En décembre 2021, la Ville de Dijon adoptait un plan d’envergure intitulé « Ambition éducative 2030 » doté de 75 M€. Son objectif : adapter le patrimoine scolaire au changement climatique et favoriser la réussite éducative de tous les élèves. A l’occasion de cette rentrée, où 9 500 jeunes Dijonnais ont rejoint les bancs de l’école, l’adjoint à l’éducation, à la restauration scolaire bio et locale, Franck Lehenoff, détaille l’avancement de ce plan. Tout en insistant sur l’innovation… et l’apaisement.
Votre Plan « Ambition éducative 2030 » continue de battre son plein…
« Nous avons multiplié par entre 4 et 5 le budget alloué chaque année à la rénovation des groupes scolaires. Nous sommes aujourd’hui entre 8 et 10 M€ par an. Notre objectif est d’avoir un patrimoine scolaire exemplaire à l’horizon 2030, notamment en matière de rénovation thermique des bâtiments, pour favoriser les conditions d’apprentissage. Nous expérimentons aussi des brasseurs d’air parce que certaines classes, même dans des bâtiments rénovés, sont exposées plein sud et, dans des périodes de forte canicule, il peut encore faire chaud. C’est important pour les enfants comme pour toutes les équipes ».
Où en êtes-vous de la suppression des préfabriqués pour laquelle vous avez programmé quelque 36,7 M€ de budget ?
« Dans le cadre de ce plan, nous avons déjà supprimé les préfabriqués à l’école Marmuzots. Il n’y a plus de préfabriqué non plus à Joséphine-Baker et les travaux vont débuter prochainement. Nous sommes également en train de terminer sur Larrey-Colombière afin de reconfigurer le bâtiment. Nous débuterons des études sur Voltaire. Il ne restera plus qu’Eiffel. Les travaux ont été effectués après le classement portant sur les déperditions énergétiques. Nous nous sommes consacrés en priorité sur les bâtiments les plus énergivores. Cela prend un peu de temps car nous avons fait le choix de consulter les équipes pédagogiques et les familles. Et c’est fondamental. Nous allons même plus loin car nous ne sommes pas juste sur le bâti scolaire, nous travaillons aussi la question des abords des écoles, essentiels également pour les familles ».
La désimperméabilisation des cours d’école se poursuit-elle ?
« Nous avons déjà 5 groupes scolaires qui ont bénéficié de cette désimperméabilisation. Là aussi, la méthode est capitale : nous avons la consultation au cœur, puisque nous organisons des ateliers de travail avec les enfants, les équipes pédagogiques, les équipes éducatives et les paysagistes. Une cour d’école, ce sont 5 ateliers et une année et demie de travail. Les résultats sont très probants et tous nous disent que cela a aussi vraiment apaisé le climat scolaire. Nous continuons sur cette lancée… Les équipes apprécient comment cela a été fait : la consultation et le travail de proximité. Le pourquoi est évident, nous partageons tous le même constat ».
La sensibilisation des enfants à une restauration de qualité est-elle encore au programme cette année ?
« Notre idée est toujours de passer d’un enfant consommateur dans un restaurant scolaire à un enfant portant une culture de l’alimentation territoriale. Nous travaillons dans le cadre du projet Chouettes Cantines avec des équipes qui proposent de nombreux outils pour que les enfants s’approprient les différents produits venant de la Légumerie, des producteurs locaux… Ceux-ci connaissent désormais ce qu’ils vont consommer, l’impact carbone de ce qu’il y a dans leurs assiettes… »
Afin d’expérimenter la réalité augmentée au service de la pédagogie scolaire, vous faites appel à une start-up dijonnaise…
« Oui, celle-ci s’appelle Foxar. C’est une start-up dijonnaise créée par 3 jeunes dynamiques, innovants et ultra-compétents qui proposent des outils pour que les notions abstraites deviennent concrètes. C’est à dire que les enseignants peuvent disposer de moyens pour illustrer ce que représentent les notions qu’ils dispensent, grâce aux dalles numériques et aux Chromebooks.
Qu’est-ce que signifie un m3 par exemple ? C’est particulièrement intéressant. Et ceci est possible car nous avons commencé par remplacer les vidéo-projecteurs dans les salles de classe par des dalles tactiles afin de favoriser l’interaction. Le maire de Dijon, François Rebsamen, a souhaité un développement plus rapide des dalles numériques : chaque classe élémentaire en est dotée. Et, là aussi, tout cela a été travaillé en collaboration avec les équipes pédagogiques et il y a un vrai engouement sur ces nouveaux outils. Si bien que nous avons aussi décidé de doter chaque école maternelle d’une dalle numérique sur cette année scolaire. Au total, 450 dalles auront été déployées sur Dijon à la fin 2025 ».
Quelle autre expérimentation vous tient-elle particulièrement à cœur ?
« Dans le cadre d’une expérimentation sur les compétences psycho-sociales, nous menons un travail sur le volet émotionnel et sur celui de la sensibilité. Nous avons, par exemple, expérimenté avec la Mutualité française des ateliers de développement de compétences psychosociales. Aujourd’hui, partager avec les enfants le sensible, cela permet de travailler l’empathie, la socialisation des filles et des garçons… Ce travail permet également d’apaiser le contexte. Nous le travaillons que ce soit sur les temps scolaires ou périscolaires, ce qui permet des retours en classe également apaisés. Nous œuvrons dans la continuité. C’est pour moi la clef du vivre ensemble ! »
Propos recueillis par Xavier Grizot
Photo : Emma Benyamine