Chopine Dijon : L’économie fait du strip-poker

 

L’Insee ignorait tout du bistrot de « Chez Gérard » et vice-versa. Du moins, jusqu’à ce que la nouvelle fasse un gros floc dans le café-crème et le blanc-cassis : chez ces gens-là, Monsieur, on picole, on ne se shoote pas…  Du coup, Arnaud l’intello, Les Echos à la main, se met à agiter le journal sous le museau d’Edouard, député Bonobo et président de la commission des Finances à l’Assemblée Nationale des Oasis : « Tu trouves moral d’intégrer dans le PIB les 2,7 milliards que rapporterait chaque année en France l’économie générée par la drogue ? » Edouard, en bon chimpanzé qu’il est, garde toujours un chien de sa chienne pour le genre humain et pour Arnaud en particulier ; il contre-attaque avec humour : « T’as rien vu encore : ce chiffre est  sous-estimé. Tout donne à penser que de nombreux consommateurs n’ont pas eu envie de se confier aux enquêteurs de l’Insee qui les ont contactés !»

Le jardinier écolo du quartier, calculant tout de suite ce que donnerait la culture de cannabis dans les 150 m² de son jardin ouvrier avec l’aide d’un quidam payé en chèque emploi-service : « Et dire que ça représente au moins 21 000 emplois ! » Antoine n’hésite pas à recourir – c’est courant dans la brocante – au travail au black, mais  se plaît à passer pour le vertueux du coin : « Heureusement, que l’Insee a refusé d’intégrer la prostitution, alors que  Eurostat – l ‘Institut européen de statistiques – lui avait demandé de comptabiliser également ce trafic dans le PIB. Histoire d’harmoniser les données fournies par les États membres. En Espagne, ce nouveau système de calcul  a permis au PIB d’augmenter de 3,3%… »

Jean et Bruno, déprimés de voir les Français se détourner de Mélenchon, sont d’autant plus furieux de constater que la justice scrute de très près ses comptes de campagne : « Les magistrats seraient bien plus avisés de fourrer leur nez dans certains sites de rencontres en ligne, qui sont en fait des réseaux de prostitution… »

Edouard, décidément très en forme  – il se plaît à répéter que Hollande se situe dix coudées au-dessus de Macron dans l’échelle d’évaluation de l’humour des bipèdes : « Je me range derrière Gérald Darmanin, pour qui  les aides sociales constituent des « trappes à inactivité ». Moi, j’ajoute qu’elles n’ont ni queue ni tête. C’est pas le cas du tapinage qui ne fléchit pas et doit importer de la main d’œuvre étrangère ! Voilà des pistes pour un vrai retour à l’emploi. Sans jeu de mots, vous verrez que ça évitera d’aller pointer au… chômage ! »

Marie-France Poirier