The Nice Guys

C’est un film foutrement scandaleux qui baigne dans une atmosphère générale de stupre et de fornication comme aurait dit tonton Georges, et dont un certain nombre de personnages, secondaires mais encore enfants, témoignent envers les choses du sexe d’un intérêt aussi vigoureux que dérangeant.

L’introduction fait déjà très fort. Los Angeles, Californie, 1977 : dans une belle villa accrochée à flanc de côteau, un mioche chevelu, vêtu d’un gentil pyjama à motifs pastel, se glisse nuitamment sous le lit de son père endormi pour y récupérer des revues instructives et illustrées. Désireux sans doute de s’adonner à des exercices préparatoires et à des travaux pratiques en solo, il se dirige vers une pièce discrète lorsque une voiture, qui a fait une sortie de route juste dans le virage au-dessus, traverse dans un fracas d’enfer la maison, le corridor, le jardin avant de s’écraser en contrebas.

Dans la carcasse démantibulée agonise une superbe créature dont le mioche mimi, et nous par la même occasion, voyons bien les jolis seins parmi les tôles déchiquetées, les débris de verre pulvérisé et les filets de sang. Gros plan, bien sûr.

En fait, la victime de ce qui est un meurtre maquillé en accident, ou en suicide, n’est autre que la célèbre star du film « pour adultes », Misty Mountains. Deux détectives privés de haut vol vont être amenés à enquêter. Le premier, Jackson Healy, est une grosse brute, philosophe à ses heures, dont la spécialité est de casser la mâchoire ou l’avant-bras des bellâtres qui séduisent des mineures. Il est incarné par Russel Crowe, bouffi, empâté, génial. L’autre duettiste est un privé tout à fait officiel et muni d’une licence, mais tellement alcoolisé qu’il merdoie lamentablement 90% du temps. Il perd sans cesse son flingue, il se prend les pieds dans son pantalon en sortant d’urgence des chiottes, il macère en costard dans sa baignoire pour se rafraîchir les idées, il tombe d’un balcon en faisant le zouave devant une Pocahontas plutôt dévêtue. Il s’appelle Holland March, est interprété par Ryan Gosling (éblouissant, lui aussi) et a une gamine de treize ans, Holly, mignonne comme un cœur et grossière comme un charretier.

D’ailleurs, Holland essaie d’être un bon père. La minette l’ayant suivi dans une soirée où il doit enquêter, mais qui est donnée par un producteur de films pornos, Sid Chattequeue, on a droit au dialogue suivant où le papa attentionné tente d’apprendre à sa petite diablesse à parler correctement : « -Papa, regarde, il y a des putes, et tout…

– Chérie, combien de fois je te l’ai répété, on ne dit pas « et tout » ; tu dis juste « Papa, il y a des putes ! » Cela étant, la délicieuse enfant n’a pas tout à fait tort de souligner qu’il y a de tout dans cette soirée très particulière puisqu’on y croise un Pornocchio dont le nez bande démesurément, des postérieurs féminins qui servent de table basse, des sirènes dépoitraillées, des nudités aux nichons peinturlurés de fleurs hippies. Peace and Love, mes frères !

Dans un autre épisode, les deux compères cherchent à soutirer quelques renseignements à un gamin qui les prend peut-être pour des producteurs de films « expérimentaux » et leur propose tout de go de leur exhiber sa nature : « Vous voulez voir mon sgueg ? Vu qu’il est super-gros… » Attention, ce n’est pas un petit prostitué exhibitionniste, c’est juste un jeune garçon déterminé à faire une honorable carrière d’acteur spécialisé.

En réalité, le motif du meurtre de Misty Mountains (et de quelques autres par la suite) réside en ceci que certaines starlettes dénudées et pourtant écolos ont tourné un film en théorie pornographique mais qui distille des renseignements accablants sur les pratiques polluantes de l’industrie automobile. Les méchants cherchent à détruire le film. Ils n’y parviendront pas, grâce à nos deux privés… Thriller, parodie de thriller, comédie survoltée, satire acide (comme les pluies), The Nice Guys aligne les cascades démentes, les répliques déjantées, les scènes d’action pyrotechniques sur un rythme endiablé, infernal et jouissif !

Références : The Nice Guys, (on pourrait traduire par Les Types Sympas ou Les Mecs bien), USA, 2016

Réalisateur et scénariste : Shane Black

Edité en DVD chez Europacorp