe une place particulière dans notre histoire et notre imaginaire. Aussi n’est-il pas surprenant qu’il ait tant inspiré les artistes et demeure très présent dans les collections, même s’il a peu à peu disparu de notre environnement immédiat ».
L’exposition « En Selle » prouve une fois de plus que le musée Magnin est dans la course ! De salle en salle, on ira ainsi à la découverte des chevaux et de leurs montures à travers une sélection de dessins, de peintures du XVIe à la fin du XIXe siècle – Frans Van der Meulen, Giuseppe Zaïs, Bénigne Gagneraux, Théodore Géricault, Carle Vernet, Guillaume Régamey, ou John Lewis Brown. L’accrochage des différentes œuvres promet des observations très intéressantes pour le visiteur : Vernet peint le cheval pour sa beauté fougueuse, et privilégie son élégance racée. Chez Géricault, il est au cœur d’une sonate intime : il est le messager de ses méditations sur la passion, le travail, la souffrance, ou la mort. Pour de nombreux artistes – ceux de l’école romantique notamment – il se confond avec le destin : cheval et cavalier ne font plus qu’un…
De Suez à Bedloe’s Island
À l’occasion du festival dijonnais Les Nuits d’Orient, le musée Magnin propose un voyage en Égypte et au Yémen en compagnie du sculpteur Frédéric Auguste Bartholdi (1834-1904), à qui l’on doit la célébrissime statue de la Liberté. Sophie Harent nous démontre grâce à un accrochage d’œuvres tout à fait pertinent comment ce voyage – entrepris en 1855-1856 – a été source d’inspiration dans la réalisation de la statue inaugurée en baie de New York sur Bedloe’s Island, 30 ans plus tard : « Il nous a laissé des témoignages, des photographies, des dessins, des peintures et sculptures qui sont autant d’invitation à son périple initiatique, poursuit-elle. Il a découvert la riche civilisation égyptienne dont il photographiait les monuments pour réaliser de nombreux dessins ou croquis. Il travaillera par ailleurs à deux projets – un mausolée et le Phare de Suez – qui n’aboutiront pas. Mais les plans qu’il avait dressés, les esquisses des sculptures qui devaient en orner les différentes façades ont constitué des réminiscences qu’il reprendra dans des œuvres et sculptures bien ultérieures. En un mot, je peux dire que la statue de la Liberté rend un écho au voyage en Egypte ! » Grâce au prêt du musée Bartholdi de Colmar, l’exposition du musée Magnin offrira au public plus de 60 œuvres de l’artiste, notamment une sélection de dessins et de photographies montrant ses centres d’intérêt, de même que l’acuité de son regard.
Marie France Poirier
Un bel été
La programmation estivale s’est traduite par une fréquentation qui rend optimiste Sophie Harent, la directrice et conservatrice en chef du musée. Et la conforte de continuer à participer à la synergie qui englobe d’autres acteurs de la culture ou du patrimoine de Dijon ou de Bourgogne Franche-Comté, notamment dans le prochain lancement du festival des Nuits d’Orient.
Les « Plus » de Magnin
Ces deux expositions sont organisées dans le cadre de « Patrimoines écrits en Bourgogne-Franche-Comté », opération proposée par l’Agence Livre & Lecture Bourgogne-Franche-Comté. L’idée d’installer l’exposition dédiée à Bartholdi s’est imposée à Sophie Harent pour la raison suivante : il fut l’élève du peintre strasbourgeois Ary Scheffer (1795-1858), dont le musée Magnin possède un autoportrait.
Autour de l’exposition Bartholdi
– Conférence « Le cheval dans l’art », Jeudi 17 octobre/18h30 par Sophie Harent, conservateur en chef, directeur du musée Magnin
– « A cheval ! » : dans le cadre de la présentation « En selle ! », le musée vous propose de suivre ses médiatrices à la découverte des chevaux représentés dans les œuvres de la collection, les dimanches 20 octobre et 10 novembre à 15h
Autour de l’exposition Bartholdi
– Visites commentées : « Suivez Auguste Bartholdi en Orient ! » en compagnie de nos médiatrices : mardi 26 novembre/15h, dimanche 8 décembre/11h, et Samedi 18 janvier/15h.
– Visite en musique : De Dijon à Suez, suivons Auguste Bartholdi ! Lucile Champion-Vallot, médiatrice culturelle, Magali Marie, professeur de flûte et Delphine Coulon, professeur de guitare au Conservatoire rayonnement régional de Dijon, vous invitent à partager un moment instructif et musical. Au programme, musique traditionnelle arabo-andalouse et répertoire occidental.
A cheval !
Dimanche 9 février / 11h. Groupes limités à 25 personnes. Réservation recommandée. Tarif : 7,50 € / 5 €
– Ateliers/enfants « Croupes, crinières et sabots » : Ils sont animés par Fanny Lallemant-Paulik, les 22/23 octobre de 10h à 12h.
– Ateliers/adultes : Dessins et Bas-reliefs les 10, 17 octobre et 7 novembre de 14h à 16h30.
– Pour Halloween, atelier le 25 octobre de 10 h à 12h atelier « Monstres, hybrides et dragons » avec la participation de Lucile Champion-Vallot et
Les conférences gourmandes
– Les conférences gourmandes reprendront, quant à elles, en décembre, sous la gouverne éclairée de Jean-Jacques Boutaud pour la partie conférence, et avec la participation de Hubert Anceau pour la partie dégustation, autour de Brillat-Savarin.