De l’Allemagne à l’Espagne, regards croisés sur notre système scolaire

 

Grâce aux différentes opportunités de mobilités, le lycée Montchapet a reçu les professeurs et élèves d’établissements européens qui les avaient accueillis plus tôt. L’occasion de connaître les points faibles ou forts de notre enseignement. 

Silke Goethe, professeur de français et d’allemand depuis 30 ans à Eschwege, une petite ville au centre du pays, a ainsi bénéficié d’un « séjour professionnel ». Reçue par Olivier Aillaud, professeur d’histoire-géographie en français et en langues étrangères, elle a passé deux semaines à observer les classes dans le lycée dijonnais.

Silke, pourtant connaisseuse de notre pays, a dès son arrivée multiplié les surprises : l’écrit a trop d’importance à son goût et l’oral pas assez, les journées sont trop chargées et les salles de classe pas assez décorées.

En Allemagne, le travail en groupe est en effet privilégié : les enseignants proposent un thème et divers outils pour faire travailler les élèves entre eux, ce qui leur donne plus d’autonomie mais moins de connaissances. Puis les exposés sont présentés à l’oral, une pratique bien plus courante dans ce pays. L’après-midi termine là-bas à 16 heures au maximum mais le plus souvent, les élèves quittent l’établissement à 14 heures. Un emploi du temps allégé qui ne permet pas une variété de disciplines comme en France, la philosophie n’est par exemple pas enseignée dans les lycées outre-Rhin.

Enfin, les salles en Allemagne sont personnalisées par les élèves : peinture, dessins ou affiches illustrant leurs travaux mais aussi plantes vertes occupent les murs et les rebords de fenêtre. « Les élèves ont plus de place dans l’établissement, des chaises et bancs sont disposés un peu partout, ils s’approprient plus facilement les lieux ». Silke trouve en revanche que les professeurs allemands ont une tâche plus dispersée puisqu’en plus des deux matières systématiquement enseignées, ils assurent diverses surveillances pendant la journée ou le soir, ce qui leur accorde cependant un bien meilleur salaire.

 

5 élèves participeront à la « Semaine de l’Europe »

De même qu’Olivier Aillaud avait passé deux semaines l’année dernière dans le collège Anne Frank (de la 6ème à la 2nd) où travaille Silke, il a cette fois organisé le séjour de sa collègue. Car en plus des heures d’observation pendant les cours, le professeur qui reçoit s’emploie à faire découvrir la région. Conférences, visites et expositions ont ainsi fait connaître à l’enseignante la richesse culturelle et historique de Dijon.

Séduit par ce système profitable à tous, le lycée allemand a même invité cinq élèves de Montchapet à venir assister à la « Semaine de l’Europe », organisée dans leur établissement du 14 au 18 mai prochain. Issus des sections européenne allemand, européenne anglais et Bachibac, les élèves participeront donc aux débats donnés en anglais autour de l’Europe, ce qui leur permettra de vivre un moment privilégié avec des lycéens étrangers mais aussi d’améliorer à la fois leur anglais et leur allemand et de s’ouvrir à d’autres manières de penser.

Ce séjour pourrait aussi être un pas vers un futur échange entre les deux établissements à la rentrée prochaine, car Olivier Aillaud souhaite multiplier encore les relations entre pays et pourquoi pas mettre sur pied un système triangulaire entre l’Espagne, l’Allemagne et la France.

 

Echange avec l’Espagne

Lorsqu’à l’été 2016 une proposition d’échange venue d’Espagne arrive sur le bureau de Christophe Morat, proviseur du lycée Montchapet, il sait donc à qui l’adresser et six mois plus tard seulement, Olivier Aillaud organise le premier échange entre Dijon et Mataró, une ville de Catalogne.

Après le retour de Silke vers l’Allemagne, ce sont donc 24 lycéens espagnols qui sont venus pour la deuxième fois assister et participer aux cours et pour eux aussi, les surprises ont été nombreuses. Rut, 17 ans, trouve, par exemple, louables les règles strictes imposées en France, appliquées dans une ambiance cependant détendue. Le niveau d’espagnol de ses correspondants lui a semblé très bon mais, tout comme la professeur allemande, les journées lui paraissent trop longues et rendent plus compliquée la pratique d’activités artistiques ou sportives en dehors du lycée.

Son professeur José Luis, est enseignant en Bachibac en Espagne depuis 20 ans et a été très surpris d’entendre les « monsieur » ou « madame » ainsi que le vouvoiement à l’égard des professeurs car chez eux, les élèves les appellent par leur prénom et les tutoient. Une caractéristique des établissements français qu’il juge « à l’ancienne ».

José Luis a admiré les installations tels que la cantine et surtout le CDI, bien plus moderne et complet que chez eux. Tout comme eux les avaient accueillis en octobre dernier, les 24 jeunes espagnols étaient reçus par une ou un correspondant français, et Ismael a donc passé la semaine en compagnie de Valentine. Les deux lycéens trouvent très efficace l’accueil chez les uns et les autres car les élèves passent constamment d’une langue à l’autre, pendant une semaine complète et pas seulement pour quelques heures. L’oreille, l’accent ou la fluidité sont nettement améliorés, sans compter l’apport culturel des nombreuses visites.

Caroline Cauwe