Alors que la SNCF est en grève depuis le 3 avril, le MEDEF de Côte-d’Or a réalisé une enquête auprès de ses adhérents pour en estimer l’impact. Analyses avec Pierre-Antoine Kern, son président.
C’est un mouvement de grève inédit qu’ont entamé les syndicats de la SNCF. L’intersyndicale CGT-Unsa-Sud-CFDT a en effet lancé, mardi 3 avril, une grève de 48 heures tous les cinq jours pendant trois mois. De quoi déranger les usagers particuliers mais aussi les professionnels, plus ou moins directement impactés. Pour le président du MEDEF de Côte-d’Or, Pierre-Antoine Kern, « c’est une prise d’otage inacceptable. La SNCF est de ces entreprises où les syndicats sont des sortes de corporations qui ignorent le monde dans lequel ils vivent. Il n’y a aucun civisme là-dedans ». Si d’après lui l’impact est réel, « il est difficile à appréhender ».
Lourd impact sur l’hôtellerie–restauration
S’il y a un secteur particulièrement touché par ce mouvement de grève, c’est bien l’hôtellerie – restauration. « On l’observe déjà deux semaines après le début de la grève, l’impact risque d’être très négatif pour la suite, notamment sur l’activité touristique », nous explique Pierre-Antoine Kern. Selon une récente enquête du MEDEF de Côte-d’Or menée auprès de ses adhérents du 9 au 12 avril, un hôtelier évoque notamment une baisse de 25 à 50 % de l’occupation sur le marché « corporate », ce qui équivaut à une perte de 35 000 euros de chiffre d’affaires sur deux semaines. « Plus vous êtes dans des villes de tailles importantes, plus la SNCF sera utilisée et donc plus vous allez être impacté par la grève », constate le président du MEDEF de Côte-d’Or. Selon lui « cette forme de corporatisme » et « cette situation de monopole », rattachées à la SNCF, « viennent lourdement impacter l’image de la France ».
D’autres secteurs plus ou moins impactés
Menée sur un échantillon de 55 chefs d’entreprises de différentes tailles et secteurs d’activités, l’enquête du MEDEF de Côte-d’Or met en lumière d’autres impacts. 30 % de ces entreprises ont été impactées par des absences dues à la grève. Toutefois, ces dernières se sont majoritairement organisées en interne pour apporter des solutions. La solution du covoiturage a d’ailleurs été proposée par le syndicat patronal dans ses communications (voir encadré à ce sujet). Toutefois, 40 % des entreprises sondées ont pointé un impact conséquent sur les déplacements professionnels. Nombreux sont ceux qui ont été repoussés quand d’autres ont privilégié la voiture ou même l’avion. Le préjudice financier a été évalué entre 200 et 10 000 euros. Enfin, concernant la production, les retards de livraison et d’expédition ont eu un impact estimé entre 2 000 et 20 000 euros pour moins d’une entreprise sur trois.
Antonin Tabard